Le déboisement au centre des préoccupations de citoyens louperivois
Les opérations de déboisement effectuées dans le parc Cartier de Rivière-du-Loup en vue de la construction de la nouvelle école primaire ou d’un nouvel ensemble résidentiel créent de la colère et de l’inquiétude chez plusieurs résidents du secteur. Ils interpellent les élus afin qu’ils durcissent la réglementation en vigueur et qu’ils fassent preuve de plus de leadership dans la préservation des boisés urbains.
Présents lors de la séance du conseil municipal du lundi 9 mai, cinq résidents de Rivière-du-Loup ont profité de la période de questions pour interroger les élus sur la possibilité de légiférer les coupes d’arbres massives, sur l’imputabilité des promoteurs privés et sur les ambitions de reboisement municipales. Ils ont aussi soulevé des interrogations en lien avec la nouvelle Politique de l’arbre.
Pour certains d’entre eux, il s’agissait d’une énième intervention en ce sens à Rivière-du-Loup. C’est notamment le cas de Jean-François Vallée et Pascale Gaudette, deux personnes habitant le parc Cartier, qui ont abordé cette question plus d’une fois à l’écrit ou en personne, en séance du conseil municipal ou encore lors de la soirée d’informations sur le Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour le centre-ville.
«Le déboisement s’effectue tellement vite que je n’aurai bientôt plus rien à défendre», a lancé Jean-François Vallée sans cacher une dose d’ironie en début d’intervention. «Je réalise que je dois me résoudre à faire mon deuil pour les boisés situés à l’intérieur du périmètre d’urbanisation de la Ville…»
Le Louperivois d’adoption rêve de la mise en place de corridors fauniques permettant aux animaux de se déplacer entre les zones boisées, mais regrette que celles-ci soient désormais une rareté à l’exception du parc des Chutes. «Je suis aussi étonné que le nombre d’arbres coupés dans les projets de développement ne soit pas répertorié, ce qui est nécessaire pour prévoir un reboisement adéquat», a-t-il aussi mentionné, demandant aux élus de faire l’inventaire des boisés urbains restants et de consulter la population.
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Pascale Gaudette, qui avait également dénoncé la déforestation d’un secteur près de la rue Agnès-Giguère pour permettre un autre développement immobilier en 2016, a de son côté questionné les élus sur leur volonté d’innover et de légiférer afin qu’urbanisation soit synonyme de conservation plutôt que de destruction et déforestation.
Elle a également demandé si la refonte du plan d’urbanisme de Rivière-du-Loup allait inclure des dispositions privilégiant le développement durable et la protection de l’environnement à travers le développement urbain. Elle a donné en exemple la construction de la nouvelle école qui, au lieu d’être bordée d’arbres, se retrouvera sur un terrain dénudé.
«Il faut 23 petits arbres pour remplacer un seul arbre mature pour l’absorption du gaz carbonique», a-t-elle rappelé, sans cacher son désarroi.
Concernant la Politique de l’arbre, elle a salué son adoption, mais a déploré que celle-ci ne semble concerner que les citoyens et non les promoteurs, relevant plusieurs questionnements sur l’applicabilité et la pertinence de certains articles.
«Il y aurait vraiment lieu de s’asseoir avec les promoteurs. C’est sûr que ce serait plus compliqué pour ceux-ci, mais je pense qu’il faut faire en sorte que des ilots de verdure soient conservés dans les projets pour permettre aux futurs propriétaires de garder des arbres sur leur terrain», a-t-elle maintenu.
La séance s’est conclue avec le témoignage d’un citoyen et d’une citoyenne attristés et inquiets devant la coupe d’arbres matures. «On se rend compte que les promoteurs sont rois à Rivière-du-Loup. Ils sont chez eux sur leurs terrains, mais c’est aussi un peu chez nous […] Il faut légiférer pour conserver le vivant, notre environnement», a soutenu le premier, Benoit Ouellet.
«La forêt qui était derrière chez moi, c’était un coin détente, un coin nature pour mes enfants. On y retrouvait des animaux et une biodiversité, mais il ne reste plus rien. Je suis déçue de constater comment tout cela a été géré», a partagé la seconde.
LA VILLE À L’ÉCOUTE
En séance, le maire Mario Bastille a répété mainte fois la volonté de la Ville d’en faire davantage. «On peut toujours faire mieux. On se rend compte que peut-être qu’à l’époque, la façon dont se montaient les projets, que le déboisement pouvait se faire… il y avait une culture en place. Il faut maintenant regarder pour voir comment faire autrement. Avec la refonte du plan d’urbanisme, on veut aussi faire un guide des promoteurs. On veut vraiment apporter une attention particulière à tout ça […] On veut faire mieux, sensibiliser nos promoteurs. Ce qu’on entend, c’est qu’il y a une préoccupation de nos citoyens et il faut en tenir compte», a-t-il ensuite dit lors du point de presse.
Le directeur général Denis Lagacé a lui aussi soutenu que des rencontres seront organisées afin de développer un guide et des outils adressés au promoteur. Il a ajouté que la refonte du plan d’urbanisme allait inclure des réflexions sur le développement durable et que des consultations citoyennes seront tenues.
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