Protection des boisés urbains : «Il faut éviter les erreurs du passé»
Protéger les boisés urbains et leur accorder une place de choix dans la réflexion entourant les projets de développement doit devenir une priorité importante du conseil municipal louperivois, estime le citoyen Jean-François Vallée. Il croit d’ailleurs que la Politique de l’arbre, adoptée cet automne à Rivière-du-Loup, est un pas dans la bonne direction, mais que les nouveaux élus doivent faire preuve d’encore plus de leadership dans ce dossier.
M. Vallée s’est présenté à la séance du conseil municipal de la Ville de Rivière-du-Loup, le 13 décembre. Préparé, il a fait une intervention et posé des questions, souhaitant surtout conscientiser les nouveaux élus sur la responsabilité qu’ils ont vis-à-vis la protection des arbres et boisés du territoire. Pour que «développement» ne rime plus avec «déboisement», dit-il.
«Les problèmes se posent dans toutes les grandes villes. Partout, les boisés sont en recul. Et il faut se questionner. Si les gens veulent aller marcher, accéder à un endroit boisé à Rivière-du-Loup, est-ce qu'on veut qu’ils n’aient qu'un seul endroit comme le parc des Chutes? Est-ce qu’il faut tout mettre les œufs dans un seul parc boisé par ville?», se demande-t-il.
Louperivois d’adoption, Jean-François Vallée avait réalisé le même exercice au conseil de ville de La Pocatière, où il habite également, en novembre. Enseignant, il s’intéresse à la protection des «beautés» du Kamouraska, mais dit avoir été frappé, ces dernières années, par certaines directions empruntées à Rivière-du-Loup.
Selon lui, plusieurs projets d’infrastructures réalisés – ou en voie de l’être –, ont fait passer l’environnement et les arbres au second rang. Il dit être préoccupé quand il constate, par exemple, la disparition de plusieurs arbres dans le cadre de la construction du CHSLD de Chauffailles, où on retrouve maintenant quelques «épinettes ébranchées» et quelques jeunes arbres, ou encore l’agrandissement de la résidence des Bâtisseurs, qui a créé «une nouvelle trouée majeure dans le corridor boisé donnant sur la baie.»
Plus largement, il s’inquiète de constater qu’il est difficile, à l’extérieur du parc des Chutes, de vivre l’expérience de marcher à travers les arbres à Rivière-du-Loup. Il regrette aussi que la forêt et sa canopée, «principal obstacle à la vue», aient souvent payé le prix, alors que la ville compte pourtant sur une topographie en paliers avantageuse et des «belvédères naturels» qu’il faudrait protéger à tout prix. «Au lieu de profiter des paliers et d’aménager des sentiers ou des espaces boisés le long de chaque falaise, on morcelle [la forêt] et chaque morceau finit par disparaître peu à peu.»
Le citoyen soutient qu’il faut privilégier les engagements préventifs plutôt que réactifs afin de sauvegarder les ilots de fraicheur des villes. «Il faut garder des morceaux de campagne, de bois, en pleine ville. Oui, il est trop tard pour certains secteurs, mais il est minuit moins une pour d’autres, dit-il, précisant être inquiet pour l’avenir du boisé du Ruisseau, une forêt du quartier Saint-François bien visible derrière le magasin Wal-Mart et l'hôtel Universel, au sud. L’idée, c’est d’éviter de continuer les erreurs du passé.»
UNE POLITIQUE ET DE LA VOLONTÉ
Le 5 octobre, à la suite d’une démarche de consultation citoyenne, les élus du précédent conseil de la Ville de Rivière-du-Loup ont adopté une Politique de l’arbre qui «entend favoriser en quatre axes d’interventions la présence d’un couvert forestier diversifié et vigoureux sur le territoire.»
Ceux-ci visent notamment «à protéger, augmenter et faire prospérer la forêt urbaine dans le but d’adopter des moyens nécessaires pour augmenter la canopée et sa santé», ainsi qu’à «sensibiliser et éduquer à l’importance de l’arbre en milieu urbain afin de développer une culture de l’arbre auprès de la population.»
Le document détaille aussi sous forme de tableaux et de listes les avantages environnementaux, sociaux, économiques et esthétiques de la préservation des arbres et de la canopée. La Politique reconnaît également que «la canopée est en diminution progressive sur le territoire» et que «certains quartiers ou secteurs sont plus dénués d’arbres que d’autres, ce qui entretient des inégalités sociales et sanitaires».
Selon les données publiées dans le document, 1 564 arbres ont été plantés sur le territoire louperivois entre 2011 et 2020. La Ville de Rivière-du-Loup a toutefois autorisé l’abattage de 5 203 arbres pour une perte totale de 3 639. Notons que près de 500 demandes de permis de coupe ont été refusées sur cette période, ce qui a sauvé un peu moins de 1000 arbres, estime-t-on.
Jean-François Vallée croit que la Politique «constitue une avancée réelle dans la gestion et la protection des arbres et des boisés de la ville». «J'ai confiance là-dedans, c'est vraiment un pas en avant. On voit apparaitre des mots qui n’étaient pas présents avant. L’idée de corridor de verdure, celle d’arrêter de penser l’environnement en ilots séparés…», partage-t-il. «J’aurais quand même préféré qu’on parle d’une Politique de l’arbre et des boisés, parce que ce sont les forêts et les boisés qu’il faut préserver et il y a encore beaucoup de travail à faire.»
Questionné sur l’intervention de M. Vallée, le 13 décembre, le maire Mario Bastille a assuré qu’il y a toujours eu ces dernières années une préoccupation envers la protection des arbres à Rivière-du-Loup, mais qu’une attention particulière sera portée à l’avenir. Ses propos ont précédemment été appuyés par le directeur général, Denis Lagacé, qui a témoigné de la bonne volonté des élus sur la question auprès de M. Vallée.
Soulignons que les élus comptent investir plus de 760 000 $ - soit plus de 250 000 $ par an - ans les parcs et espaces verts d’ici 2024, selon le plus récent Programme triennal d’immobilisations. Preuve, s’il en est, de cette bonne foi et d’un pas de plus dans la bonne direction.
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