TransCanada renonce à construire un terminal pétrolier à Cacouna. C’était le secret le moins bien gardé du Québec. Pour une deuxième fois, la pétrolière albertaine est débarquée à Cacouna avec ses gros sabots pour finalement repartir la queue entre les jambes, laissant derrière elle, une fois encore, une population divisée.
Un beau saccage. Un fiasco aussi. Ce port de mer cacounois semble incapable de prendre son envol, de s’émanciper, de se développer. Moins de 30 navires y ont accosté en 2014. La faute aux bélugas? Je ne crois pas, non.
©François Drouin, infodimanche.com
En entrevue à Bonjour Grand-Portage avec Daniel St-Pierre, la mairesse de Cacouna Ghislaine Daris s’est montrée amère et a défendu le projet de terminal. Dans sa rhétorique, deux arguments ont attiré mon attention : la population de bélugas est en constante diminution depuis 10 ans et les Cacounois sont fiers de leur port de mer. Un peu léger vous ne trouvez pas?
Cachez ce jupon aux couleurs de TransCanada que je ne saurais voir, Madame la mairesse. Votre demande à l'Albertaine de financer un projet de recherche est de la poudre aux yeux, de la poudre de perlimpinpin qu’on lance à la populace. Une population qui s’est trouvée divisée et coincée entre deux joueurs, environnementalistes et les pro-développement, dont la plupart sont venus d'ailleurs.
Qu'en est-il du trop peu d’emplois permanents créés dans votre beau village? Les risques évidents de pollution, de contamination, la destruction de votre propre environnement? Si je comprends votre logique, les bélugas sont condamnés, alors voilà une bonne raison d’enfoncer l’accélérateur?
Les bélugas sont là, incontournables. Leur présence doit être au cœur de vos préoccupations, non de vos reproches. Vous n'avez pas le choix, que ça vous plaise ou non. Le port de mer peut-il se développer avec la présence d’une espèce en péril? Si la réponse est oui, voilà une ligne directrice inhérente à tout futur projet.
D'ici là, pourquoi ne pas exploiter cette ressource unique, ces bélugas, plutôt que les voir comme un empêcheur de tourner en rond? Mettez-les de l’avant! Exploitez leur présence comme Percé le fait avec les Fous de Bassan!
Les jobs? Ne voir que les emplois liés à la construction du terminal revient à se soucier de la propreté de son pare-brise alors qu’on fonce droit sur un poids lourd.
Il est temps que l'on se positionne sur l'avenir de ce port, sur sa viabilité, sur son avenir. Mettre en place une table ronde, où les acteurs socio-économiques pourront se prononcer en tenant compte des facteurs incontournables comme la présence d'une pouponnière de bélugas. Une table ronde ouverte et non en autarcie où seulement quelques amis et partenaires viendront se réconforter entre eux. Une table où les idées vont se bousculer, s'affronter, mais avec un but commun : se développer sans se détruire. Il y a trop de talent, trop de gens compétents dans la région pour ne pas y arriver. Mais la solution du vase clos vient de NOUS péter à la gueule pour une deuxième fois en moins de 10 ans.
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De leur côté, beaucoup d’environnementalistes poursuivront le combat, mais ailleurs. Cacouna est sauvée, mais c'était un combat qui allait bien au-delà de Cacouna. Les bélugas n’étaient qu’un prétexte, la bataille se nomme « pétrole ». Rencontrés du haut de la montagne à Cacouna, les jumelles sur le nez, pointées vers la barge de Groupe Océan, on me l’avouait candidement : « Merci les bélugas, mais c’est contre le pétrole qu’on se bat. »
Vous me trouverez naïf, mais celle-là, j’avais eu du mal à l’encaisser. Que l’on débatte sur les énergies alternatives, soit, mais qu’on me dise un peu se « foutre » de notre baleine blanche, ça ne passe pas. Les environnementalistes ont été efficaces car l’autre partie a manqué le bateau. TransCanada a complètement raté son plan de communication. Encore.
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Quelqu’un a le numéro de téléphone d’Angelo Marcotte? La cale sèche, ça ne vous dirait pas? Parait même que les bélugas sont pour! À Cacouna, on a laissé cette fiancée sur l’accotement pour la belle princesse pétrolière. Une princesse qui, comme me l’avait illustré un courtier immobilier au sujet d’une maison qu’il me déconseillait d’acheter, s’est avérée être « une putain bien maquillée ». On pourrait peut-être pu se piler sur l’orgueil et rappeler la fiancée, non? Un projet avec des emplois permanents, avec un impact environnemental réduit, ça existait avant le terminal pétrolier.
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J’aime bien que l’on se questionne sur les énergies alternatives, individuellement et collectivement. Mais avec le bas prix du brut et les sanctions à l’endroit de l’Iran qui pourraient être levées faisant sans doute chuter le prix encore un peu plus de cet or noir, la demande n’est pas près de cesser. Il faut être lucide.
Tiens, à Montréal, on veut bannir dès l’an prochain les vieux foyers et poêles de chauffage au bois. Selon Environnement Canada, ils représentent 39 % des particules fines dans l’île contre 45 % pour le transport et 13 % pour l’industrie. À quand une manif « anti vieux poêle » ?