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De la moutarde, des compotes et une heure de temps de jeu

durée 15 mai 2025 | 06h57
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    «À un moment durant la nuit, j’avais les semelles tellement détrempées que j’avais l’impression d’avoir nagé avec mes patins. Mais je n’osais pas les enlever, de peur de me pas pouvoir les remettre.»

    Le Louperivois Tristan Pomerleau n’oubliera pas de sitôt le match de fou qui a opposé ses 3L de Rivière-du-Loup aux Éperviers de Sorel-Tracy dans la nuit du 10 mai. Un match de série intense, disputé devant les siens, mais qui a pris une tournure pour le moins spéciale quand la prolongation s’est étirée sur plus de 100 minutes de jeu. 

    À plusieurs égards, cette rencontre en a été une de premières pour les joueurs et le personnel d’entraineurs. Malgré des carrières de quelques décennies dans le sport, aucun d’entre eux n’avait déjà joué un match de neuf périodes. Pas surprenant puisque la partie a été l’une des plus longues de l’histoire du sport en Amérique du Nord. 

    Pomerleau, lui, n’avait jamais passé plus d’une heure sur la glace dans un match, mais c’est maintenant chose faite. 63 minutes de jeu. C’est le temps de glace estimé par l’organisation louperivoise pour le défenseur numéro 1 de l’équipe. Un sommet chez les 3L et du «jamais vu» pour l’athlète qui joue au hockey depuis un jeune âge et qui a toujours eu d’importantes responsabilités.  

    «Même pas proche! C’est de loin le match le plus long, de loin», a reconnu Pomerleau en riant, le 14 mai. Dans un match de 60 minutes, il estime son temps de jeu à 28 ou 30 minutes. «Cette fois, ce rythme-là était insoutenable. En prolongation, on ne pouvait pas se surtaxer. On aurait flanché. Le banc roulait, c’était des présences courtes», a-t-il raconté. 

    Un commentaire partagé par son partenaire et ami Félix Boivin. Ce dernier a lui aussi joué plus de 60 minutes. «C’est beaucoup de temps de jeu», a convenu celui qui a évolué quatre saisons complètes dans la LHJMQ et trois autres dans le circuit universitaire.

    «Les présences sont courtes et les mises en échec sont moins percutantes. Tu gardes les choses hyper simples. Avec Tristan, on faisait notre sortie de zone, on effectuait notre passe et on retraitait au banc. On était complètement brulés.»

    Quelques jours après la dure défaite encaissée lors du sixième affrontement de cette série finale dans la LNAH, les deux athlètes ne cachent pas que le match a été «difficile», autant physiquement que mentalement. C’est après les premières périodes de prolongation que le poids de la charge physique et mentale a commencé à se faire ressentir. 

    «On essayait de se trouver de petits trucs entre les périodes. On s’hydratait, on mangeait des compotes. On était même rendus aux sachets de moutarde parce qu’on avait des crampes. C’était quelque chose…», a détaillé Pomerleau.  

    «Les gars se couchaient par terre, s’allongeaient les jambes au mur, se faisaient masser», a renchéri Boivin. «Quand tu joues une sixième, une septième ou même une huitième période, c’est vraiment un territoire inconnu. Le diner de la veille était très loin. Les bananes, le Gatorade, la moutarde ou le jus de pickles, ce n’était plus suffisant.»

    Au cœur de la nuit, les deux joueurs se sont même demandé si le but gagnant allait vraiment arriver, désillusionnés. «J’ai regardé Tristan sur le banc et on s’est dit qu’on allait jouer toute la journée, c’était complètement fou», s’est remémoré Félix. 

    À titre comparatif, le défenseur Seth Jones possède le record avec 65 minutes de temps de jeu dans un match des séries de la LNH. Une statistique impressionnante, mais qui doit être mise en perspective. Jones il est un athlète professionnel qui compte sur des dizaines de spécialistes autour de lui. 

    «Dans la LNH, les gars sont en hyper forme, ils s’entrainent tous les jours. C’est donc rare que ça s’éternise parce que le niveau de jeu demeure très élevé. Nous, les gars travaillent durant la semaine. On a commencé à manquer de gaz», a rappelé Tristan Pomerleau. 

    «Nous nous sommes levés à 7 h le vendredi. On a travaillé dans l’avant-midi et on a pris la route pour Rivière-du-Loup. Ce sont des réalités complètement différentes», a ajouté Félix.  

    Malgré la douleur et la fatigue, les joueurs ont pourtant réussi à garder le moral. «On se racontait des blagues. On essayait de détendre l’atmosphère», a dit Pomerleau qui ne cache pas que Félix est le coéquipier qui met de la vie dans le vestiaire. 

    «J’ai toujours été un leader positif, j’aime détendre l’atmosphère, mais je dois avouer qu’à deux heures du matin, on ne savait plus quoi dire et c’était silence dans la chambre […] À ce moment-là, chaque joueur créait sa propre motivation», a soutenu ce dernier. 

    Une fois le marathon terminé, Tristan et Félix ont quitté l’aréna alors que le soleil se levait. Une première, ça aussi. À son arrivée à la maison, Pomerleau a mangé une bouchée, puis il s’est couché, chanceux de n’être qu’à quelques minutes de son lit. Ses fils, eux, s’apprêtaient à se lever pour déjeuner. L’invraisemblance. 

    Félix a préféré faire la route vers Québec, même si une chambre était disponible pour lui à Rivière-du-Loup. «Quand tu roules sur l’autoroute et que le soleil te frappe dans le visage, moins de deux heures après la fin du match, tu réalises que tu as joué longtemps…», a blagué Boivin. 

    Voilà un match qui restera dans les mémoires des joueurs, des membres de l’organisation et des partisans. Un jour, le résultat n’aura plus d’importance, il sera secondaire. Il ne restera que les souvenirs de joueurs aussi courageux que dévoués. 
     

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