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Les rencontres humaines avant tout 

durée 18 avril 2022 | 06h02
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Quand le Louperivois Yvan L’Heureux a fait le voyage au Maroc afin de participer au légendaire Marathon des sables, au début du mois, il ne cachait pas y aller pour performer et «courser» jusqu’à la ligne d’arrivée. C’était l’objectif initial et c’était vrai jusqu’au départ où il en a finalement décidé autrement.

    Au-delà de la performance sportive et des temps à atteindre, l’instigateur du Défi Everest a fait le choix de rester fidèle à lui-même en priorisant les rencontres, les échanges et le contact humain. Une décision qu’il ne regrette en rien, puisque c’est certainement l’une des choses que l’événement a de mieux à offrir, estime-t-il aujourd’hui. 

    «Je ne l’ai pas vécu comme un dépassement sportif en fin de compte. J’ai décidé de me coller à une personne qui est devenue un grand ami, Franck Laigle. On a commencé ensemble au jour 1 et on a terminé tous les deux au jour 6», a raconté le coureur, une fois revenu au pays. 

    «Franck, un Français qui habite maintenant au Québec, avait de l’expérience dans les courses de désert. Il savait lire le sable, identifier les endroits où on pouvait mettre les pieds sans caler et risquer de se blesser. On a vécu l’aventure au même rythme, parfois sans même avoir à se parler et c’était fantastique, super enrichissant. C’est un gars paisible avec de belles valeurs et on a connecté à 100 %.»

    Après avoir affronté des chaleurs extrêmes, à travers les dunes et les déserts de roches, Yvan L’Heureux a complété le parcours de 250 km, sur six jours, en 40 heures et 20 minutes. Une performance plus que respectable qui le place au 285e rang du classement cumulatif de plus de 630 hommes et au 108e rang dans sa catégorie d’âge (40-49 ans). 

    L’athlète, qui s’est entrainé comme un fou pour cette course depuis janvier, comptait sur une forme physique exemplaire qui lui aurait sans doute permis de faire davantage, de courir plus vite et plus longtemps. Mais le résultat n’en valait pas la chandelle, a-t-il vite réalisé. 

    De cette aventure, il retient les paysages exceptionnels du désert, la pureté et l’éternité des dunes, mais aussi certains «moments de grâce» comme cette fois où des gouttes de pluie ont laissé place à des arcs-en-ciel en plein Sahara, ou encore lorsque Franck et lui ont aperçu «un gecko albinos» faire son bout de chemin à travers les rafales de 100 km/h d’une tempête de sable. 

    C’est sans parler de ces petites rencontres fortuites avec des oasis et des petites bestioles qui rappelaient, à leur manière, que la vie n’est pas complètement écartée d’un endroit qui semble mort à première vue.   

    «Aujourd’hui, ce qui me reste de tout ça, ce sont les souvenirs d’un endroit d’une beauté époustouflante et les moments de partage avec les autres participants. Après une journée de course, on passait beaucoup de temps sous la tente à discuter. J’ai traité plusieurs personnes aussi. Si j’avais visé une performance, je n’aurais pas eu la chance de passer du temps avec ces personnes qui sont devenues des ami(es). J’aurais mangé, je me serais couché pour me reposer et ce se serait limité à ça», a souligné Yvan L’Heureux. 

    «Les rencontres et les discussions ont vraiment été au cœur de mon expérience de course. J’y allais pour faire une performance, mais finalement, j’ai eu des contacts humains avec des gens extraordinaires et je n’ai aucun regret.»

    AZIZ YACHOU 

    Parmi les rencontres marquantes, il y a celle avec Aziz Yachou, un athlète marocain, nomade, qui a terminé sur la 3e marche du podium de cette folle aventure, après avoir mené le peloton de tête pendant quelques jours. 

    Yvan L’Heureux raconte l’avoir rencontré par hasard la veille du départ. Ils ont mangé ensemble avec d’autres Canadiens et il lui a proposé de le soigner s’il en sentait le besoin au courant de la semaine. C’était le début d’une improbable amitié. 

    «Finalement, il est venu me voir tous les soirs et je l’ai traité une trentaine de minutes chaque fois. Il a appris le français et l’anglais grâce aux touristes et on a réussi à communiquer. Il a toujours été très humble et d’une gentille incroyable», a partagé le Louperivois.

    À la fin de la semaine, l’homme n’a d’ailleurs pas manqué de souligner l’aide de «son ami canadien» à quiconque souhaitait le féliciter. «Il a fait une publication sur les réseaux sociaux et il m’a envoyé un message personnel. Il m’a remercié de l’avoir aidé à performer et à terminer la course. Je suis très reconnaissant de cette rencontre.»

    L’objectif initial d’Yvan L’Heureux était de terminer parmi les 100 premiers au Marathon des Sables. Un exploit qu’il aurait pu atteindre en vivant l’aventure de façon individuelle, d’un bout à l’autre. Après six jours de course, il a terminé un peu plus loin, mais le résultat n’avait plus d’importance, puisqu’il était entouré de nouveaux amis. 

    Une aventure n'attend pas l'autre pour Yvan L'Heureux. De retour, il pense maintenant à son prochain défi : une course d’endurance de 320 km, en Arizona, aux États-Unis, en juin. 

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    «Une machine médiatique incroyable» 

    Le Marathon des sables a surpris Yvan L’Heureux a plusieurs niveaux. L’événement se distingue par la beauté du désert et par les rencontres qu’il crée, mais aussi par son organisation et l’attention médiatique qu’il reçoit. 

    Diffusée dans plus de 200 pays, la course accueille annuellement près de 1000 coureurs, des centaines de bénévoles et tout autant, sinon plus, de journalistes.

    «C’est complètement fou», raconte Yvan L’Heureux au retour de son aventure. «Tu cours dans le désert et il y a des journalistes partout dans les dunes. Des drones et des hélicoptères volent au-dessus de ta tête, des véhicules tout-terrain roulent à pleine vitesse… Ça n’arrête jamais.»

    Habitué à de longues épreuves au cours desquelles il est seul et en autonomie complète, le Louperivois avoue avoir été heurté par cette folie médiatique. «Ça m’a agressé. J’ai eu de la misère à entrer dans ma bulle et à décrocher complètement», dit-il.

    «Le désert, il n’y a pas meilleur endroit pour faire de l’introspection. Il n’y a pratiquement rien, que du sable, du vent et parfois de petits animaux. Il y a aussi un contact particulier avec la mort qui t’amène à apprécier la vie et le moment présent, mais durant la semaine, il y avait des gens partout, tout le temps, et ça m’a étouffé complètement.»

    Yvan L’Heureux souligne que l’organisation du Marathon des sables est sans pareille et que tout est fait pour offrir aux participants une course très sécuritaire et encadrée. Impossible de s’égarer, puisque chaque participant est suivi par une balise.

    «C’est fait pour aider les gens à réussir et la majorité apprécie ça beaucoup. Mais de mon côté, j’ai réalisé qu’il y avait un conflit de valeurs, que ce n’était pas ce que je recherchais dans les courses d’endurance.» 
     

    commentairesCommentaires

    1

    • SB
      Sylvie Bouchard
      temps Il y a 2 ans
      Bravo Yvan! Un homme de défis au grand coeur! ❤️
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