Alexandro Allison Abaunza, sans regret
Après 12 années passées à briller sur les pistes d’athlétisme d’ici et d’ailleurs, le Louperivois Alexandro Allison-Abaunza délaisse les blocs de départ. Serein, l’homme de 26 ans, aujourd’hui étudiant-chercheur, est prêt à passer à une autre étape sans toutefois s’éloigner du sport. Retour sur une aventure personnelle à la fois marquante et formatrice.
Ce n’est pas sans sourire qu’Alexandro se remémore son introduction à l’athlétisme. Jeune adolescent, talentueux joueur de basketball à l’école secondaire, il avait 14 ans et il n’avait que très peu idée de ce qu’étaient un triple saut ou un 110m haies. Pourtant, une rencontre avec Marcel Gagnon, l’actuel entraineur au Club Filoup de Rivière-du-Loup, allait tout changer.
«Je m’en souviens encore très bien. Marcel m’avait remarqué, peut-être au basketball, et il m’invitait à me joindre au club. Il voyait du potentiel, je crois (…) Finalement, je me suis fait avoir et j’ai commencé tranquillement, par curiosité. Puis, j’ai passé un 1er été à m’entrainer et à progresser. C’était, sans que je le sache, le début d’une grande aventure», raconte le principal intéressé, lors d’une conversation vidéo.
À la fin de cette saison estivale, l’entraineur lui avait fait une promesse. Des paroles qu’il n’a jamais oubliées et qui lui ont donné des ailes. «Marcel m’avait dit : "Alexandro, si tu restes avec moi et si on s’entraine ensemble, tu vas remporter un podium aux Jeux du Québec". Ça m’avait marqué. Il avait confiance en moi. Pour un jeune de mon âge, c’était gros.»
Le reste ne peut pas être inventé. En 2007, soit moins de deux ans plus tard, le jeune homme montait sur la plus haute marche du podium au triple saut, avec plus de 50 cm sur la 2e position. «Marcel avait vu juste. Pour moi, il est comme un 2e père, je lui dois énormément.»
FIER
Plus d’une décennie plus tard, force est de constater que le jeune Alexandro est devenu un athlète accompli. Les Jeux du Québec avaient été porteurs d’un avenir prometteur. Non pas sans effort, l’athlète a accumulé les bons résultats, puis il a joint les rangs de l’Université Laval où son étoile a continué de briller. Il n’a toutefois jamais oublié ses origines.
«L’année 2013 restera à jamais un souvenir spécial. Une 6e place aux Championnats canadiens universitaires, et une participation aux Jeux du Canada. C’était un délice, l’apothéose», illustre-t-il, en riant. «Tout ça, je l’ai fait avec une camisole [imaginaire] du Club Filoup sous celle du R&O. J’ai toujours été très fier de représenter Rivière-du-Loup.»
De toutes les heures d’entrainement, de tous les sacrifices, les podiums et les revers, il en ressort grandi. «Je ne serais pas le même homme aujourd’hui sans le sport. Tous les clichés sont vrais; c’est fantastique à tous les niveaux. Aujourd’hui, je peux dire que je suis fier de ce que je suis devenu.»
Si la retraite comme athlète a maintenant sonné en raison d’une vilaine blessure à la hanche, l’implication d’Alexandro dans l’athlétisme n’est pas près de s’essouffler. Conscient de la chance qu’il a eue de pouvoir s’appuyer sur des gens de confiance, il a aujourd’hui la ferme intention de faire sa part auprès de la relève. Des projets sont d’ailleurs en branle avec le Rouge et Or.
«Pour moi, le mérite personnel n’existe pas. Oui, j’avais peut-être le physique de l’emploi, oui j’ai travaillé fort, mais sans plusieurs éléments, dont le soutien inconditionnel de mes entraineurs, ce n’aurait pas été possible (…) C’est maintenant à mon tour de donner, d’être présent.»
LE SPORT ET LES ÉTUDES
En parallèle à l’athlétisme, Alexandro a toujours priorisé les études. L’un n’allait pas sans l’autre, finalement. Dire qu’un jour, le sport l’a peut-être sauvé du décrochage. «À une certaine époque, je pense que j’étais un candidat. Le sport et l’athlétisme y sont pour beaucoup dans ce succès académique. C’est difficile de croire que j’ai entamé cet automne une thèse de doctorat en sociologie du sport et que je suis chargé de cours à l’université», raconte-t-il, sourire aux lèvres. En gros, par son travail, il souhaite s’intéresser à l’accessibilité du sport élite au Québec et au pays.
Alexandro Allison-Abaunza n’a aucun regret. Il estime être allé au bout de lui-même dans cette aventure qu’a été l’athlétisme. Cet automne, alors que les athlètes retrouveront la salle d’entrainement, il entamera la rédaction d’un nouveau chapitre de sa vie, non pas sans une certaine nostalgie. Néanmoins, son temps est fait et il ne l’a pas gaspillé. Dans les dernières années, peu nombreux sont les athlètes locaux qui peuvent se narguer d’avoir atteint un tel niveau d’excellence.
2 commentaires
Ta grande force de caractère et le respect des gens qui ont cruent en toi
te suivra dans la vie.
Merci