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Organismes de soutien à l’emploi : des défis à la hausse, des budgets insuffisants 

durée 25 juillet 2024 | 06h02
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Les aides financières totalisant 2,2 M$ annoncées la semaine dernière par le gouvernement du Québec à deux organismes de soutien à l’emploi de la région sont appréciées, mais elles demeurent insuffisantes, soutiennent des intervenants du milieu. Les défis de financement restent nombreux et ils auront des impacts importants, dont une régression de services et même des coupures de poste, regrettent-ils.   

    Le 15 juillet, la députée de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Amélie Dionne, a confirmé des aides concrètes de plus d’un million de dollars au Carrefour Jeunesse Emploi de Témiscouata et à Univers Emploi afin de soutenir leur mission auprès des jeunes, ainsi que certaines activités spécifiques concernant la réussite éducative.

    À Rivière-du-Loup, Univers Emploi a mis la main sur une somme de 1 000 284 $ du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) sur trois ans, en plus de 147 850 $ du Secrétariat Jeunesse, pour total de 1 148 134 $. 

    De son côté le CJE de Témiscouata a reçu 896 124 $ en financement du MESS sur trois ans, en plus de 150 900 $ du Secrétariat Jeunesse, pour un total de 1 047 024 $.

    Mme Dionne a expliqué dans les jours suivants qu’il s’agit du renouvellement d'une entente conclue en 2021 pour les 110 Carrefours jeunesse-emploi au Québec. L’annonce a été faite au nom des ministres Chantal Rouleau et Mathieu Lacombe.

    «C’est une très bonne nouvelle. Le programme prenait fin et il a été renouvelé [jusqu’en 2027]. Il n’y a eu aucune baisse de financement», a souligné la députée en entrevue. «Les organismes réclamaient également de la prévisibilité et de la stabilité dans leur financement et c’est ce que leur offre la reconduction de trois ans.»

    Elle précise également que l’enveloppe budgétaire pour les Carrefours jeunesse-emploi a été renouvelée en juin, et que le programme a vu son budget passer de 33 à 41 millions de dollars depuis 2021.

    DÉFIS 

    Malgré cette nouvelle, les défis restent très grands dans le milieu de l’aide à l’emploi. Les organismes soutiennent que les services à l’employabilité, qui bénéficient d’autres enveloppes gouvernementales, demeurent sous-financés. Les activités en sont du même coup fragilisées, autant dans la région de Rivière-du-Loup qu’au Témiscouata. 

    «Les financements qui ont été reconduits, ce ne sont pas ceux liés à nos services en employabilité […] Mais c’est de ce côté qu’on se bat pour maintenir nos services en place», a témoigné Julie Beaulieu, directrice générale du CJE de Témiscouata. 

    «Le financement accordé cette semaine est une bonne nouvelle. Nous sommes reconnaissants, mais quand on parle d’employabilité, la problématique demeure. Et ça concerne des jeunes avec des besoins grandissants, des parcours parfois plus difficiles, qui nous prennent plus d’énergie.»

    Les services à l’employabilité comprennent l’aide à la recherche d’emploi, à la pratique d’entrevue et les suivis spécialisés, notamment. «On a plus de travail que jamais, mais moins de financement», a-t-elle déploré.  

    Gino Albert, directeur général d’Univers Emploi, est du même avis. Il mentionne que son organisme, né d’une fusion de quatre organismes en emploi de la région du KRTB, a constaté une réduction de 50 % de ses budgets de fonctionnement dans les dernières années. «C’est énorme, énorme…», a-t-il confié.  

    Il croit, tout comme Mme Beaulieu d’ailleurs, que le modèle de financement des organismes en soutien à l’emploi doit être revu. Une démarche nationale a été entamée à ce sujet, mais elle n’a pas encore abouti, malgré des pressions soutenues et répétées du milieu à travers la province. 

    «Le modèle actuel n’est pas propice ni représentatif de ce que ça nous coute pour donner des services au client. C’est un gros problème», a déclaré M. Albert, soulignant que les budgets sont alloués en fonction d’un cout client et d’un processus d’attribution financière «qui n’ont pas été revus depuis les années 2000». 

    «C’est totalement dépassé et ça ne tient pas compte des réalités. Les jeunes, ces temps-ci, font face à des taux de chômage qu’on n’a pas vu depuis des dizaines d’années. Ce n’est pas une dynamique où on doit se permettre une réduction budgétaire dans nos services.»

    Il soutient qu’Univers Emploi continuera d’offrir les meilleurs services possibles à sa clientèle, mais il ne cache pas que «ce sera un défi». «L’an dernier, nous avons été déficitaire. Cette année, pour éviter cette situation, on a été obligés de procéder à des coupures de postes. Tout ça dans un contexte difficile pour la clientèle.»

    Le CJE du Témiscouata observe annuellement, quant à lui, une diminution de 10 % de son financement lié à l’employabilité. «On représente les jeunes, on a des services à offrir, mais on n’a plus nécessairement les fonds suffisants pour répondre aux besoins.  

    Avec le temps, ça va continuer à régresser et on craint qu’on ne soit plus capable d’accepter toutes les demandes», s’est inquiété Julie Beaulieu. 

    «Si on ne nous finance pas plus, est-ce qu’on peut nous financer mieux en regroupant des ententes, en facilitant le côté administratif? On veut travailler sur notre mission et aider notre jeunesse», a-t-elle ajouté. 

    Amélie Dionne dit être à l’écoute des préoccupations des intervenants du milieu, confirmant que des rencontres auront lieu prochainement. Elle indique du même souffle que le sous-financement observé en employabilité s’explique notamment par une baisse majeure au niveau des transferts de fonds en provenance d’Ottawa. «Le gouvernement fédéral a coupé 145 M$ pour les services en employabilité. C’est colossal et des choix ont dû être faits», a-t-elle dit. 

     


     

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