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S’inspirer de la nature pour créer

durée 25 septembre 2022 | 06h59
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    À cheval entre Cacouna et L’Isle-Verte, au Parc côtier Kiskotuk, une petite maison bleue entourée de fleurs surplombe le fleuve. À l’avant, une petite roulotte contient une énergie créatrice, celle de Mélissa C. Pettigrew. Sous les effluves de roses, de foin d’odeur et de millepertuis qui macèrent sur le feu, du vent qui souffle, puis de la bruine qui tombe doucement, l’artiste et travailleuse culturelle plonge les deux mains dans son univers.

    «Je fais de la cueillette. C’est un truc vraiment important dans ma démarche artistique», commence l’artiste qui se développe autant au niveau visuel que littéraire. Chaque plante cueillie l’est de manière responsable. Quand la jeune femme tombe sur un nouveau spécimen, elle lit pour en découvrir davantage sur ses caractéristiques. «Mon jeu préféré c’est de prendre une marche et de nommer les plantes que je peux reconnaitre et, à chaque fois, il y en a toujours qui s’ajoute», se réjouit-elle.

    Un de ses projets inspirés par la nature a débuté en 2019, mais a été travaillé de manière plus concrète à l’été 2022 lors de la résidence de l’artiste au centre agriculturel Nouaisons situé à Scott en Beauce. «La forêt creuse l’intérieur» a pris naissance par hasard sur un four, alors que Mélissa C. Pettigrew se concoctait une boisson de chaga : «En faisant la décoction sur une cuisinière blanche, des gouttes de chaga sont tombées. Ça faisait vraiment de belles variations de couleur intéressante quand la tache a séché», se souvient l’artiste.

    Ainsi, elle a commencé à utiliser la macération de chaga comme matière première lorsqu’il n’était plus bon à sa consommation. Après avoir vu maints artistes utiliser du café et du thé pour créer, elle souhaitait elle aussi essayer une technique du genre, mais n’était pas attirée par ces produits. Le chaga, pour sa part, lui offrait une richesse au niveau pictural, en plus de venir de la région, puisqu’elle en cueille sur les terres familiales de son conjoint.

    Lors de ses jours passés en Beauce, Mélissa C. Pettigrew a réalisé des peintures de chaga où elle a ajouté des traits de dessin. Elle souhaitait, par sa minime intervention, créer une image, mais sans dénaturer celle qui ressortait des teintes de chaga. Elle a aussi fabriqué des sculptures avec ce champignon de bouleau avec des épingles et des écailles de tête de violon récupérées.

    CONNEXION AVEC LA NATURE

    Mélissa C. Pettigrew raconte que ses intentions de création s’initient lorsqu’elle marche dans la forêt, se promène dans les battures sur le bord du fleuve et même lorsqu’elle s’occupe de son jardin. Le processus débute dans la nature et se continue même lorsqu’elle fait la transformation de ses plantes pour en faire des encres végétales. «Il y a vraiment quelque chose de concret dans ça. J’y touche et je me sens plus connectée. Ça on ne peut pas l’expliquer ni le démontrer, mais je pense que ça change vraiment mon travail», confie-t-elle. Elle ajoute qu’elle ne pourrait se contenter de seulement s’asseoir devant un bout de papier et se mettre à peindre ou dessiner.

    L’artiste, qui a aussi étudié en sciences de technologies des aliments, effectue présentement des recherches sur des encres végétales créées par elle-même. Elle partage tout l’apprentissage conféré par la nature : «On ne sait rien, c’est ça qui est fou», indique-t-elle avec humilité. En parallèle à son projet «La forêt creuse l’intérieur», la travailleuse culturelle en développe un autre qu’elle a initialement nommé «La marée creuse l’intérieur». Elle avait besoin, cet été, de développer quelque chose de plus coloré et vibrant, faire différent des teintes brunes de chaga.

    Ainsi, telle une herboriste, elle extrait la couleur des plantes cueillies en laissant diminuer le liquide. Humblement, elle partage que ce savoir ancien  n’est pas nouveau et n’a pas été initié par elle. Elle se laisse simplement aller par ses découvertes au fil des semaines, se surprenant que des fleurs roses puisse lui donner de l’encre bleue. «Ça me permet d’explorer», soutient la chargée de projets chez VRille de La Pocatière. 

    Ses recherches avancent petit à petit. Mélissa C. Pettigrew n’est pas prête à mettre quelque chose sur papier, mais sait où elle s’en va, où qu’elle aille, la nature la guide, l’inspire. Ancrée dans son chez soi, extractant l’essence de la flore bas-laurentienne, l’artiste se laisse aller, se soumet à la perte de contrôle provenant de la matière et se nourrit de cette nouvelle façon d’aborder la création.
     

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