Du chocolat au profit de qui?
La question posée par la Fédération des personnes handicapées du KRTB semble légitime : « Du chocolat au profit de qui? »
La coordonnatrice de la Fédération, Cyd Lamirande, formule de nombreux reproches à la Fondation d’aide aux handicapés du Québec dont le siège social se trouve à Montréal.
« Il y a des gens qui ont fait des demandes et qui n'ont jamais rien reçu. C'est très suspect tout ça. Parfois même, un individu laisse les boites et quitte sans parler avec le gérant ou le propriétaire du commerce qui se retrouve avec ça, sans trop savoir. Puis, sans crier gare, il revient des mois plus tard récupérer les boites et l’argent. Et il va où cet argent? Chose certaine il ne va pas au KRTB », clame Cyd Lamirande.

La coordonnatrice de la Fédération des personnes handicapées du KRTB, Cyd Lamirande
Jean-Louis Lévesque, qui siège au conseil d'administration de la Fédération au nom de l'Association de la dysphasie du Québec, abonde dans le même sens. « Les gens du KRTB sont généreux, mais là, on abuse de leur bonne volonté et de leur générosité en laissant croire que les sous vont à nos organismes et aux gens d'ici », nous a-t-il commenté. Un des principaux irritants, c’est qu’on laisse croire que la fondation représente des organismes de la région, ce qui est faux.
FONDATION
Info Dimanche s'est entretenu avec le directeur des donations de la Fondation d'aide aux handicapés du Québec, Mustapha Salmi. Ce dernier rejette du revers de la main les accusations de Cyd Lamirande.
Ce dernier soutient que la Fondation fait preuve de transparence. « Nos chiffres sont publics. Nous détaillons nos dons sur notre site Internet. Il suffit de cliquer sur "Nos Donations" de l'onglet "Activités", l’information est là. (…) Parfois, nous recueillons un triporteur, disons d'une valeur de 2 000 $, nous l'enregistrons dans nos états financiers comme 2 000$ et une fois donné, nous l'inscrivons comme une sortie de 2 000 $ », répond-il.
CHOCOLAT
« Nous avons une entente avec une entreprise de chocolat, Unik Chocolate. C’est elle qui gère le chocolat. Parmi ces activités, il y a celle de levée de fonds. Ils préparent les boites et ramassent l’argent. Ils enlèvent leurs frais, le chocolat perdu et non payé et le reste de l’argent, il le donne à la fondation. Nos chiffres sont publics, nos états financiers sont sur le site de Revenu Canada », affirme M. Salmi.
Ce que ne dit pas M. Salmi, c’est que le président de Unik Chocolate est nul autre que Sylvain Daneau, selon le site Internet du Registraire des entreprises du Québec. M. Daneau est l’un des deux fondateurs de la Fondation d’aides aux handicapés du Québec (il en est aussi le vice-président). Nous avons joint à nouveau M. Salmi qui nous a confirmé que M. Daneau occupait bien ce poste. Selon ce dernier, Martin Daigneault, l'autre cofondateur, est toujours président de la Fondation.
Les témoignages ainsi que les remerciements de dons présents sur le site de la Fondation posent aussi problème à la Fédération. Info Dimanche a effectué quelques appels afin de valider auprès des institutions citées la véracité de ces dons. Nos appels sont demeurés sans réponse.
« On ne dit pas que ce n’est pas légitime comme entreprise. Elle est inscrite au Registraire des entreprises du Québec, mais c’est facile de lancer un organisme communautaire. Par contre, si je fais le bilan des dons mentionnés, si ça totalise 2 500 $ c’est beau. Nos organismes du KRTB font beaucoup mieux seulement pour la région », affirme Mme Lamirande.
EXPERTS?
Le site Internet de la Fondation détaille au jour le jour les dons offerts. Toutefois, les champs d'expertise de certains spécialistes laissent songeurs. Par exemple, cet homme de Pointe-Calumet à qui la Fondation aurait remis une marchette avec roulettes et skis ainsi qu'un siège de toilette surélevé s’est effectué sur la recommandation… d'une nutritionniste du CLSC de Saint-Eustache.
« Celle-là est bonne, s'exclame Cyd Lamirande. Et au nom de quelle expertise? Je ne l'avais pas vue, mais voyons donc, ça n'a aucune crédibilité. Vous savez, c'est navrant parce que cet argent-là qui va on ne sait où n'est pas donné à des organismes d'ici et qui feraient profiter des gens de notre communauté, du KRTB. Non, vraiment, c'est choquant », commente la coordonnatrice de la Fédération.
De son côté, Mustapha Salmi croit qu’il s’agit avant tout d’une guerre de clochers. « Un dicton dit : ton pire ennemi c’est celui-là qui fait la même activité que toi », a-t-il conclu.
Pour Jean-Louis Lévesque, la solution demeure la sensibilisation et le refus d’afficher ces présentoirs. « Nous voulons rencontrer, lors d’un diner d’affaires par exemple, les membres de la Chambre de commerce afin de leur expliquer la situation. Les gens croient donner à nos organismes et ce n’est pas le cas, nous ne pouvons pas jouer le jeu de cette fondation. »
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