Pour contrer l'intimidation à l'école
Si la situation n'est pas encore problématique, tant la SQ que Justice Alternative KRTB préfèrent être proactives dans ce dossier. « C'est un sujet qui a fait les manchettes, alors je trouvais important de se mettre à jour afin de présenter un projet aux élèves qui serait en lien avec l'intimidation », a commenté l'agente Aglaé Ouellet.
Le projet mis en place vise à conscientiser tant l'agresseur que l'agressée par le biais d’ateliers. « Oui il faut dénoncer, mais nous voulons aussi amener à un dialogue. Nous voulons aussi conscientiser sur la responsabilité du silence », poursuit l'agente Ouellet.
« Se faire lancer des noms ou bousculer plusieurs fois par jour n’a plus rien d’une blague, fait remarquer l’intervenante de Justice Alternative KRTB, Audrey Pelletier. Ça semble anodin, mais la répétition de ces mots, menaces, gestes, c’est de l’intimidation. Alors dans des cahiers que nous distribuons aux étudiants, nous relevons ces formes d’intimidation. »
Déjà, des élèves de 5e et 6e années au primaire ont suivi un atelier avec l'agente Ouellet et Pascale Contreras Paradis. Mais c'est avant tous les étudiants du secondaire qui sont visés. Ainsi, en février dernier, Aglaé Ouellet et Audrey Pelletier ont tenu des ateliers avec les étudiants des écoles secondaires de L'Isle-Verte et de Saint-Hubert.
« Le but est de montrer aux victimes qu'il n'y a pas de mal à dénoncer, mais on leur explique aussi ce qui se passe dans les cas d'intimidation verbale et de cyberintimidation. Nous abordons aussi les méthodes employées pour réhabiliter un jeune qui commet ce genre de geste. Le volet juridique qu'ils découvrent attire beaucoup leur attention », explique Mme Pelletier.
Ces rencontres permettent justement aux agresseurs de réaliser que l'intimidation sous ses formes diverses peut avoir des conséquences qu'ils auront à assumer. « Ils doivent comprendre qu'il s'agit d'un crime. C'est à partir de 12 ans qu'un jeune peut être poursuivi en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSPJA) », souligne la directrice de l’organisme de justice alternative, Marguerite Pratte.
Les organismes de Justice Alternative offrent ce genre d'atelier depuis une vingtaine d'années déjà. Mais le manque de financement en région s’est malheureusement fait sentir au KRTB. Avec le support de la SQ de la MRC de Rivière-du-Loup, c'est maintenant chose possible.
« Les jeunes doivent apprendre à mettre leur limite, à l’énoncer, mais aussi à la faire respecter. À défaut de quoi, des situations peuvent dégénérer. À l’OJA, nous rencontrons alors les parents des victimes et nous offrons des rencontres entre victimes et agresseurs où les parents sont aussi invités », souligne la directrice de Justice Alternative KRTB.
Il peut parfois y avoir jusqu’à sept agresseurs pour une victime. Mais comme le rappelle Mme Pratte, tout est en nuance. « Il n’y a rien de tout blanc et de tout noir. Les rencontres demandent beaucoup de temps, mais les résultats sont riches en enseignement. Ils apprennent à se connaitre et à se respecter. »
Justice Alternative KRTB prône la médiation pour la résolution de litiges dans le système judiciaire.
ATELIERS
Lors des ateliers, les étudiants ont droit à la définition même de l’intimidation et à ses différentes formes. Ils apprennent notamment à reconnaitre les signes qui trahissent un cas d’intimidation, comment réagir. Les adolescents sont aussi sensibilisés à la différence majeure entre signaler et « stooler ». Ils visionnent aussi des capsules vidéos sur la prévention de l’intimidation.
Le suicide de Marjorie Raymond à Sainte-Anne-des-Monts est encore frais dans la mémoire collective. L’histoire de la jeune adolescente de 15 ans qui s’est enlevée la vie en novembre dernier a bouleversé la province et mis sur la place publique les ravages, parfois extrêmes, causés par l’intimidation. Manifestement, la commission scolaire et la Sûreté du Québec de Rivière-du-Loup n’attendent pas un drame local pour agir.
« C’est un cas de conscience, que l’agressé et l’agresseur doivent faire. Parce que les conséquences sont là et peuvent être d’ordre juridique. Et je le rappelle, ça concerne aussi la cyberintimidation. On ne peut pas dire n’importe quoi parce que la personne n’est pas en face de soi », conclut la policière.
La présence de l’agente qui est policière d’intervention en milieu scolaire est donc une priorité pour les élus de la MRC.