Propriété des terres agricoles: après le PQ, l'UPA sonne l'alarme
« Après les terres agricoles d’Afrique et d’Asie, nos propres terres seront-elles aussi la proie des grands gestionnaires de fonds? Comment expliquer les quelque 203 millions d’hectares, l’équivalent de la superficie du Groenland, de deux fois l’Égypte ou de trois fois la France, ayant fait l’objet de transactions majeures ces 10 dernières années? Notre patrimoine agricole est-il destiné, lui aussi, à grossir le portefeuille des investisseurs toujours en quête de valeurs sûres? Est-il déjà trop tard? », se questionne l'UPA.
Nouveau rapport
Réalisé pour le compte de l’Union des producteurs agricoles, un nouveau rapport de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), intitulé « L’accaparement des terres et les dispositifs d’intervention sur le foncier agricole », apporte un éclairage nouveau sur ces questions en identifiant, notamment, les pratiques spéculatives de plusieurs acteurs financiers comme un des facteurs pouvant expliquer cette explosion de transactions foncières.
« En bref, la crise financière de 2008 a généré les conditions pour une véritable « ruée » vers les terres, considérée comme une valeur refuge par les gestionnaires de fonds en temps de crise[i] », a déclaré Robert Laplante, directeur de l’IRÉC.
« Malgré nos lois et règlements visant à protéger notre patrimoine agricole et malgré la valeur foncière relativement peu élevée de nos terres, comparativement à certains pays occidentaux, il reste que le Québec n’est pas isolé du reste du monde et que plusieurs grandes fortunes québécoises et acteurs financiers privés comme Canadian Farmland Corp., Agriterra et Solifor[, se positionnent déjà dans le marché des actifs fonciers au Québec et au Canada », a commenté le président général de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau. « D’où la nécessité d’établir à très brève échéance, au Québec, un mécanisme de surveillance des transactions foncières agricoles », a-t-il ajouté.
Pour l’Union des producteurs agricoles, il y a lieu d’agir rapidement pour protéger l’une des composantes les plus fondamentales de notre modèle agricole. « Partout dans le monde, l’accaparement des terres marque la fin du concept de propriétaire exploitant. Est-ce l’agriculture que nous souhaitons? Voulons-nous vraiment d’une agriculture essentiellement pratiquée sur des terres qui n’appartiennent pas à ceux et celles qui les cultivent? Nous sommes face à un enjeu qui interpelle l’ensemble de la société et nécessite une prise de conscience et des actions concertées. » a complété M. Groleau.
Parmi les pistes de solutions à explorer mise en lumière par l'UPA, la mise en place d’un Bureau d’enregistrement et de surveillance visant à répertorier et autoriser toute transaction foncière en exerçant un droit de préemption sur la base d’unités régionales, se présente comme une avenue prometteuse. Cette approche, développée en France sous la forme de Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) a d’ailleurs fait ses preuves, comme l’illustre l’étude de l’IRÉC.
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