Un devoir de mémoire, un appel au respect
Nous, anciens membres du conseil municipal de Trois-Pistoles, réagissons collectivement à la récente entrevue accordée par le maire Philippe Guilbert au magazine Le Québec économique, dans laquelle il présente sa venue à la mairie comme une rupture salvatrice avec un passé qu’il juge passif, désuet et peu inspirant.
Nous tenons d’abord à rappeler que chaque administration municipale hérite d’un contexte, de défis, et d’un équilibre parfois fragile entre ambitions, ressources et réalités du terrain. Nos années au conseil ont été marquées par un profond engagement, par des projets structurants, et par une volonté constante de servir notre communauté du mieux possible, même au cœur de circonstances exceptionnelles comme la pandémie.
C’est donc avec un réel malaise que nous avons lu les propos de l’actuel maire de Trois-Pistoles. Affirmer que «rien ne se passait» à la Ville avant son arrivée, que « beaucoup de projets étaient abandonnés » ou que « les infrastructures devenaient désuètes », revient non seulement à ignorer le travail réalisé, mais aussi à dénigrer celles et ceux qui l’ont porté. Ce type de discours, qui sème le doute sur les intentions et les compétences de ses prédécesseurs et prédécesseures, est indigne de la fonction de maire. Il va à l’encontre des principes fondamentaux de la démocratie municipale : la continuité, la reconnaissance et la collégialité.
Ce manque de reconnaissance ne se limite d’ailleurs pas aux anciennes équipes. L’article ne fait aucune mention des membres du conseil municipal actuel, comme si les décisions n’étaient l’affaire que d’un seul homme. C’est là un autre affront, cette fois envers les conseillers et conseillères qui l’accompagnent aujourd’hui dans l’exercice du pouvoir municipal.
La gouvernance municipale n’est jamais l’œuvre d’une seule personne. Elle s’inscrit dans un cycle de travail collectif, souvent invisible, où chacun et chacune sème pour que d’autres puissent récolter. Nous avons nous-mêmes hérité de projets lancés par des conseils précédents, tout comme plusieurs des réalisations actuelles avaient déjà atteint l’étape de la planification ou étaient prêtes à être réalisées lorsque nous avons quitté nos fonctions. Ignorer cette continuité revient à briser un fil essentiel à la confiance démocratique.
Nous invitons donc le maire Guilbert à faire preuve de plus de discernement et de respect dans ses communications publiques, et à se rappeler qu’il n’est pas seul à avoir contribué au développement de Trois-Pistoles. La collectivité se construit dans la durée, grâce aux apports conjoints de plusieurs générations d’élus, de fonctionnaires, de bénévoles et de citoyens.
Cette lettre ne vise pas à alimenter la division, mais à rappeler l’importance d’une mémoire municipale partagée et d’un dialogue digne entre celles et ceux qui ont eu l’honneur de représenter les Pistoloises et Pistolois.
Signataires :
Jean-Pierre Rioux, Frédéric Lagacé, Gina Charest, Marie LeBlanc, Jacinthe Veilleux, Maurice Vaney et Guillaume Côté-Philibert
Anciens membres du conseil municipal de Trois-Pistoles
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