Le Cégep de Rivière-du-Loup devra encore couper dans son budget
Les coupures dans le réseau collégial évaluées à 150 M$, révélées par La Presse le 12 mai, n’épargneront pas la région. Le Cégep de Rivière-du-Loup devra trouver le moyen de retrancher entre 500 000 $ et 1 M$ de son budget, et ce, sans réduire les services aux élèves.
La directrice générale du Cégep de Rivière-du-Loup, Isabelle Cloutier, doit déjà jongler avec plusieurs contraintes : un gel d’embauche du personnel administratif, un maximum d’heures rémunérées, une pause des achats du matériel, ainsi qu’une réduction de son enveloppe allouée aux infrastructures. Ainsi, la bibliothèque ne peut faire l’acquisition de nouveaux ouvrages et le Cégep ne peut se procurer des équipements de laboratoire et du matériel pédagogique nécessaires aux formations qu’il dispense.
Les surplus qui apparaitront au budget de Cégep de Rivière-du-Loup cette année découlent en majeure partie des compressions qui ont été effectuées au cours des derniers mois, à la demande du gouvernement du Québec. En raison du gel d’embauche, quatre postes de professionnels ne seront pas renouvelés pour des projets particuliers. De plus, lorsqu’un employé quitte volontairement ses fonctions, il n’est pas remplacé et ses tâches sont réattribuées à l’équipe qui est en place, en raison du plafond d’heures rémunérées à respecter.
«Par les choix qu’on a faits durant toute l’année, on va être capable de maintenir nos services aux élèves», réagit Mme Cloutier. Certaines dépenses importantes sont reportées dans le temps. «Ça ne peut pas durer […] Ce sont nos équipes qui paient pour et qui en prennent plus sur leurs épaules pour être capable de continuer à offrir un service de qualité.»
PROJETS REPORTÉS
Le Cégep de Rivière-du-Loup a commencé à mettre en place un projet de laboratoire de simulation haute-fidélité pour ses programmes en santé. Il devait être développé au cours de la prochaine année. «Jusqu’où on va être capable d’aller là-dedans? Est-ce qu’on va devoir se limiter? Tout cela nous empêche d’avancer et de se développer», constate Isabelle Cloutier.
Le Cégep de Rivière-du-Loup prévoit aussi rénover sa bibliothèque, construite en 1974, d’ici 2030, un projet d’envergure qui se planifie à plus long terme. «On veut en faire un environnement qui est favorable aux apprentissages, ce n’est pas un luxe […] Il faut accumuler des sous, année après année, si on veut être capables de porter ces projets-là.»
FRAGILISATION
Pour le moment, Isabelle Cloutier n’envisage aucune suppression de programmes ou de services. Même si le Cégep de Rivière-du-Loup anticipe une hausse du nombre d’élèves pour la prochaine rentrée scolaire, il n’a pas la capacité de procéder à des embauches supplémentaires ou d’augmenter le nombre d’heures rémunérées. «C’est une multitude de contraintes détaillées qui nous attachent les mains dans nos façons de faire», ajoute Mme Cloutier.
Elle estime toutefois que le Cégep de Rivière-du-Loup se trouve dans une bonne posture. «Nos infrastructures sont malgré tout en bonne condition quand on se compare à d’autres cégeps, mais ça ne peut pas durer ni être un mode de fonctionnement ça nous fragilise à bien des égards.»
L’augmentation des subventions de fonctionnement du réseau collégial pour 2025-2026 sera réduite à 0,3 %. «On peut jouer sur les mots. À partir du moment où l’augmentation que tu me proposes n’est même pas à la hauteur de la hausse de l’Indice des prix à la consommation ou de l’augmentation salariale prévue, ça s’appelle une coupure, une compression. Quand tu es dans la même situation année après année, je pense qu’on peut se permettre de commencer à parler d’austérité», ajoute Isabelle Cloutier.
Selon elle, les services à la communauté et aux entreprises écoperont en premier, lorsque d’autres mesures devront être prises. «Je vais tout faire pour préserver la qualité de services éducatifs et de l’apprentissage, pour moi c’est un non-choix.» D’après Mme Cloutier, le manque de prévisibilité paralyse le réseau collégial. Elle hésite à s’engager des projets puisqu’il est impossible d’anticiper les coupures du gouvernement du Québec.
La présidente de la CSN, Caroline Senneville, a réclamé la démission de la ministre de l’Enseignement supérieure, Pascale Déry, le 12 mai. La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) rappelle que les bourses Perspective Québec ont été abolies, sans que de l’argent ne soit réinvesti dans le programme de prêts et bourses. Elle réclame un réinvestissement immédiat pour couvrir les hausses salariales promises et protéger les services aux étudiants.
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