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Des frigos synonymes de don, de partage et d’antigaspillage

durée 24 mai 2025 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Avec l’arrivée du printemps, les bourgeons éclosent, les bernaches reviennent…et les frigos partagés font leur réapparition dans les communautés de la MRC de Rivière-du-Loup. Outils visant à contrer le gaspillage alimentaire, ils agissent aussi comme une porte d’accès aux services structurés du Carrefour d’initiatives populaires (CIP), pour plus de solidarité sociale et de sécurité alimentaire.  

    «C’est un outil de communication et de sensibilisation. Il y a des besoins dans toutes les communautés», souligne Chantal Parenteau, coordonnatrice en sécurité alimentaire au CIP de Rivière-du-Loup. Les frigos partagés sont parfois utilisés par certaines personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire ponctuelle, d’autres s’en servent afin de redonner directement à leur prochain.  

    «On croit à l’intelligence des gens et à la sensibilité de notre communauté. Si on ne parle jamais du partage et d’être sensible aux besoins des autres, on l’évacue. Le frigo soulève ces débats-là. Comment on partage entre nous? Est-ce que je prends tout? Mon voisin, qui vit une passe difficile, je peux peut-être ne rien dire s’il prend tout dans le frigo et laisser cela aller?», soulève Mme Parenteau.

    Dans chaque municipalité participant à ce projet, des bénévoles cuisinent de leur propre chef des petits plats, les emballent, avant de les déposer dans les frigos chaque semaine. Le CIP a aussi fait des dons de contenants identifiés qui servent à stocker des recettes préparées par des bénévoles liés à des organismes communautaires. 

    «Pour plusieurs personnes, c’est leur façon de faire un don, au lieu de donner à des levées de fonds […] On a tous des surplus dans nos frigos ou nos garde-manger à un moment donné. Des choses qu’on ne mange plus, qu’on a reçues en cadeau et qu’on n’aime pas», ajoute-t-elle.  

    Lors de la saison estivale, les jardinières et les jardiniers sont de grands contributeurs des frigos partagés et ils y mettent les surplus de leurs récoltes. Ils sont ainsi interpelés à jouer un rôle actif et concret au sein de leur communauté. Ces aliments frais et locaux permettent à d’autres utilisatrices et utilisateurs de cuisiner. La roue de l’entraide et de la solidarité sociale continue de tourner.

    EN DÉVELOPPEMENT

    Cette initiative s’est développée graduellement depuis cinq ans. On compte maintenant 14 appareils répartis dans 7 municipalités du territoire : Rivière-du-Loup, Saint-Antonin, Saint-Cyprien, Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup, Saint-François-Xavier-de-Viger, Saint-Épiphane et Cacouna. D’autres pourraient s’ajouter à cette liste au cours de l’année.

    L’objectif du CIP est de trouver le lieux le mieux adapté dans chaque communauté afin d’y installer l’électroménager en libre-service.

    Même si le projet est présent dans le paysage depuis un certain temps, plusieurs préjugés sont encore à déconstruire, selon Chantal Parenteau. «Les gens sont gênés de se servir du frigo ou ils ont l’impression de se faire juger. Je peux être très bonne pour cuisiner des betteraves que personne ne veut et qui commencent à ne plus être bonnes. Il n’y a aucun problème à prendre des aliments dans le frigo avant qu’ils ne soient plus bons», souligne-t-elle.

    Chaque frigo partagé a sa propre vie, indépendante du CIP, puisqu’il est animé par les contributions de la population locale. Au cours des dernières semaines, le frigo partagé situé sur la rue Lafontaine a été réinstallé tout comme celui que l’on peut retrouver sur la rue Amyot. Ils sont utilisés par le CIP qui s’en sert pour réduire son propre gaspillage alimentaire et gérer plus facilement ses surplus. L’an dernier, 16 tonnes d’aliments ont été distribuées dans les frigos partagés, dont 67 % à Rivière-du-Loup et 33 % dans les municipalités environnantes.

    La coordonnatrice en sécurité alimentaire au CIP estime qu’une minorité d’utilisateurs font un mauvais usage des frigos partagés, comparativement à 85 % des personnes qui l’utilisent à bon escient. «Au bout du compte, il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients à avoir cet outil-là dans les communautés.»

    La directrice générale du CIP, Karine Jean, voit les frigos partagés comme un guichet alimentaire. «On donne et on retire. On y a accès en tout temps et nous avons tous un rôle à jouer. Quand on quitte pour le chalet, par exemple, on peut y mettre la nourriture périssable au profit de tout le monde.» Chaque comité local adopte son frigo, en fait la promotion, le visite, le nettoie et le nourrit.

    «Notre communauté est vraiment solidaire. On est dans un beau milieu. Quand le Carrefour a besoin, la communauté répond. C’est magnifique», conclut Chantal Parenteau.  

    Ces outils s’ajoutent aux autres ressources alimentaires déjà en place sur le territoire, dont les jardins communautaires, les cuisines collectives et les autres organismes d’aide alimentaire tels que Moisson Kamouraska, la Petite bouffe des frontières, et Croc-ensemble des Basques. De quoi contrer la faim, un geste à la fois.

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