Rumeur d’une fermeture de l’urgence en soirée et de nuit à Trois-Pistoles
De nombreux messages sur les réseaux sociaux dénonçant une éventuelle fermeture en soirée et de nuit de l’urgence de Trois-Pistoles ont été partagés le 30 janvier. Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent n’a pas confirmé ni infirmé la rumeur.
Contacté le 31 janvier par Info Dimanche, le CISSS a refusé d’émettre un commentaire sur le sujet, puisque son plan de retour à l’équilibre budgétaire devait être déposé la journée même. «Dans ce contexte, nous ne commenterons pas ce plan tant qu'il n'aura pas été approuvé par Santé Québec», a indiqué le porte-parole du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel, par voie de courriel.
Les réactions dénonçant cette coupure se sont multipliées sur les réseaux sociaux. D’après les internautes, la fermeture de nuit causerait diverses conséquences telles que l’allongement du temps d’accès au soin, un risque accru pour les patients en détresse, des surcharges dans les hôpitaux voisins, des impacts sur les populations vulnérables, une pression sur les services ambulanciers ainsi qu’un sentiment d’abandon de la population. Plusieurs personnes ont manifesté leur intérêt à créer une mobilisation citoyenne.
LES ACTEURS DU MILIEU RÉAGISSENT
La Ville de Trois-Pistoles s’est dite préoccupée de la possible fermeture de l’urgence de l’hôpital en soirée et durant la nuit entre 20 h et 8 h. «C’est vraiment une catastrophe pour le milieu. On est tous en état de choc en ce moment. Ce n’est pas confirmé encore […] ce n’est pas une garantie que ça va être dans le plan, mais si on comprend entre les lignes c’est que ça va l’être», réagit le maire Philippe Guilbert.
Actuellement, l’urgence de l’hôpital de Trois-Pistoles est ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. D’après l’élu, la possible réduction des heures de service pourrait avoir des conséquences graves sur le plan sanitaire, social, économique et démographique. «C’est une question de santé de première ligne pour notre population», clame-t-il.
M. Guilbert comprend les défis budgétaires auxquels est confronté le CISSS du Bas-Saint-Laurent. «Il a eu une consigne excessivement difficile [NDLR de couper 34 millions de dollars de déficit]. C’est surtout gênant pour le gouvernement et le ministère de la santé à en arriver à proposer des coupures d’urgences, de soins de premières lignes», souligne-t-il.
De son côté, le préfet de la MRC, Bertin Denis, n’a pas caché qu’il digérait très mal la nouvelle. «C’est désastreux. C’est l’apocalypse pour nous. C’est trop gros, soutient l’élu. Ça va se compter en morts les résultats de ça».
Il est inquiet que les gens qui ne se sentiront pas bien la nuit restent chez eux, à la place de se rendre à une urgence. «L’urgence de Trois-Pistoles va devenir une espèce de petite clinique sans rendez-vous sans grande envergure», se désole-t-il. L’élu se questionne aussi sur la capacité d’accueil des services hospitaliers voisins ainsi que la façon d’attirer de futurs médecins à Trois-Pistoles et retenir ceux en place.
«On n’appelle plus ça une coupure budgétaire importante, ça vient scrapper l’urgence de Trois-Pistoles», s’exclame le préfet. Une résolution sera adoptée prochainement au conseil de la MRC afin de dénoncer cette éventuelle fermeture.
La Ville de Trois-Pistoles a le même projet. «On va se mettre ensemble pour essayer de faire quelque chose», soutient-il. Les deux entités municipales souhaitent solliciter les médecins de Trois-Pistoles afin de se mobiliser et de faire front commun pour envoyer des lettres au ministre, au CISSS et à Santé Québec.
«Notre ministre a dit ce matin qu’il y aurait certains allègements, qu’ils seraient moins intempestifs sur le temps de mettre en place les coupures. Je ne sais pas si ça va s’appliquer à nous, j’espère que oui», a conclu Bertin Denis.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) souhaite aussi faire partie du mouvement pour conserver l’entièreté du service d’urgence de Trois-Pistoles. Le représentant national, Simon Dubé, déplore avoir appris la nouvelle par les médias sociaux. «On est encore dans un contexte où il y a un manque de transparence important», s’exclame-t-il.
Cette fermeture de soir et de nuit envisagée est inadmissible, selon lui, et aura des conséquences directes et dramatiques sur la population des Basques, l’une des plus vieillissante au Québec. M. Dubé n’a aucune idée des motivations du CISSS derrière cette coupure, puisqu’aucune consultation n’a été effectuée. Il dénonce que la décision a été prise de façon cavalière et que les acteurs du milieu sont laissés dans le noir, car l’information n’a pas encore été confirmée.