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Les érables coulent déjà à flots dans le Bas-Saint-Laurent

durée 7 mars 2024 | 06h58
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    Février n’était pas terminé que la saison acéricole était bien entamée au Bas-Saint-Laurent. Les producteurs ont déjà récolté trois coulées. Un temps des sucres hâtif qui fait réfléchir les acériculteurs quant à la nouvelle réalité qui se dresse devant eux. 

    Cette année, les érables de la région sont en avance d’un mois sur le calendrier, les premières gouttes sucrées ne coulant habituellement qu’à la mi-mars. «Ce n’est pas exceptionnel que ça coule en février», explique le président régional du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ), Justin Plourde. Il souligne que des redoux se produisent en hiver. 

    «La différence cette année, la particularité, c’est qu’on sait que la saison est vraiment lancée. À la fin février, c’est très très très tôt.» La première coulée a été enregistrée dans la fin de semaine du 10 février. Cette eau d’érable a permis aux producteurs d’expulser les restes d’alcool isopropylique utilisé pour nettoyer leurs systèmes de tubulure à la fin de la saison 2023. Les deux dernières récoltes ont signé le début officiel du temps des sucres 2024.

    Du côté du Domaine Vallier Robert, auparavant le Domaine Acer, la première coulée gardée a été récoltée le 28 févier. «Ce qui m’a frappée dans la cabane, c’est que vraiment ça sentait très très bon comme dans les meilleurs moments de la saison des sucres. C’était très parfumé, riche. […] J’ai l’impression que le sirop ne sera pas boisé, juste à l’odeur, je suis certaine. Donc on commencerait tout de suite avec un sirop de très bonne qualité», rapporte Nathalie Decaigny copropriétaire et vice-présidente de l’entreprise.

    Selon M. Plourde, plusieurs producteurs n’étaient pas prêts à temps puisque leur entaillage n’était pas terminé. Cette tâche se finit normalement vers la fin février. 

    Les températures plus chaudes que la normale connues cet hiver, qui font penser aux Celsius printaniers, sont bonnes pour l’acériculture, avance le président des PPAQ. «C’est comme si on fait juste devancer la saison». 

    Cependant, ces changements drastiques viennent avec leurs lots de modifications à effectuer pour s’adapter à cette nouvelle réalité. «De se mettre un objectif d’être prêt fin février, début mars, je pense que ce ne sera plus ça dans les années à venir parce qu’on voit de plus en plus de grands écarts de température», explique M. Plourde.

    Les producteurs devront ajuster leurs habitudes au niveau de l’entaillage et de la préparation aux saisons, soutient-il. À la place d’historiquement entailler à partir du début janvier, les acériculteurs devront commencer dès décembre afin de ne pas perdre de coulées précoces.

    AVENIR DE LA SAISON

    Justin Plourde ne connait pas l’impact à long terme des mercures plus chauds sur la saison en cours. Des températures dans les 10 degrés Celsius et plus peuvent accélérer le développement des érables et faire couler plus rapidement de la sève, ce qui n’est pas le cas pour le moment. «Comme on est en début de saison, ce n’est pas grave, ça va juste dégeler l’arbre comme il faut», assure-t-il. 

    Si la tendance se maintient et que la météo annoncée cette semaine, enregistrant des journées de 7 à 8 degrés et des nuits à de -2 à -3 degrés, se poursuit, la première semaine de mars pourrait connaitre une bonne production. «Ce qui est important pour la récolte, c’est le gradient de température, c’est-à-dire la différence de température entre le jour et la nuit», soutient Nathalie Decaigny.

    Ces températures inquiètent un peu les acériculteurs, partage Justin Plourde. Ils ne savent pas à quoi s’attendre pour mars et avril. Il est toutefois confiant que la production se déroulera bien à court et moyen terme et espère que la saison s’étirera le plus possible vers la fin avril ou au début mai. «Plus la saison est longue pour nous, mieux c’est», conclut-il. 

    Nathalie Decaigny, pour sa part, ne veut pas s’avancer afin d’éviter de se tromper entre ses espoirs et ce qui se passe réellement. Ce qu’elle sait cependant, c’est que : «Chaque année est unique, finalement».
     

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