Grève d’une semaine du Front commun
«C’est long. On aurait aimé que ça se règle plus vite» -Natacha Blanchet
Les 12 000 membres du Front commun du Bas-Saint-Laurent étaient de retour sur les lignes de piquetage ce 11 décembre après le déclenchement d’une grève d’une semaine le 8 décembre. Près de 50 membres du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage (SEGP-CSQ) sur 1 550 se sont mobilisés malgré la température devant le Centre de formation professionnelle Pavillon-de-l’Avenir de Rivière-du-Loup pour mettre de l’avant leurs demandes sectorielles.
Les demandes principales du SEGP-CSQ outre le salaire, sont l’allègement de la tâche ainsi qu’une meilleure composition de la classe. «C’est vraiment important parce que c’est ça qui va donner de l’air à nos professeurs. La classe s’est drôlement complexifiée avec les années. Les enseignants ne font plus d’enseignement magistral à un groupe d’élèves, c’est pratiquement de l’enseignement individualisé au quotidien», explique Natacha Blanchet, présidente du SEGP-CSQ.
Pour pallier aux troubles de comportements, d’apprentissage et de francisation, «les enseignants doivent se mouler aux élèves individuellement», clame-t-elle. Ainsi, les élèves plus forts ont moins de services, puisque ceux avec de grands besoins prennent beaucoup de temps aux professeurs.
À cet enjeu, la partie patronale a proposé 4 000 aides à la classe sur 5 ans. Cette fonction pourrait, entre autres, être assurée par des techniciennes en service de garde dont les heures sont coupées. Toutefois, cette aide serait technique et ne permettrait pas d’appuyer l’enseignant dans l’apprentissage des élèves, partage Mme Blanchet.
«Ce n’est pas la recette magique à tout, lance la première vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Line Camerlain. Ça a l’air beau comme ça, mais à la prochaine rentrée, il y a peu de classes qui en auraient». Sur la période donnée, les professeurs ne compteraient que sur une heure ou deux d’aide en classe, selon les calculs du Front commun.
En équilibrant le tâche, le salaire et la composition de la classe, Mme Blanchet croit qu’il sera plus facile d’attirer des gens enseignement, mais aussi de les retenir puisque de nombreuses personnes quittent pour un emploi avec de meilleures conditions.
Selon les chiffres du Front commun, le retard salarial est chiffré à 16,7 % et le retard de rémunération globale à 7,4 %. La moyenne salariale de ses employés s’élève à 43 916 $. Un enseignant permanent avec une expérience de 15 ans au plus haut échelon, soit le 16e, gagne 92 000 $.
«Le taux de précarité chez le personnel de soutien est à 70 %», avance Mme Camerlain. Elle mentionne aussi les mêmes difficultés chez les enseignants en formation professionnelle et en éducation des adultes. «Alors il faut regarder, pas nécessairement le salaire au sommet de l’échelle, mais les salaires d’entrée». Un professeur qui commencerait, par exemple, à 53 000 $ à 50 % de sa tâche gagnerait donc la moitié de ce salaire.
OFFRE GOUVERNEMENTALE
La dernière offre de 12,7 % sur cinq ans du gouvernement a été déposée deux jours avant le déclenchement de la grève d’une semaine du front commun. «Les travailleurs et travailleuses dans les services publics continuent de s’appauvrir. Le gouvernement oublie l’année 2022. Même quand on regarde l’inflation prévue entre 2023 et 2028, le 12,7 % ne couvre la couvre même pas», soutient la première vice-présidente de la CSQ.
Elle trouve cette dernière proposition nettement insuffisante compte tenu de l’indice de l’inflation 2022 supérieur à 6 %. «On ne parle même pas de rattrapage salarial quand l’institut de la statistique vient prouver encore une fois que les travailleuses et travailleurs dans les services publics sont en retard par rapport à des comparables», évoque-t-elle.
Le gouvernement indique que sa dernière offre s’élève jusqu’à 16,7 %. «Le 4 % ce sont des bonifications sectorielles, ce n’est pas nécessairement de l’argent dans les poches des travailleuses et travailleurs, assure Mme Camerlain. Et il le place dans ses priorités gouvernementales et non dans nos priorités syndicales.»
Le Front commun a encore espoir de s’entendre avec la partie patronale avant la fin de l’année. «Cette semaine-ci est déterminante», témoigne-t-elle. La première vice-présidente signifie que l’organisation est prête à trouver un terrain d’entente et est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour arriver à un règlement. Elle ne souhaite pas que les négociations débordent en 2024 et qu’une grève générale illimitée soit déclenchée.