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Des entreprises du KRTB affectées par la consignation modernisée

durée 18 novembre 2023 | 07h00
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    Plus de deux semaines se sont écoulées depuis l’entrée en vigueur de la première phase de modernisation de la consigne au Québec. Le 1er novembre, presque tous les contenants de boisson en aluminium ont été ajoutés au système de recyclage en place. Une mise à jour attendue, mais qui a un impact énorme chez des détaillants du KRTB, plus particulièrement ceux de plus petite envergure.

    Avec la nouvelle mouture du système, le gouvernement compte plus que doubler le nombre de bouteilles consignées annuellement, en le faisant passer de 2,4 à 5 milliards.

    Les cannettes en aluminium de 100 ml à 2 L ont été ajoutées à la consignation, et ce peu importe leur contenu. La consigne a aussi été doublée et uniformisée à 10 cents pour inciter les Québécois à retourner leurs bouteilles en magasin, sauf quelques exceptions. Au moins 1 200 lieux de retour seront aussi mis en place cette année.

    Les détaillants de plus de 375 mètres carrés ont l’obligation de reprendre les consignes. Ceux qui sont de plus petite taille ont le choix de s’inscrire ou non comme un lieu de retour.

    MANQUE DE COMMUNICATION

    Les trois commerçants rejoints par Info Dimanche, dont un qui a témoigné sous le couvert de l’anonymat, reprochent le manque de communication de la part du gouvernement québécois au sujet de la modernisation de la consignation autant du côté des détaillants que des clients. 

    De son côté, Sandra St-Jean, propriétaire du Marché des Iles de L’Isle-Verte a dû prendre une décision crève-cœur pour son entreprise à la suite de la mise à jour de la consigne : ne pas l’inscrire comme un lieu de retour. Elle souligne que quelques jours avant la nouvelle mesure et la journée même de son entrée en vigueur les entreprises concernées par les contenants consignés étaient dans le brouillard. Les propriétaires devaient donc faire un choix quant à la poursuite du ramassage de consignes sans avoir toutes les données pour prendre cette décision.

    Et qu’ils aient choisi de s’inscrire ou non, ces derniers doivent effectuer de la sensibilisation auprès de leurs clients. «[Le gouvernement] nous a promis des campagnes de publicité incroyables en septembre […] Oui, on en a vu un peu de publicité, mais pas tant que ça. J’ai plein de clients qui ne connaissent même pas la nouvelle consignation en vigueur», partage Sandra St-Jean.

    Les détaillants éduquent donc la population, souvent frustrée par le changement, tout en ne pouvant leur dévoiler les fins détails de la modernisation puisque le gouvernement lui-même ne leur répond pas, selon l’entrepreneure. 

    DES INCONVÉNIENTS NON NÉGLIGEABLES

    La mise à jour de la consignation apporte son lot de difficultés chez les petites entreprises. Pour celles qui décident de continuer à être un lieu de retour l’espace manque pour stocker les consignes. «On devient des entrepôts», argue Mme St-Jean. Il y a aussi une question de salubrité puisque ce ne sont pas tous les clients qui rincent leurs contenants, partage-t-elle.

    Les détaillants perdent aussi des revenus puisque certaines bouteilles consignées à 20 cents ont descendu à 10 cents, occasionnant des pertes de milliers de dollars. De plus, lorsqu’ils décident de ne pas être un lieu de retour, ils doivent afficher dans la façade de leur magasin le commerçant le plus proche qui ramasse les consignations. Mme St-Jean indique qu’elle n’a rien contre la compétition, qu’elle est même nécessaire, mais que la journée où l’un de ses clients aura besoin d’aller porter ses consignes, elle perdra une vente. Une vente qui peut être multipliée facilement une dizaine de fois et qui représente un gros montant pour une petite épicerie.

    «C’est tout ou rien, se désole la femme d’affaires. […] On avantage encore les grosses bannières [au détriment] des marchés de proximité».
    Elle déplore aussi l’énorme charge de travail qui vient avec le changement de système. Les petits commerces ne sont pas adaptés pour devenir de minis centres de tri, car ils n’ont pas l’équipement nécessaire comme des «gobeuses» et manquent souvent de personnel pour effectuer du triage. 

    La deuxième phase de modernisation de la consigne prévue en mars 2025, s’appliquera aux autres contenants non-visés par la consigne actuelle tels que les bouteilles d’eau, de vin et spiritueux, les cartons de lait et de jus, notamment. Le gouvernement a prévu d’ériger 300 centres de tri de plus avant 2026. «Mais on n’a pas encore les fin détails par rapport à quoi ça va ressembler», a confié Valérie Samson, chargée de communication en environnement chez Co-Éco Bas-Saint-Laurent.

    De son côté, Yanick Bélanger, copropriétaire du Dépanneur Jacques Lamonde à Pohénégamook, a décidé de continuer malgré les nombreux inconvénients du changement afin de ne pas perdre ses clients. Il espère ne pas être obligé d’accepter les changements prévus en 2025 sinon il s’attend à tout abandonner en raison de la grande diversité des contenants. «Je trouve que ça fonctionnait bien avant, je ne comprends pas tout ce casse-tête-là honnêtement.»

    «On nous a poussé ça dans la gorge» -Yanick Bélanger.

    La solution évoquée par certains entrepreneurs serait de ne faire affaire qu’à un seul endroit pour la consignation afin d’éviter d’envoyer les clients d’un côté ou de l’autre chez des compétiteurs. D’après eux, les écocentres, déjà des endroits de récupération, seraient parfaits pour cela. Questionnée sur le sujet, Mme Samson n’a pas voulu se prononcer sur l’idée.
     

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