Des organismes souhaitent plus d’humanité dans la réforme du réseau de la santé et des services sociaux
La Table régionale des organismes communautaires (TROC) du Bas-Saint-Laurent et la Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent (TCGFBSL) demandent à la commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), Joanne Castonguay et au ministre Christian Dubé de les entendre, de mettre un «stop» à la privatisation en santé et de faire place dans la réforme à venir à l’humanité en favorisant l’accessibilité, l’universalité, la gratuité, l’équité et le droit à la santé.
Ce message fait suite à la consultation lancée par la Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE), Joanne Castonguay, tenu le 9 novembre à l’Hôtel Rimouski pour connaître «les attentes et préférences des Québécoises et des Québécois à l’égard du système de santé et de services sociaux».
Cet évènement est survenu à l’aube d’une réforme majeure du système de santé et de services sociaux avec le dépôt du projet de loi 15 «visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace» par Christian Dubé en mars dernier. Les changements annoncés aboliront les CISSS et les CIUSSS, en mettant la hache dans de nombreux conseils d’administration et dans plus de 150 comités d’usagers au profit de la centralisation du pouvoir.
Les organismes indiquent que Mme Castonguay affiche de plus clairement son penchant pour le privé. Elle clamait haut et fort lors de sa conférence la nécessaire transformation du système de santé du Québec : «Si on veut le conserver, il faut informer la population sur la façon de l’améliorer et créer des liens avec le secteur privé». Le ministre Dubé abonde d’ailleurs en ce sens. Il déclarait en mars 2023 lors de la présentation du projet de loi : «La présence du privé sur Clic Santé permet d’atténuer les difficultés du réseau public».
Sonia Palato agente de développement à la TCGFBSL précise qu’il y a plus de 50 ans, des ménages s’endettaient pour se faire soigner et que l’association au privé constitue un recul pour la société en matière de justice. Elle souligne que: «L’accessibilité universelle et non discriminatoire est un critère essentiel du droit à la santé, c’est reconnu mondialement par l’Organisation mondiale de la Santé. La privatisation et la perte d’accessibilité au système de santé ramènent le poids des soins sur le dos des femmes et nuisent à la santé des personnes déjà fragilisées».
Émilie Saint-Pierre, coordonnatrice de la TROC du Bas-Saint-Laurent, conlut que: «Plusieurs solutions existent pour améliorer le système de santé et de services sociaux, et la réforme du ministre Dubé n’est pas une vérité absolue! Le ministre doit opérer un virage à 180 degrés pour sa réforme. Il doit effectuer une réelle décentralisation qui redonnerait un pouvoir décisionnel aux instances locales et remettrait la démocratie au cœur de la gouvernance du réseau afin de s’assurer de la prise en compte des besoins des populations. Finalement, cesser le recours au privé en santé et élargir sa vision de la santé s’avère incontournable. Le système de santé et sa vision axée sur le traitement curatif et l’approche hospitalocentriste doivent faire plus de place à la prévention et à l’approche globale en santé».