Autonomie alimentaire : «C’est grand temps qu’il se passe quelque chose» -Francis Caouette
Dans une lettre ouverte partagée aux médias et adressée à la députée de Rimouski et ministre des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie - Îles-de-la-Madeleine, Maïté Blanchette Vézina, le président des Producteurs de grains de l'Est du Québec, Francis Caouette, réitère la nécessité que le gouvernement mette en place un programme spécialement dédié aux producteurs des régions éloignées.
Cette interpellation vise à faire bouger ce qui a déjà été entamé plus tôt cette année par l’Union des producteurs agricoles (UPA). En avril dernier, l’organisation a publié des statistiques révélant un solde résiduel négatif des agriculteurs du Bas-Saint-Laurent à 41 %. Ce nombre est élevé en raison de l’augmentation du cout des intrants de production, de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt, puis du cout du transport.
Les Producteurs de grains de l'Est du Québec demandent donc au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de créer un programme qui s’ajouterait à celui de l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) pour les régions plus éloignées aux prises avec un manque de ressources. «Il faut faire bouger les choses», clame M. Caouette
Avant de tirer la sonnette d’alarme, il tente d’attirer l’attention de la députée, puisque les demandes de l’UPA ont stagné. «On n’a pas un gouvernement qui est pro agricole, il est pro santé et pro éducation, ce qui est très très très louable. Mais un moment donné au bout de la ligne avec tout le monde qui mange deux à trois repas par jour, ça commence à être important d’avoir une agriculture durable et d’avoir des entreprises en santé», souligne-t-il.
En plus, les intempéries de la saison estivale ont causé des répercussions conséquentes sur les récoltes. Francis Caouette explique que la pousse des mauvaises herbes est devenue incontrôlable. La verse, soit l’affaissement des plants, a permis à ces plantes non désirées de passer au travers des productions. L’humidité a aussi contribué à la prolifération de champignons qui apportent des toxines aux produits.
«C’est une catastrophe agricole qui est en train de se passer»
Moins de produits peuvent donc être consommés par les humains et des frais supplémentaires sont engendrés pour l’alimentation animale. Les productions sont donc de moins bonne qualité et en moins grandes quantités. Selon M. Caouette, les agriculteurs perdent donc au moins 25 % de la valeur de leurs récoltes.
Les producteurs ont donc besoin de l’aide de Québec pour poursuivre leur travail et continuer de nourrir la province : «La pérennité agricole c’est la pérennité la plus importante qu’il peut y avoir dans n’importe quel pays. Sans nourriture, on ne peut pas vivre».
Bien que l’environnement agricole soit assez propre et réglementé et que des producteurs aient répondu à l’appel au niveau climatique, avec la perte de produits le Québec doit en importer, d’après M. Caouette. Cette situation a une incidence directe sur le panier d’épicerie du consommateur autant du côté du prix que tu côté de la qualité des aliments, informe-t-il. Avec l’importation, les prix sont plus chers et les pays d’où viennent les produits n’ont pas les mêmes règles environnementales imposées. «C’est une aberration», soutient le président.
Pour assurer une stabilité alimentaire et éventuellement une autonomie, tous les agriculteurs doivent rester actifs, selon lui. Pour y arriver, il indique qu’une aide gouvernementale est indispensable.
«On a la diversité alimentaire, on a la capacité, on a la flamme des producteurs […] mais en raison de circonstances hors de notre ressort, de frais qui nous sont imposés, on va se retrouver à ne pas l’avoir, car on ne pourra pas continuer», partage Francis Caouette.
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