De la moule zébrée détectée dans cinq lacs du Bas-Saint-Laurent
À la suite de la découverte de moules zébrées au lac Témiscouata à la fin de l’été 2022, le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et ses partenaires régionaux ont inspecté une vingtaine de plans d’eau en 2023 et 2024. Des véligères (larves) ont été décelées dans autres quatre plans d’eau de la région. La moule zébrée est considérée comme établie dans les lacs Jerry, Saint-Jean, des Aigles, et le Grand lac Squatec.
Selon la biologiste Stéphanie Arsenault de la direction de la gestion de la faune du Bas-Saint-Laurent, ces quatre lacs sont toutefois en début d’infestation. Les équipes du MELCCFP n’ont trouvé que des larves de moule zébrée en suspension dans la colonne d’eau. Il pourrait s’écouler quelques années avant que les mollusques ne deviennent visibles. Les larves dans ces plans d’eau confirment que des individus adultes sont présents et en mesure de se reproduire.
À noter que la présence de moule zébrée au Petit lac Saint-Mathieu et au lac Saint-Mathieu est à valider. Des investigations supplémentaires seront réalisées en 2025, selon le MELCCFP. Les résultats des analyses d'ADN environnemental ont révélé la présence d'ADN de moule zébrée dans 10 lacs du Bas-Saint-Laurent.
«En 2022, on a constaté qu’il y avait présence d’individus de deux à trois centimètres dans le lac Témiscouata. Ça nous indiquait que ces individus étaient présents depuis deux ou trois ans. En plus, on retrouvait de la moule zébrée partout dans le lac. Elle devait être présente dans le lac Témiscouata depuis déjà plusieurs années», explique la biologiste à la direction de la gestion de la faune du Bas-Saint-Laurent, Stéphanie Arsenault. Ainsi, le lac Témiscouata était un réservoir de moule zébrée, à l’insu des riverains.
Depuis que la moule zébrée a été détectée au lac Témiscouata, les densités moyennes d'individus observées sont passées de 150 individus par mètre carré en 2022 à des densités allant jusqu'à 20 000 individus par mètre carré en 2024, rapporte le MELCCFP.
«À chaque fois qu’il y avait des déplacements de bateaux entre le lac Témiscouata et d’autres plans d’eau, c’était susceptible de transporter des larves [de moule zébrée)», ajoute-t-elle.
NETTOYAGE DES EMBARCATIONS
Par ailleurs, quatre plans d'eau sont considérés comme suspects, c’est-à-dire que des signes de présence potentielle de la moule zébrée ont été détectés, soit les lacs Mitis, Matapédia, Huron, et le Petit lac Touladi.
«C’est préoccupant. Ce qui m’encourage, c’est que les gens dans la région sont assez proactifs. La solution, c’est d’adopter des bonnes pratiques en matière de nettoyage d’embarcations», souligne Mme Arsenault. La population a rapidement été sensibilisée à l’enjeu des espèces aquatiques envahissantes. Des stations de lavage ont été implantées près des plans d’eau concernés. «Le nettoyage d’embarcations est la solution pour prévenir les espèces envahissantes», précise la biologiste.
L’objectif visé est de diminuer tous les échanges entre les plans d’eau en adoptant de bonnes pratiques collectivement. «Lorsqu’il y a des larves dans la colonne d’eau, il faudrait tout filtrer l’eau d’un lac pour l’éradiquer. C’est impossible. À partir du moment où on constate la présence des premiers individus, ce qu’on peut faire, c’est contrôler les impacts», complète Stéphanie Arsenault. Le lavage des embarcations à la sortie des plans d’eau infestés devrait aussi être priorisé.
Sur les 22 lacs inspectés par le MELCCFP, 12 sont considérés comme propices, soit les lacs Beau, Casault, Causapscal, Huit Mille, Humqui, Long, Lunettes, Mistigougèche, Prime, le Grand lac Neigette, le Petit lac Squatec et le Grand lac Touladi.
IMPLICATION DE LA POPULATION
La collaboration des citoyens est sollicitée pour signaler toute observation de cette espèce afin de mieux répertorier sa présence dans les lacs du Québec. La présence de la moule zébrée dans les lacs du Québec entraine de nombreux effets négatifs: la prolifération des plantes aquatiques et augmentation de la probabilité de floraison de cyanobactéries; diminution du phytoplancton, ce qui réduit la nourriture pour les poissons; mortalité de mollusques indigènes qui offrent plusieurs bénéfices pour le lac; diminution de la survie des œufs de poissons dans les zones de frai; encrassement des quais, barrages, prises d'eau et autres infrastructures fixes.
La moule zébrée est un mollusque de moins de quatre centimètres reconnaissable par sa forme triangulaire et ses rayures. Elle se fixe sur des structures comme les roches, les bouts de branches, la végétation, les quais ou la coque des bateaux, contrairement aux moules d'eau douce indigènes, qui s'enfouissent dans le sable ou la vase.
Les citoyens peuvent signaler leurs observations au Ministère par courriel ou par téléphone : [email protected] ou au 1 877 346-6763.
Lorsque cela est possible, la mention doit être accompagnée des coordonnées géographiques du lieu et d'une photo claire du spécimen.
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