Reconstruction d’un mur de soutènement
Le Crevier Express de Dégelis cloitré par des travaux
Opérateurs du Crevier Express de Dégelis, Benoît Dufresne et Jessica Dubé-Bernier ont vite vu les difficultés de tenir leur propre entreprise. La bulle entourant leur rêve a été crevée à peine un an après qu’ils se soient lancés en affaires. Sur fond de chantier et de station-service déserte, ils se sont confiés à Info Dimanche.
Le mur de soutènement longeant l’autoroute 185 en direction sud pose problème depuis sa fabrication. Les travaux de reconstruction, situés peu avant la bretelle 14, ont débuté le 12 juillet au grand dam du couple. En juin, le commerce a connu un bel achalandage et de belles ventes. Le mois de juillet s’annonçait prometteur avec une croissance des ventes en deux semaines comparativement à l’année 2022.
Mais la fermeture de la sortie principale qui mène au Crevier Express a drastiquement coupé les revenus des exploitants. «L’été a été catastrophique», se désole M. Dufresne. Habituellement, l’été est la meilleure saison du commerce en raison des touristes se déplaçant vers le Nouveau-Brunswick ou les Maritimes, partage-t-il.
Alors que cette période de l’année lui permet de mettre de l’argent de côté pour les mois plus tranquilles de l’hiver, le couple se retrouve à sec. À ce jour, il a perdu 30 % d’achalandage et de ventes, une somme supérieure au salaire annuel de M. Dufresne. Et malheureusement, ce pourcentage est appelé à augmenter.
La sortie temporaire mise en place au kilomètre 15 par le ministère des Transports (MTQ) au commencement des travaux a été fermée ce 7 septembre à la suite d’un accident. Un camion s’est renversé et a pris feu. D’autres incidents mineurs ont aussi été rapportés au MTQ. «Le ministère a constaté que certains usagers de la route ne respectaient pas la signalisation en place et adoptaient des comportements dangereux pour leur sécurité et celle des autres usagers et des travailleurs», souligne le porte-parole du MTQ au Bas-Saint-Laurent, Jean-Philippe Langlais.
«Sauf que là, il arrive quoi avec moi?», soulève Benoît Dufresne. «Il me reste juste le local et encore là, depuis la fermeture de la bretelle, on voit que les gens ne viennent plus. On dirait qu’ils pensent qu’on est fermés», soutient-il. Le peu de clients que les commerçants pouvaient attirer grâce à la bretelle temporaire leur ont été détournés. Et déjà, très peu de gens venaient. Sur 10 véhicules, seulement 2 se rendaient à la station d’essence, malgré qu’elle se situe face à l’intersection : «C’est tellement enclavé [par les barrières] qu’on dirait que je suis fermé», regrette-t-il.
Le 8 septembre, un détour a été mis sur pied par la sortie 12. Cependant, les automobilistes se rendent à la station-service située à la bretelle et ne continuent pas leur chemin jusqu’au Crevier Express, indique M. Dufresne.
AUCUNE INDEMNISATION PRÉVUE
«Je m’explique mal pourquoi le ministère n’est pas capable de prévoir des compensations pour les commerces. Ça me titille», confie l’exploitant. Il ne comprend d’autant pas puisque le mur de soutènement problématique a été construit lors de la mise en place de l’autoroute. Il a commencé à s’effondrer en 2013 en raison de problèmes de drainage derrière le mur. Depuis, des travaux pour contenir l’affaissement ont été réalisés jusqu’à la reconstruction, puisque le MTQ a poursuivi en justice l’entrepreneur qui a préalablement fait le mur.
M. Dufresne et sa conjointe ont contacté le bureau d’Amélie Dionne afin de connaitre leurs recours dans cette situation. L’attaché de la députée de Rivière-du-Loup - Témiscouata, Yves Lebel, a envoyé plusieurs courriels la semaine derrière. «Il a tout de suite eu des réponses que dans notre dossier il n’y avait pas de compensation possible. […] C’est dommage, car on ne demande pas de dédommagements moraux ou autres. Ce que je veux c’est récupérer ce que j’aurais été censé faire durant l’été, raconte-t-il. Ou une partie des pertes», complète Jessica Dubé-Bernier.
La Ville de Dégelis appuie les locataires du Crevier Express dans leurs démarches. Elle compte faire pression auprès du directeur général du Bas-Saint-Laurent - Gaspésie - Îles-de-la-Madeleine au MTQ, Roger Gagnon, pour faire bouger les choses. «Dans une petite communauté, on n’a pas les moyens de perdre un commerce de cette envergure-là», avance le directeur général de la ville, Sébastien Bourgault.