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Des modèles réduits aux milles et un détails

durée 7 août 2023 | 06h58
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Jean-Claude Vaillancourt a toujours aimé la machinerie lourde. Propriétaire d’une compagnie d’excavation et chauffeur d’une dameuse au Parc du Mont-St-Mathieu pendant plusieurs années, il a passé sa vie à les opérer et à en prendre soin. Sa passion ne date pas d’hier et elle le suit même à la maison la fin de semaine, alors qu’il met des heures à construire des modèles réduits dans son garage. Des pièces qui impressionnent par leur réalisme et le souci du détail de leur créateur.

    L’homme de 72 ans a présenté certaines de ses créations il y a deux semaines au vignoble de Saint-Mathieu-de-Rioux, son village natal. Des répliques d’engins à moteur qui ont pour la plupart fait partie de sa vie à un moment ou un autre, sauf une. Une pièce toute spéciale qu’il a pris un quart de siècle à finaliser. 

    C’est le propriétaire de l’ancien vignoble, Yvon Ouellet, qui a un peu poussé son vieil ami à faire cette exposition, admet-il en riant. Jean-Claude Vaillancourt n’a jamais cherché les feux des projecteurs, il ne craint pas de l’avouer, mais il est heureux d’avoir finalement accepté l’invitation. Dans les yeux des visiteurs, il a découvert un enthousiasme qu’il n’espérait pas, parfois le même entrain, la même passion que lui. 

    «Jean-Claude a donné beaucoup pour le vignoble et le milieu. Maintenant, c’est à lui de recevoir un peu», a souligné M. Ouellet, le 23 juillet. 

    «Un monsieur est resté quatre heures, tout un après-midi, à observer [mes créations] et à en parler. Je n’en revenais pas», a partagé M. Vaillancourt, tout sourire. «Je ne l’ai pas fait pour moi ou pour la reconnaissance. Ça me rend fier que les gens y trouvent quelque chose.»

    UN DÉTAIL À LA FOIS

    Il en faut, du temps, pour bien comprendre et admirer le travail de l’artisan. Ses reproductions, aussi différentes les unes que les autres, sont confectionnées au détail près et il faut plusieurs minutes pour en apprécier l’entièreté. Chaque observation fait d’ailleurs apparaitre de nouveaux éléments, de nouvelles surprises.

    Jean-Claude Vaillancourt fait tout à la main, des pièces de bois aux pièces de métal, en passant par les petites touches de caoutchouc. Rien ne lui échappe, c’est un touche-à-tout. Un autodidacte débrouillard, créatif et habile de ses mains, dont la meilleure amie est sans doute sa scie à ruban, lors de longues soirées d’hiver. 

    «C’est de famille, a-t-il répondu, lorsque questionné sur ses habilités dans un atelier. Il faut croire que j’ai ça dans le sang», a-t-il ajouté en riant. 

    Son histoire d’amour avec les modèles réduits a commencé très jeune. Il avait 16 ans quand il a construit, en 1966, une réplique d’un tracteur à chenilles Caterpillar D6 (1952), une machine que son père manœuvrait à l’époque. La reproduction est majoritairement faite de métal et le nombre de petits détails est incalculable, du système hydraulique à la chaine, en passant par la structure elle-même.

    «J’ai pris du fer et je suis parti avec ça. Il a trainé un peu partout depuis, mais j’ai décidé de le rafraichir il y a trois ans. Là, il a fière allure», dit-il. C’était le début d’une belle et grande aventure.

    Depuis 50 ans, il a travaillé ici et là sur une dizaine de modèles. Parmi le groupe, on retrouve un Bombardier BR-400 1986, une machine qu’il a conduite lui-même dans les pentes du Mont St-Mathieu et dont la réplique le rend très fier, et un aéroglisseur 1998. 

    Plus récemment, il a répliqué le tout premier ski-doo Bombardier de 1959 – que sa famille a possédé – et une rétrocaveuse Case 680-H 1984. Pour cette dernière, il s’est inspiré de celle présente dans sa cour arrière, achetée neuve, il y a déjà quelques décennies. 

    «J’ai pris l’originale pour en faire une réplique presque identique», souligne-t-il fièrement. «Le petit n’a pas été fait à l’échelle, mais à l’œil» , précise-t-il.

    À regarder le modèle réduit, on pourrait toutefois croire que l’artisan s’est fié à un plan. Les proportions sont pratiquement parfaites et rien ne manque. On pourrait dire la même chose de chacune de ses créations, d’ailleurs. Même les portières fonctionnent et les intérieurs sont tout aussi détaillés. Un ouvrage qu’il estime, en moyenne, à plus de 450 heures pour certains modèles. 

    «Pour la ‘’pépine’’, j’ai utilisé le livre de pièces afin de ne rien oublier. Je prenais des mesures, je comparais les degrés. Tout est là, de l’extérieur à l’intérieur. Même les couleurs sont les mêmes. Et c’est la peinture originale!»

    TITANIC 

    Cette fin de semaine de juillet, les créations de Jean-Claude Vaillancourt étaient bien en vue. Elles brillaient au-dessus du lac Saint-Mathieu. Mais par la force des choses, l’une d’entre elles sortait du lot et volait la vedette. Une réplique du Titanic, le célèbre paquebot transatlantique britannique qui a fait naufrage dans l'océan Atlantique Nord en 1912. Une pièce longue de plusieurs pieds et de grandeur d’homme, lorsque déposée sur une table. La couronne de sa collection. 

    Cette maquette est la plus récente réalisée par M. Vaillancourt. Un projet principalement de bois qu’il a repris, l’hiver dernier, après une pause estimée à 25 ans.

    «C’est celle qui attire le plus l’attention», mentionne-t-il sans surprise, un sourire en coin. 

    «C’est mon plus beau, mon plus gros aussi.»

    Fier, il estime avoir passé 2 000 heures pour l’achever, y consacrant de 40 à 45 heures par semaine. Un deuxième emploi à temps plein pour celui qui est toujours sur le marché du travail, rien de moins. Mais cette fois, il n’a pas chargé de temps supplémentaire…

    «Je l’ai recommencée en novembre et je l’ai terminée il y a quelques jours en juillet. Il y avait beaucoup à faire, énormément de petites pièces. J’ai dû passer une semaine, près de 40 h, pour les cheminées de tôle uniquement.»

    C’était beaucoup de travail, mais aujourd’hui, le Titanic revit à nouveau et dans toute sa beauté. Une pièce de collection, dont il ne pourrait être plus heureux, même s’il y a toujours de petits éléments à corriger, perfectionnisme oblige.

    «Je me suis basé sur le gros livre du film. Et je peux te dire que les pages ne tiennent pratiquement plus», note-t-il avec humour. 

    LE METTRE À L’EAU 

    Si les modèles réduits de Jean-Claude Vaillancourt sont impressionnants à vue, par leur réalisme, ils le sont encore plus lorsque le passionné explique qu’ils sont pour la plupart fonctionnels. Il souligne avoir utilisé différents moteurs, certains de petites voitures à batteries, d’autres de petits avions à moteur, pour leur donner vie. C’est la seule chose qu’il n’a pas fabriquée lui-même, finalement... 

    C’est aussi le cas du fameux Titanic qui, après l’installation prochaine de nouvelles hélices en cuivre et la réalisation de quelques tests, voguera sur le lac St-Mathieu. 

    «Je veux le mettre à l’eau avec des amis», a confirmé M. Vaillancourt, y voyant une façon de boucler la boucle. «Le soir, avec les lumières et une bande sonore du film, ça va être merveilleux.»

    On lui souhaite que son chef-d’œuvre ne subisse pas le triste sort du vrai paquebot. Heureusement, quoi qu’en disent certains plaisanciers, le lac n’est pas assez froid pour qu’on y retrouve des icebergs. Et pour le reste, le professionnalisme et la passion de Jean-Claude Vaillancourt suffiront. Le voyage sera un succès.

     

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