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Le Catalyst, la science derrière le gin 

durée 30 juillet 2023 | 06h52
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Pour certains, le gin est simplement l’ingrédient de base d’un bon cocktail. Un alcool fort reconnu, parfois boisé, parfois fruité et acidulé, qui jouit d’une grande popularité actuellement au Québec. Pour d’autres, sans doute moins nombreux, c’est avant tout le résultat d’interactions chimiques, la combinaison d’aromates, dont les molécules uniques interagissent ensemble... Christopher Bérubé, de Trois-Pistoles, fait partie du deuxième groupe. 

    L’homme de 32 ans, docteur en chimie (PhD), aime beaucoup les spiritueux. Il les comprend peut-être même plus, dans leur singularité, que le simple amateur d’un bon verre un soir d’été. Ces dernières années, ses connaissances et son intérêt l’ont d’ailleurs amené vers la production, et éventuellement la création de la recette du Gin Catalyst, l’un des plus récents produits à avoir fait son entrée à la Société des Alcools du Québec (SAQ). 

    Un gin «unique» et «innovant», décrit-il en entrevue, dont le développement et la réalisation ont été basés avant tout sur la science. Oubliez donc la traditionnelle «méthode essai-erreur», place aux faits, aux réflexions rationnelles et pragmatiques vers l’atteinte de résultats. 

    «La chimie est partout», lance Christopher Bérubé au bout du fil. «On sait par exemple qu’il existe des molécules très connues qui peuvent se lier ensemble de façon préférentielle aux récepteurs gustatifs en bouche. Ça va donner une douceur au produit et atténuer l’effet de l’alcool.»

    Rejoint à la mi-juillet, Christopher Bérubé parle de science avec passion. Il étudie les produits naturels depuis plus de 10 ans et travaille dans le domaine pharmaceutique dans son métier de tous les jours. Mais voilà, il met maintenant aussi ses connaissances à profit pour une cause un peu plus légère : le plaisir d’un bon verre. 

    «C’est un peu de là qu’est née l’idée derrière notre compagnie, note-t-il d’ailleurs. On veut créer de nouveaux produits avec la science, amener quelque chose de nouveau sur le marché.»

    «UN CHEF D’ŒUVRE»

    L’entreprise en question ici, c’est les Spiritueux Chevaliers. Un projet d’affaires dont Christopher fait partie avec quatre partenaires : Alex Tanguay, Étienne Boutet, Yves Cinq-Mars et Frédérick Rioux. Un groupe de passionnés, issus de différents milieux, qui se sont rassemblés à travers leur amour des spiritueux et du sport. Frédérick Rioux, un ami d’enfance de Christopher, est un autre nom qui résonnera dans Les Basques, puisqu’il est lui aussi originaire de Trois-Pistoles. 

    L’entreprise est jeune, mais ça n’a pas empêché son premier produit, le Gin Catalyst, de connaitre beaucoup de succès depuis son lancement officiel au Clubby Bar du Capitole de Québec, à la fin juin. Le gin accumule les commentaires positifs, tant sur le site de la SAQ que sur les réseaux sociaux. On y lit qu’il est à la fois «facile à boire», «surprenant», «doux», «complexe» et «unique». «Un chef d’œuvre», ajoute même un internaute. Bref, des mots qui dénotent une appréciation certaine et qui font plaisir à l’homme derrière la recette. 

    Le principal intéressé partage qu’il lui aura fallu quatre ans de recherches et plusieurs dizaines de tentatives bien ciblées pour qu’il trouve une formule qui lui convienne enfin. Le résultat est un gin poivré, herbacé et fruité à la fois. Un gin résolument «moderne», confie-t-il, dont la douceur et l’harmonie des saveurs caractéristiques du gin plairont à un large public. Il en est convaincu. 

    «Souvent, un gin va avoir une saveur prédominante. Moi, je ne voulais pas un profil plus prononcé qu’un autre, mais un goût parfaitement balancé», explique-t-il. «La difficulté, c’était de trouver des aromates communs, du Québec, qui contiennent les molécules uniques que je cherchais. Il fallait qu’elles en aient aussi en bonne quantité pour avoir l’effet escompté. Ç’a été long, mais je suis très content du résultat.»

    Concrètement, l’originalité du Gin Catalyst repose sur un mélange de molécules appelées terpènes, principalement des sesquiterpènes, qui ont des propriétés fascinantes. Et comble de bonheur, le Québec a la chance de produire quelques aromates qui en contiennent.

    «Les sesquiterpènes, on les retrouve dans certains des meilleurs vins au monde, les plus doux. Je voulais les amener dans un gin, sans perdre l’identité du spiritueux, mais en allant vraiment chercher une douceur au produit.»

    Sans dévoiler sa recette, il souligne qu’il utilise du thym, du romarin et du poivre des dunes produits ici même dans la région des Basques. Il en est fier. «Pour moi, c’est une façon de redonner à la région d’où je viens. Je trouvais ça important, c’était un incontournable.»

    SE DÉMARQUER 

    Dans le marché actuel des alcools forts, le gin est très populaire et plusieurs dizaines de bouteilles, du Québec ou d’ailleurs, sont disponibles à la SAQ. S’y lancer avec un nouveau produit, un premier de surcroit, était tout un pari pour l’équipe derrière les Spiritueux Chevaliers. Cela dit, elle savait très bien dans quoi elle s’embarquait. 

    «Nous sommes confiants d’avoir un groupe d’actionnaires solides et complémentaires, du bon marketing, mais aussi un très bon produit qui se démarque», assure Christopher Bérubé. 

    À cet égard, le nom du produit n’est pas un hasard. «On veut agir comme catalyseur et être un élément qui provoque une réaction, un changement, dans son environnement […] On veut amener un vent nouveau dans l’innovation, dans le développement de produits.»

    L’avenir est emballant. Pour la suite, Christopher Bérubé indique travailler sur un nouveau spiritueux, un produit vraiment unique et différent, mais il se garde bien de dévoiler quoi que ce soit. Chaque chose en son temps. Il ne cache pas, toutefois, qu’il aimerait un jour que l’entreprise puisse participer à la vulgarisation scientifique, tout en redonnant à l’environnement et à la recherche. 

    Le Gin Catalyst est disponible en ce moment dans 71 succursales de la SAQ, dont celle de Rivière-du-Loup. Un conseil pour l’apprécier? «Essayez-le d’abord sur glace. Vous serez surpris par sa douceur et les saveurs», lance Christopher Bérubé. «Sinon, de belles recettes sont proposées sur notre site internet.»

    L’invitation est lancée.  
     

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