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Une rénovation de garderie qui tourne au cauchemar à Rivière-du-Loup

durée 20 juillet 2023 | 06h59
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Une jeune éducatrice en service de garde de Rivière-du-Loup rêvait d’une «forêt enchantée» pour ses tout-petits, un endroit à la fois vivant, stimulant et sécuritaire dans lequel ils pourraient s’épanouir et se développer. Mais son projet est rapidement devenu un cauchemar lorsqu’elle a décidé de faire confiance à une  entrepreneure en affaires depuis peu dans la région*. Travaux incomplets et dangereux, matériaux récupérés en mauvais état, sommes non remboursées… elle dénonce aujourd’hui la situation et appelle à la prudence.

    À 21 ans, Ariane Lavoie commence à peine sa carrière dans le domaine de l’éducation à l’enfance. Elle est heureuse avec son choix, confortable et surtout motivée par son impact auprès des jeunes sous sa responsabilité.

    Il y a plusieurs mois, la jeune femme a aménagé son service de garde dans le sous-sol de son oncle à Rivière-du-Loup, un compromis intéressant pour les deux parties dans ce contexte de pénurie de places en garderie.

    D’une part, Mme Lavoie avait l’opportunité de vivre au quotidien de son métier et de confirmer qu’elle y était à sa place en milieu familial. De l’autre, le couple propriétaire pouvait compter sur une éducatrice dévouée pour la garde de leurs deux jeunes enfants, à la maison de surcroit.

    Toutefois, après quelques mois de vie commune, l’évidence : l’espace est confortable, mais peu adapté. Elle souhaite le moderniser, l’améliorer et le mettre à sa main. Elle obtient la collaboration entière des propriétaires qui y voient la poursuite d’un beau partenariat.

    «L’objectif, c’était d’aménager la garderie, tout en maximisant l’espace au niveau du plancher et du rangement», se souvient Ariane Lavoie.

    Ensemble, ils font donc appel à une designer qui leur a été référée. Ils sont enthousiastes et déterminés à aller de l’avant afin que le centre de la petite enfance La Forêt enchantée puisse voir le jour.

    Après des discussions et des démarches, les plans tardent à être envoyés, mais ils demeurent emballants et conformes à leurs souhaits: module de jeu en bois neuf avec glissade, petit pont et plateforme surélevée, réaménagement de la pièce principale et d’une pièce voisine, ajout de rangements et de différentes commodités. Le service de garde d’Ariane Lavoie promet d’être moderne, fonctionnel et amusant.

    «Ce qu’elle nous avait montré, c’était très beau. Ça correspondait vraiment à ce qu’on voulait. Il n’y avait pas de problème. Mais le résultat, c’est une toute autre histoire…», souligne aujourd’hui Ariane, encore bouleversée par les événements.

    MATÉRIAUX RECYCLÉS ET DANGEREUX

    Une fois les plans approuvés, place aux travaux. La designer propose elle-même ses services pour cette deuxième grande étape du projet. Pour environ 2000 $, elle construira le module en bois, achètera les matériaux nécessaires et trouvera même le mobilier pour compléter les aménagements, assure-t-elle. Le duo ne se méfie pas, y voit une bonne affaire et accepte. C’est toutefois à ce moment que le projet dérape.

    À la fin juin, l’entrepreneure a débuté le chantier. La surprise des propriétaires et d’Ariane fut immense au terme des premières heures de travail. Le module, qu’ils devaient recevoir en bois de merisier, est finalement composé en majorité de matériaux recyclés. De vieux meubles disparates et en piteux état qui semblent avoir déjà eu une vie bien remplie (voir photos).

    L’installation est aussi construite de façon amateure, la structure est faible, instable et dangereuse. Les barrières, provenant visiblement d’une ancienne couchette, ne sont pas fixées solidement. Surtout, des vis, des clous et des échardes de bois sont visibles un peu partout. D’autres sont camouflés sous des revêtements en tissu ou en caoutchouc. Bref, c’est «l’horreur» et à des lunes des standards imposés en service de garde au Québec comme ailleurs.

    «On était sous le choc», a confié la propriétaire, Chloé Bossé-Landry. «Quand on reçoit un plan, on sait que le résultat ne sera peut-être pas une réplique à 100 %, mais on s’attend à ce que ce soit très proche. Là, rien n’était comme ce qui avait été convenu.»

    «On avait décidé de récupérer un casier de bois pour du rangement dans le module. On était d’accord avec ça, mais pour le reste, on ne s’attendait jamais à ce qui a été fait», a ajouté Ariane Lavoie.

    «C’était censé être fonctionnel, sécuritaire et accessible pendant la garderie, puisque je suis demeurée ouverte. Mais ce n’était rien de tout ça […] Je ne pouvais pas laisser un enfant s’approcher. C’était dangereux.»

    Rapidement, les travaux ont été arrêtés et elles ont demandé un remboursement des sommes qu’elles avaient chacune transféré précédemment. Les communications suivantes ont été difficiles. L’entrepreneure - qui aurait d'ailleurs quitté la région pour s'établir à l'extérieur en cours de projet, selon les propriétaires - a refusé de rembourser, stipulant notamment que les clientes lui ont fait perdre du temps.

    Ensemble, Ariane et Chloé estiment avoir perdu près de 2 500 $ dans cette mésaventure hors de l’ordinaire. Elles n’ont pas le module ni les meubles pour lesquels elles ont payé. Elles n’ont surtout pas tous les aménagements promis.

    «On lui a fait confiance aveuglément. Aujourd’hui, on sent qu’on a été volées, fraudées», a mentionné Chloé. «On a perdu du temps, de l’argent. Tout est retardé et on doit tout recommencer», a regretté Ariane, soutenant qu’elle souhaitait éventuellement s’accréditer de façon à pouvoir accueillir 9 enfants au lieu de 6.

    VIGILANCE

    En racontant leur histoire, Ariane Lavoie et Chloé Bossé-Landry souhaitent dénoncer, mais aussi faire réfléchir et conscientiser. Aujourd’hui, elles constatent les drapeaux rouges qui se sont accumulés (et qu’elles n’ont malheureusement pas vus) au cours de leur relation d’affaires avec la designer en question.

    Elles suggèrent de faire preuve de prudence et de vigilance lorsqu'une relation d'affaires est entamée avec quelqu'un dont la réputation n'est pas encore bien établie dans le milieu, comme c'était le cas ici. 

    Elles restent aussi bien conscientes que leur expérience ne correspond pas du tout à celle offerte au quotidien par les designers connues de la région, dont le professionnalisme est basé sur un service client idéal et sans reproche. 

    «Demeurez vigilants, signez des contrats, gardez les factures, demandez des documents…c’est ce qu’on suggère aux gens», a résumé Chloé. «Évitez aussi de transférer toutes les sommes, pour les matériaux et les travaux, dès le départ. On l’a fait pour elle, parce qu’on avait confiance. On s’est fait avoir.»

    Les deux femmes confirment vouloir entamer des démarches judiciaires afin de recevoir des dédommagements. Pour la suite, la famille va se retrousser les manches. Les embuches, aussi grandes puissent-elles être, n’empêcheront pas Ariane Lavoie d’avoir le service de garde dont elle rêve pour ses tout-petits.

    *Le nom de l’entrepreneure en question a été préservé, à la demande des propriétaires, en raison des procédures judiciaires qui pourraient être enclenchées.

    Info Dimanche a tenté de la joindre, mais notre demande est demeurée sans réponse. Selon nos informations, elle ne travaillerait maintenant plus dans la région. 

     

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