Décès d’un travailleur chez Premier Tech : la CNESST dépose son rapport
Trois causes ont été identifiées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pour expliquer le décès d’un jeune travailleur de l’entreprise Premier Tech, à Saint-Antonin, en juillet 2022. Parmi celles-ci : le fait que l’employeur ne se soit pas assuré que les équipements utilisés – dont certains étaient de fabrication artisanale – avaient «la capacité nécessaire» pour effectuer la tâche demandée.
La CNESST a présenté son rapport d’enquête, ce mercredi 28 juin, à Rimouski. Le document, d’une trentaine de pages, revient sur les événements, les causes de l’accident et les demandes de la Commission à l’employeur à la suite du drame.
Le tragique accident a couté la vie à Jean-Xavier Plourde, le 26 juillet 2022, sur un terrain de Premier Horticulture, une division de Premier Tech. Selon les inspecteurs de la CNESST, les évènements se sont produits lorsque le jeune homme de 18 ans participait, avec un de ses collègues, à la récupération d’un tracteur qui s’était enlisé. Un tracteur-remorqueur, et différents accessoires, étaient alors utilisés.
Lors d’une tentative de récupération, une chape de fabrication artisanale a cédé, et des morceaux de celle-ci ont été projetés par l’élingue qui était en tension, peut-on lire dans le document. Au moins un de ces morceaux a fracassé la fenêtre arrière du tracteur enlisé et frappé à la tête le travailleur qui s’y trouvait. Ce dernier est décédé des suites de ses blessures.
Dans leur rapport, les inspecteurs Luc Lepage et Simon-Pierre D’Amours retiennent deux causes principales pour expliquer l’accident, au-delà de la cause factuelle liée au décès. Ils estiment d’une part que «l’employeur n’a défini et n’a prescrit aucune méthode de travail sécuritaire spécifique pour la récupération d’un tracteur enlisé». Ils ajoutent que «l’employeur ne s’est pas assuré que les accessoires utilisés pour la récupération étaient de capacité connue et suffisante.»
«Dans les faits, l’enquête a démontré que les travailleurs ne [disposaient] pas de moyens pour évaluer la situation et choisir le matériel nécessaire pour faire la récupération du tracteur», a expliqué Luc Lepage. «Lorsqu’un tracteur est enlisé, les forces impliquées peuvent représenter plusieurs fois le poids du tracteur lui-même, d’où l’importance d’avoir une méthode d’évaluation pour choisir le bon matériel sécuritaire.»
Dans ce cas-ci, certains équipements utilisés n’ont pas été en mesure de résister aux forces créées par le remorquage, a précisé son collègue, Simon-Pierre D’Amours.
«La chape, qui a été le maillon faible du remorquage, était de conception et fabrication artisanale et n’avait donc pas de capacité connue. Le boulon de retenu principal a cédé sous les contraintes excessives», a-t-il détaillé.
«On parle principalement de la chape, mais aussi d’autres liens de remorquage. La capacité en travail de l’élingue de corde, par exemple, était dépassée», selon les évaluations faites après l’accident, a-t-il ajouté.
MESURES
À la suite du drame, la CNESST a interdit à l’employeur l’utilisation d’accessoires de fabrication artisanale, tant qu’une ingénieure ou qu’un ingénieur n’aura pas attesté leur capacité de charge et leur utilisation. De plus, la CNESST a interdit l’utilisation de tracteurs pour dégager tout équipement enlisé jusqu’à ce que l’employeur ait élaboré une procédure de récupération sécuritaire et ait formé ses travailleurs à ce sujet.
Notons toutefois que la CNESST a finalement autorisé l’employeur à reprendre les travaux de dégagement d’équipements enlisés après qu’il s’est engagé à utiliser les services d’une entreprise spécialisée en remorquage.
RÉACTION DE LA FAMILLE
Dans une communication envoyée aux médias en matinée, la famille de la victime a mentionné prendre connaissance du rapport de la CNESST avec «une vive émotion». Elle n’a pas souhaité émettre de commentaires, soutenant que le dépôt de ce rapport «n’est pas sans raviver de douloureux souvenirs» pour les proches.
Info Dimanche n’a pas sollicité une réaction de la famille à la nouvelle. Celle-ci a été transmise par l’entremise d’une entreprise de communications.
SUIVIS DE L’ENQUÊTE
Pour la suite des choses, la CNESST transmettra une copie du rapport d’enquête à l’Association de la tourbe de sphaigne canadienne, à l’Association des producteurs de tourbe horticole du Québec et à l’Association des producteurs de tourbe du Nouveau-Brunswick afin qu’elles informent leurs membres des conclusions de l’enquête.
Une copie du rapport sera également transmise à l’Union des producteurs agricoles ainsi qu’à l’Association canadienne de sécurité agricole.
Plus de détails suivront…