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La CSQ fait le point sur la pénurie de personnel et la charge de travail des syndiqués

durée 24 mai 2023 | 13h55
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Réunie en conseil général à l’Hôtel Universel de Rivière-du-Loup, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) constate que la pénurie de personnel vécue partout au Québec transcende l’ensemble des réseaux du secteur public en éducation, au collégial et en petite enfance. Il en découle une surcharge de travail pour les professionnels en poste et des problèmes d’attraction et de rétention de main d’œuvre. À leurs tâches s’ajoute aussi l’enjeu de la violence vécue au quotidien par les équipes sur le terrain.

    «Il faut être en mesure d’améliorer les conditions de travail […] Il serait faux de prétendre que tout se règle à coups de prime. Ça prend de meilleures conditions de travail, parce que sinon, c’est la lourdeur de tout le personnel qui s’en retrouve augmentée», explique Éric Gingras, président de la CSQ.

    Il déplore que la pénurie de personnel ne soit pas prise en compte dans la colonne des chiffres des Centres de services scolaire en début d’année. Les employées qui restent en poste doivent souvent pallier l’absence de leurs collègues, ce qui s’ajoute à leur charge de travail régulière.

    «À la fin, on réussit toujours à s’arranger pour avoir du monde dans les milieux qui font le travail. Le problème, c’est : à quel prix ? Il est là l’enjeu. Il va toujours y avoir un prof qui va s’occuper des enfants ou un professionnel qui va faire une intervention. Il va le faire au prix de quoi?», s’interroge Éric Gingras.

    L’Alliance des intervenantes en milieu familial Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine est aussi aux prises avec cette pénurie de personnel. La présidente de l’Alliance, Kathy Côté, estime qu’il manque une soixantaine de responsables en services éducatifs dans la région. «Il n’y a pas de places en services éducatifs, et ça découle du fait qu’il y a une pénurie de main d’œuvre, tous secteurs confondus», indique-t-elle. Mme Côté insiste sur l’importance de revaloriser le métier de responsable en services éducatifs en milieu familial et d’obtenir de meilleures conditions de travail. «On n’est pas capables d’amener les enfants à leur plein potentiel si on n’a pas l’aide nécessaire», conclut-elle.

    VIOLENCE

    Pour Natacha Blanchet, présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage, qui regroupe les professionnels et enseignants des Centres de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs et de Kamouraska-Rivière-du-Loup, la violence vécue au quotidien dans les établissements scolaires est un autre facteur contributif à l’épuisement du personnel.

    «On doit agir pour que cesse cette violence, c’est important. Il faut que les directions des établissements et les centres de services scolaire considèrent ce fléau et ne le banalisent pas. C’est ce qu’on constate, et c’est ce qui fait que les enseignants et les professionnels négligent de dénoncer ces actes-là, souvent.»

    Chez les jeunes enfants, les gestes de violence physique, comme des morsures, sont plus souvent observés. Du côté des adolescents, on observe davantage de menaces, d’intimidation et de recours à la violence psychologique, ajoute Éric Gingras.

    «Bien souvent, on parle de tolérance zéro, on dit que ça va de soi, mais la réalité dans nos milieux, ce n’est pas comme ça que ça se vit. On laisse passer un acte de violence parce qu’il y a peut-être une raison de le faire qui nous est donnée […] Tous les gestes de violence, qu’elle soit physique, verbale ou psychologique, on doit être en mesure de contrer ça», poursuit M. Gingras. Il est catégorique, tout geste de violence envers le personnel est inacceptable.

    ALOURDISSEMENT DES TÂCHES

    L’intégration d’élèves avec des difficultés d’apprentissages dans les classes régulières alourdit la composition des classes, souligne Natacha Blanchet, présidente du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage. «Les élèves n’ont pas le service auquel ils ont droit par le personnel et les professionnels à cause de la pénurie.»

    Environ un élève sur deux dans une classe régulière présente des besoins particuliers qui demandent des interventions fréquentes ou constantes. Cela affecte le fonctionnement des groupes et de l’enseignement dans sa classe. Les besoins les plus criants concernent les postes de professionnels comme les ergothérapeutes, orthophonistes, psychoéducateurs et psychologues. Si ces enfants ne sont pas pris en charge, les problèmes demeureront ou s’aggraveront avec le temps, rappelle Mme Blanchet.

    Du côté de la Fédération de l’enseignement collégial, le président Youri Blanchet affirme que les enseignantes et enseignants doivent multiplier les activités de recrutement (visites d’écoles secondaires, journées portes ouvertes, étudiants d’un jour, etc.) afin de trouver suffisamment d’étudiants pour leurs programmes en région.

     «À Rivière-du-Loup, sur une quinzaine de programmes, cinq sont à faibles effectifs. On parle de programmes qui, s’ils ne vont pas chercher d’étudiants français ou de subvention liée à une annexe, pourraient ne pas être offerts», souligne Youri Blanchet. Ces tâches s’ajoutent au reste et peuvent conduire les enseignants à l’épuisement.

    La CSQ représente près de 215 000 membres, dont environ 125 000 font partie du personnel de l’éducation.

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