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Le recours à la main-d’œuvre indépendante a explosé au CISSS du Bas-Saint-Laurent

durée 24 mai 2023 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Pendant la pandémie de COVID-19, entre 2020 et 2022, les couts liés au recrutement de la main-d’œuvre indépendante ont été multipliés par six au CISSS du Bas-Saint-Laurent, passant de 8,8 M$ à 53,3 M$, selon les différents rapports financiers consultés par Info Dimanche. Le système de santé devra toutefois se sevrer des agences de placement de personnel privées d’ici 2026, selon le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

    Au CISSS du Bas-Saint-Laurent, le nombre d’heures travaillées par de la main-d’œuvre indépendante est passé de 113 297 à 520 735 entre 2020 et 2022.  «Nous avons la responsabilité et l’obligation de donner des services aux usagers. Nous avons utilisé la main-d’œuvre indépendante de façon plus accentuée à partir de 2020», confirme la directrice des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques, Annie Leclerc.

    Au plus fort de la pandémie, l’organisation bas-laurentienne a fait appel aux agences privées afin de remplacer les employées en congé de maternité, de retirer préventivement du travail les travailleuses immunosupprimées, d’ajouter du personnel afin de soutenir les équipes dans les CHSLD et d’accentuer les services.

    Le CISSS du Bas-Saint-Laurent était principalement à la recherche de personnel clinique comme les infirmières cliniciennes, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et préposées aux bénéficiaires. L’organisation doit payer pour les frais de déplacement, l’hébergement et les repas de la main-d’œuvre indépendante, ce qui explique les couts importants qui y sont rattachés.

     

     

    Au Bas-Saint-Laurent, le taux de recours à la main-d’œuvre indépendante pour le poste d’infirmière auxiliaire est le 2e plus élevé dans la province, à 13,6 % des heures travaillées. La région arrive au 2e rang dans la province en ce qui concerne le recrutement de main-d’œuvre indépendante pour remplir les postes d’infirmières cliniciennes/praticiennes (qui ont un baccalauréat ou une maitrise), avec 13 % des heures travaillées.

    LA DIFFÉRENCE EN RÉGION

    Annie Leclerc précise que des investissements massifs en santé ont été réalisés au cours des trois dernières années, et que plus de 400 postes (équivalent temps complet) ont été ouverts du 1er septembre 2019 au 31 mars 2022.  L’accumulation de ces facteurs a créé un véritable raz-de-marée de recours aux agences de placement privées.

    «Nous avions des équipes qui étaient épuisées. Soit on utilisait le temps supplémentaire ou le temps supplémentaire obligatoire. Il ne faut pas oublier que nos employées vivaient une pandémie. [Elles] ont donné tout ce qu’elles pouvaient. Il fallait supporter les équipes», ajoute la directrice des ressources humaines, Annie Leclerc.

    Elle précise que la réalité en région n’est pas la même que dans les grands centres. Les équipes de travail sont plus petites sur les départements. Les absences, pour diverses raisons, doivent absolument être remplacées. «Si j’ai deux infirmières et qu’il en manque une, il n’y a pas de marge de manœuvre.»

    Le président du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du Bas-Saint-Laurent - FIQ, Alexandre Pelletier, a une vision différente de celle du CISSS du Bas-Saint-Laurent. Il explique que le recours à la main-d’œuvre indépendante amène une surcharge de travail pour les employées régulières.

    «Au Bas-Saint-Laurent, nous sommes une des dernières régions du Québec où la main-d’œuvre indépendante est entrée. L’effet pervers, c’est qu’il y a un très gros roulement de personnel […] Les gens ne connaissent pas les lieux de travail, ni les manières dont on travaille, parce que ce n’est pas uniformisé dans le réseau. Pendant que les infirmières forment les nouvelles, c’est du temps de soin qui est perdu. Ça crée de l’instabilité dans les équipes de travail», ajoute M. Pelletier.

    SOLUTIONS

    Un comité de travail concernant la main-d’œuvre indépendante a été formé afin d’élaborer un plan d’action. D’après la directrice des ressources humaines, Annie Leclerc la réflexion est bien amorcée pour les titres d’emplois où la pénurie de personnel frappe. Le CISSS du Bas-Saint-Laurent devra développer davantage son recrutement international. Un nouveau poste a été créé en ce sens.

    L’augmentation du nombre d’étudiants en santé sur les bancs d’école prendra encore quelques années avant d’équilibrer l’équation. Des projets-pilotes concernant l’autogestion des horaires ont été mis en branle, en collaboration avec les directions cliniques et administratives du CISSS et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Ils ont été implantés dans deux sites à Amqui et au Kamouraska.

    «Nous avons un problème d’attraction, mais surtout de rétention de main-d’œuvre. Plusieurs employées quittent le réseau public pour aller travailler au privé parce qu’elles ont le choix de leurs conditions de travail et qu’elles peuvent choisir leurs horaires, ajoute Alexandre Pelletier. Nous, on sait que l’avenir est là, et que ça pourrait avoir l’effet contraire, soit ramener des gens qui sont allés au privé vers le public.»

    Le représentant syndical croit plus ou moins à la date butoir de 2026, tant que les négociations de travail ne sont pas réglées et que les ratios de personnel soignants ne seront pas revus. «Ce sera difficile de sevrer le système de ça [la main-d’œuvre indépendante].»

    PROJET DE LOI

    Le gouvernement du Québec a adopté à la fin du mois d’avril la Loi limitant le recours aux services d’une agence de placement de personnel et à de la main-d’œuvre indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux.

    Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a affirmé que son intention était de compléter la transition en 2026 pour toutes les régions du Québec. «Le déploiement de l'interdiction du recours aux services d'agences et à la main-d’œuvre indépendante s'effectuera en trois phases afin de permettre aux régions éloignées, pour qui le recours aux agences est particulièrement important, d'effectuer une transition harmonieuse en assurant la continuité des services», peut-on lire dans un communiqué de presse transmis par le ministère de la Santé et des services sociaux, en avril dernier.

    Depuis le 8 mai, une consultations des professionnelles en soins du secteur public est en cours concernant les offres gouvernementales présentées lors des négociations. La convention collective des employées de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec est échue depuis le 31 mars. 

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