Réel risque de fermeture pour la résidence l’Oasis des ainés
Présente à Saint-Eusèbe-de-Témiscouata depuis une vingtaine d’années, l’Oasis des ainés, une résidence pour ainés à but non lucratif, pourrait malheureusement n’être bientôt qu’un souvenir. Au cours des prochaines semaines, le bâtiment pourrait fort bien perdre sa vocation première, et éventuellement être vendue à des intérêts privés.
Manque de main-d’œuvre, couts d’exploitation à la hausse, obligation de pose de gicleurs… plusieurs enjeux ont mis de la pression sur la direction et le conseil d’administration de la résidence ces dernières années. C’est toutefois le manque de demandes qui aura, ultimement, eu raison d’elle. La situation est déchirante.
«On n’a pas le choix d’en arriver là. Notre résidence n’est plus viable», a regretté la directrice générale de l’Oasis des ainés, Nicole Chouinard, la semaine dernière.
«Ça fait plusieurs années qu’on a de la difficulté. On a fait des levées de fonds, des ateliers de tricot et des galas pour amasser des revenus supplémentaires, mais ce n’est plus suffisant malheureusement», a-t-elle admis.
La Fédération des OSBL d’habitation du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles confirme elle aussi que la résidence est à la croisée des chemins depuis un moment déjà. David Barbaza, directeur général, soutient que la vacance des logements persiste pour la résidence de la petite communauté du Témiscouata.
«La demande n’est simplement plus là», a-t-il déploré. «Il n’y a pas de liste d’attente, alors on comprend que la volonté des gens du milieu est ailleurs.»
Concrètement, l’Oasis des ainés compte 9 logements pour une capacité d’accueil de 18 personnes. Elle n’a toutefois jamais été complète, alors la direction a toujours eu à jongler avec des appartements inoccupés.
«Les personnes âgées ont de moins en moins envie d’aller habiter en résidence, maintenant que plusieurs services peuvent être obtenus à la maison. Et lorsqu’ils choisissent de quitter leur domicile, ils préfèrent d’autres milieux», a expliqué M. Barbaza, soulignant que la pandémie a aussi donné un coup dur aux résidences pour ainés.
Il faut également rappeler que les RPA-OSBL disposent uniquement du revenu de leurs loyers pour faire fonctionner leurs résidences. Ces RPA ne peuvent ainsi pas charger de montants supplémentaires à leurs résidents qui sont des personnes âgées à faible ou modeste revenus. À travers cette réalité, la résidence doit faire face à des défis financiers importants reliés à l’inflation, à la pénurie de main-d’œuvre et à l’obligation de pose de gicleurs.
Pour cette dernière contrainte, les résidences ont jusqu’en 2024 pour se conformer, mais les aides gouvernementales ne sont simplement pas suffisantes. Dans le cas de l’Oasis des ainés, la résidence serait contrainte de financer une partie des travaux dont elle n’avait pas les moyens.
Malgré les mauvaises nouvelles, David Barbaza souhaite être clair : l’administration n’a rien à se reprocher. «Ce sont des gens exceptionnels, des gens de cœur, qui ont travaillé très fort. Ça nous fend le cœur de voir l’Oasis des ainés arriver à cette étape», a-t-il souligné, rappelant que les efforts de la direction ont été multiples afin d’offrir un milieu de vie dynamique et agréable.
La Fédération a elle aussi tenté de soutenir le conseil d’administration et de trouver des pistes de solutions. Ces dernières années, elle a ouvert la résidence à une clientèle un peu plus large. Plus récemment, elle a regardé la possibilité de s’adresser à des gens plus jeunes et autonomes. Même l’Office d’habitation du Témiscouata a été impliquée dans la réflexion. Le projet ne pouvait cependant pas être concrétisé.
«Le problème, c’est que cette avenue demandait un réaménagement important afin de répondre aux différents besoins. Cela représentait plusieurs centaines de milliers de dollars. C’était simplement impossible», a-t-il dit.
À la Municipalité, le maire Gaston Chouinard n’a pas caché sa déception. «Ça me donne mal au cœur de constater que nous sommes rendus là. J’en suis vraiment désolé pour notre communauté. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça» , a-t-il partagé.
Il soutient qu’une consultation publique avec plusieurs intervenants aura lieu le 10 mai. L’avenir de la résidence sera réellement statué à ce moment, même si les jeux semblent faits. «Je ne vois pas comment on peut continuer à long terme, de la façon dont ça va en ce moment […] Il faut donc penser à la suite. Nous souhaitons une nouvelle utilisation. Est-ce que ça peut passer par le privé? Peut-être. Ça va faire partie des discussions.»
Selon Nicole Chouinard et David Barbaza, les locataires actuels de l’Oasis des ainés ont tous été informés de la situation et ils sont accompagnés dans la recherche d’un nouveau milieu de vie. Certaines personnes auraient déjà trouvé.