Pression financière sur les agriculteurs : «Il n’y a plus de temps à perdre»
Sous la pression de la hausse des taux d’intérêt et de l’augmentation du cout de nombreuses dépenses, dont le carburant, les engrais, l’alimentation animale et le transport, l’horizon s’assombrit pour un nombre grandissant de fermes québécoises. Une situation «alarmante» décriée par la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Bas-Saint-Laurent, mardi. Elle demande une aide d’urgence des gouvernements.
Lors d’une conférence de presse organisée à Rivière-du-Loup, l’UPA a fait connaître les résultats d’un sondage mené auprès de ses membres. Une sortie qui fait suite à un cri d’alarme lancé il y a déjà une semaine au niveau provincial, mais qui illustre une réalité «encore plus critique» ici au Bas-Saint-Laurent.
Selon le document et les réponses obtenues, 24 % des entreprises agricoles bas-laurentiennes ont actuellement une «mauvaise ou une très mauvaise santé financière».
Plus de 40 % d’entre elles ont d’ailleurs confié avoir un solde résiduel négatif.
Plus de 50 % des répondants – plus jeunes que l’âge moyen des répondants du sondage national – anticipent également une détérioration de leur santé financière au cours des 12 prochains mois. Un plus de 10 % d’entre eux prévoient même arrêter ou fermer leur entreprise.
«La passion et la fierté, ça ne fait pas vivre notre monde», a déploré Gilbert Marquis, président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, devant les journalistes.
«Les résultats d’un sondage, c’est bien, mais au-delà de ça, il faut bouger dans l’immédiat», a-t-il ajouté, visiblement à cran.
L’UPA demande aux élus provinciaux et fédéraux du Bas-Saint-Laurent de se saisir du dossier et de venir en aide aux agriculteurs, maintenant. Le ton des intervenants était dur et l’émotion au rendez-vous, notamment lorsque des producteurs agricoles ont témoigné de leurs difficultés.
«Ce qu’on voit, ce qu’on entend, c’est que nos producteurs sont à bout de souffle. Il y a un ensemble d’éléments qui font que certains n’ont plus le gout de continuer», a soutenu M. Marquis. Il ne cache pas que la pression financière est au centre des enjeux.
«Comme producteur agricole, on nourrit le Québec, on offre des produits de qualité aux consommateurs, mais on semble être en train de nous oublier […] S’il ne se passe rien, des entreprises vont fermer.»
Gilbert Marquis déplore que les élus régionaux ont jusqu’à maintenant peu réagi aux difficultés rencontrées par les entreprises agricoles. Leur réalité est pourtant bien connue et mis en lumière depuis plusieurs semaines, regrette-t-il.
«L’ensemble des élus doivent pousser la machine et Ils doivent livrer maintenant. Dans l’éducation, dans la santé, ils ont de l’écoute et ça marche. Nous, on ne semble pas nous écouter», a-t-il dit.
«On a le droit de vivre pareil comme tout le monde. Mais on est tannés de quémander notre pain sans arrêt, d’aller à la quête. Il nous faut un programme d'aide dans l’immédiat. Il faut des liquidités pour les producteurs. De l’argent directement dans leurs poches. Sinon, c’est évident que certains n’auront plus les moyens de continuer.»
À bout de patience, la Fédération de l'UPA du Bas-Saint-Laurent ne cache pas qu’elle envisage des actions, si rien ne bouge rapidement.
«S’il faut sortir nos pancartes, on va y aller. Je n’ai pas envie d’en perdre des producteurs agricoles (…) Ça fait mal au cœur d’entendre la réalité de nos gens ici au Bas-Saint-Laurent», a dit Gilbert Marquis.
«On n’est pas entendus, a-t-il réitéré. On nourrit le monde, batinse, mais nous ne sommes pas entendus plus que ça. Qu’est-ce qu’on va devoir faire?»
La semaine dernière, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a dit avoir mandaté son ministère et la Financière agricole afin de trouver des façons d'aider les agriculteurs qui croulent sous les dépenses en raison de l'inflation. Il était alors de passage au Kamouraska.