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Victime d'un traumatisme crânien sévère

Le grand virage de Benjamin Fortin

durée 10 avril 2023 | 06h52
  • Alyson Théberge
    Par Alyson Théberge

    Stagiaire - journaliste

    Le 7 juillet 2017, près d’une semaine suivant son 30e anniversaire, la vie de Benjamin Fortin a pris un tout autre virage... dans une courbe à Cacouna. «Ce que tu refuses d’apprendre dans le calme, la vie te l’apprendra dans les larmes», dit le proverbe.

    «J’aurais pu mourir brûlé […] J’ai eu la chance de reconstruire ma vie d’un certain côté. Je trouve ça drôle à dire, mais c’est l’une des plus belles choses qui me soit arrivé. La direction que prenait ma vie n’était pas optimale. Souvent, quand la vie essaie de te dire quelque chose, elle peut employer la manière forte. Mon accident a peut-être été, je pense, une façon de me recentrer sur les bonnes choses», confie Benjamin Fortin.

    RETOUR DANS LE TEMPS : SON ACCIDENT

    C’était un vendredi soir. Benjamin Fortin quittait son lieu de travail. Il conduisait pour se rendre à la maison, où il devait rejoindre sa conjointe et sa fille. Ils avaient planifié un week-end en famille, à Québec. «Qu’est-ce qui s’est passé? J’en ai aucune idée. Je me souviens d’être partie du garage [Lahey], c’est tout. Mon souvenir revient environ un mois plus tard. J’ai des petites bribes à l’occasion», exprime M. Fortin.

    Peu après 18h, sa voiture a effectué un capotage dans la bretelle de la sortie 514 de l’autoroute 20 menant vers Cacouna. Après un tête-à-queue, son véhicule s’est enfoui dans un fossé. Benjamin Fortin était inconscient, et des flammes s’échappaient de l’habitacle.

    TRAUMATISME CRÂNIEN SÉVÈRE

    Ce soir-là, Benjamin Fortin a subi un traumatisme crânien sévère. Malgré le fait que sa condition ne soit pas visible physiquement, il vit aujourd’hui avec des séquelles et des limitations neuropsychologiques importantes. «J’ai environ entre 75 et 80% de ma capacité. Il faut que tu fasses le deuil que tu n’es plus la personne d’avant», a-t-il mentionné.

    Benjamin Fortin est affligé d’un manque d’énergie chronique. «Jusqu’à il y a peut-être un an ou deux, j’étais comme un enfant : la sieste à tous les jours. C’était des horaires très réguliers pour être capable de conserver un maximum d’énergie.» Aujourd’hui, Benjamin Fortin tente d’intégrer de nouvelles habitudes à son quotidien, afin de maximiser son énergie. L’année dernière, il a décidé de commencer à faire du jogging deux fois par semaine. «Je me suis rendu compte qu’en faisant de l’exercice, tu dépenses de l’énergie physique, mais tu gagnes beaucoup d’énergie mentale.»

    ACCEPTATION ET RÉADAPTATION

    Benjamin Fortin fait preuve d’une grande résilience. Cette épreuve difficile l’a amené à réaliser une introspection et à définir ses priorités. «J’étais quelqu’un qui était à la limite du “workaholic”. Je travaillais beaucoup, mettant la famille en deuxième et le travail en premier», a confié Benjamin Fortin.

    L’acceptation de sa condition est un défi quotidien. «Le découragement qu’il y a derrière ça, savoir qu’on ne sera plus jamais capable de faire certaines choses», ajoute-il. Auparavant mécanicien et aviseur technique, Benjamin Fortin rêvait, à long terme, de devenir copropriétaire du garage qui l’employait et, peut-être même, de posséder son propre atelier mécanique. Plutôt que d’abandonner et de se morfondre sur son sort, Benjamin Fortin a décidé d’oser.

    Après trois ans de réadaptation, de tests à l’Institut de réadaptation en déficience de Québec (IRDPQ) et à rencontrer divers professionnels de la santé spécialisés en neuropsychologie, physiothérapie, kinésiologie, ergothérapie, ainsi qu’en travail social, Benjamin Fortin a pris conscience de sa nouvelle réalité et de ses limites.

    «La réadaptation m’a beaucoup aidé parce que, n’ayant pas fait mon deuil, j’essayais de me surpasser pour revenir dans mes anciennes bottes. Et ça, ça a été mortel. […] J’ai fait beaucoup d’essais et erreurs, au départ, jusqu’à temps que je finisse par comprendre que j’avais mes limites et qu’il fallait que je les respecte», mentionne Benjamin Fortin.

    Il ne s’est pas découragé. Il a saisi une opportunité qui lui permettrait d’être travailleur autonome et de travailler à son rythme. Aujourd’hui, Benjamin Fortin est directeur de compte pour une entreprise en service financier. Respectant une limitation imposée de 8 à 10 heures de travail par semaine, il se dit très heureux et satisfait de pouvoir travailler. «J’ai poussé beaucoup pour le retour au travail […] C’était impensable pour moi de ne pas travailler», souligne-t-il.

    Contrairement à celui de la majorité des personnes victimes d’un traumatisme crânien sévère, le parcours de Benjamin Fortin est plutôt positif. «Selon les neuropsychologues à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, habituellement, les gens qui ont vécu un traumatisme sévère comme le mien restent avec des séquelles assez majeures. Il y en a plusieurs qui sont paralysés, [dans un état végétatif chronique], qui n’ont aucune possibilité de retour au travail à cause des déficiences mentales», précise-t-il.

    Benjamin Fortin se dit également fier de tout le chemin parcouru. «Je me doute que, même sans accident, j’aurais eu de la difficulté à faire tout ce que je fais présentement parce que j’étais dispersé. J’avais de l’énergie en masse, mais je la mettais partout. [Il] m’a fait couper énormément de choses superflues, qui ne me servaient à rien», confie-t-il.

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