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Un conflit règne entre une inspectrice et deux courtiers immobiliers

durée 11 mars 2023 | 06h30
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    L'émission La Facture d'ICI Radio-Canada diffusée mardi dernier a mis en lumière une véritable fracture entre deux courtiers immobiliers de Rivière-du-Loup et une inspectrice en bâtiments, Anastasia Luckenuick. Cette dernière poursuit devant les tribunaux les courtiers Denis Desjardins et Jonathan Pelletier alléguant qu’ils incitent leurs clients à éviter les services de son entreprise.

    COLLABORATION : FRANÇOIS DROUIN

    Info Dimanche a joint Mme Luckenuick au lendemain de la diffusion du reportage. L’inspectrice soutient qu’elle est littéralement évincée en raison de la rigueur de ses inspections et de ses rapports trop longs. Une rigueur qui contribuerait à faire reculer de futurs acheteurs.

    La propriétaire d’Inspro estime qu’elle a minimalement perdu 155 inspections, représentant un montant de 96 875 $. Elle réclame donc 211 487 $ au total pour la perte de revenus, l’investissement fait en publicité, le temps inutile consacré au marketing ainsi que les dommages pour atteinte à la réputation.

    «De faire annuler mon inspection parce qu’elle est rigoureuse, ça ne passe pas», soutient-elle. En fonction du courtier, les clients se désisteront systématiquement, croit Mme Luckenuick. L’inspectrice sait que les maisons de courtage ont établi une liste de recommandation d’inspecteurs. «Je ne demande pas qu’ils arrêtent de faire une liste, je demande qu’ils arrêtent de me nuire», clame-t-elle.

    Contacté par Info Dimanche, Denis Desjardins a nié en bloc les allégations. «Je n’ai jamais eu l’intention, le droit et la capacité de faire annuler des inspections». Il ajoute que ce sont les propriétaires qui décident qui entre chez eux et qu’il n’a jamais interféré dans cette décision.

    Une demande d’injonction interlocutoire a été émise afin d’obliger les courtiers à cesser immédiatement et temporairement leurs agissements à l’égard de l’inspectrice. La demande a été rejetée le 15 février 2023 par la juge Johanne April. Mme Luckenuick soutient qu’elle portera la décision en appel. Une demande d’injonction permanente suit son cours pour que les comportements dénoncés par l’inspectrice cessent.

    Après la pandémie, Mme Luckenuick a observé une baisse «drastique» de ses demandes d’inspections. Un courtier, qu’elle refuse d’identifier, lui aurait signifié que les maisons de courtage ne souhaitaient pas sa présence en inspection, car «elle leur faisait peur», affirme-t-elle.

    C’est après avoir essayé de parler avec eux et tenté de déposer une plainte à l’Organisme d'autorèglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) que l’inspectrice a intenté des poursuites judiciaires contre Denis Desjardins de Proprio Direct et Jonathan Pelletier des Immeubles GLMC. Elle indique que l'Association des inspecteurs en bâtiments du Québec (AIBQ) est au fait de ses démarches.

    De son côté, Denis Desjardins ne cache pas l’existence d’une liste de recommandation d’inspecteurs à référer à ses clients. Cependant, il dément la présence d’une liste noire qui interdirait à certains professionnels d’intervenir dans une inspection préachat. «Si jamais l’inspecteur ne fait pas partie de ceux référés, on s’engage à mentionner aux clients qu’il n’en fait pas partie, mais l’acheteur a le droit de prendre l’inspecteur qu’il veut. On n’a jamais empêché personne de faire l’inspection, on n’a pas le droit de faire ça», répète-t-il.

    Le courtier immobilier reproche au journaliste de Radio-Canada, François Dallaire, d’avoir voulu détruire sa carrière. «Il m’a enregistré, il a pris un bout, a rabouté ça sur un autre sans avoir les circonstances avant et après. Il a fait un montage pour me faire passer pour un menteur. Il a joué la "game du show" sensationnaliste», estime M. Desjardins. S’il ne peut commenter l’affaire en cours en raison du litige, il souligne que ce qui lui porte davantage préjudice, c’est le reportage.

    Info Dimanche a tenté de s’entretenir avec Jonathan Pelletier. Les représentants du courtier nous ont redirigés vers la page Facebook du courtier de GLMC. «D’abord, un sentiment d’injustice m’habite. J’ai toujours eu à cœur le respect de mes clients et de mon éthique de travail. Je tiens à clarifier que ni moi ni mes collègues qui travaillent au sein de notre agence immobilière n’utilisons [sic] une clause qui pourrait restreindre le choix des inspecteurs par les acheteurs. Ce n’est pas dans nos valeurs et ne le sera jamais», a-t-il écrit. En commentaire sous sa publication, il a fait valoir qu’il était «primordial d'avoir la meilleure inspection possible lors de l'achat de sa propriété et surtout que les inspecteurs soutiennent les problèmes soulevés avec des faits et apportent des solutions aux problèmes soulevés».

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