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Difficile début de saison pour des producteurs forestiers et acéricoles de la région

durée 13 janvier 2023 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Dès le lendemain de la tempête du 23 décembre, une course contre la montre s’est enclenchée pour plusieurs producteurs acéricoles et forestiers de la région. De nombreux arbres se sont renversés sur les lignes de transport des érablières, d’autres ont été cassés, voire carrément déracinés par les forts vents.

    Au début du mois de janvier, l’heure est habituellement à l’entaillage pour Roberto Landry, propriétaire de l’érablière B.L.P. de Biencourt. Ces tâches ont fait place à du nettoyage, beaucoup plus urgent. Il affirme n’avoir jamais vu autant de dégâts causés par les vents en plus d’une soixantaine d’années. «C’est réellement désolant. Il n’y a pas de morts ni de blessés, mais j’ai perdu de beaux érables à deux chutes de cinq ou six livres à l’entaille», explique-t-il.

    Alors que lui et son équipe s’étaient préparés pendant tout l’automne en prévision du mois de janvier, tout est à recommencer. Dès le lendemain de la tempête, Roberto Landry s’est dirigé à son érablière pour voir l’étendue des dommages. «J’ai essayé de me rendre, mais je n’étais pas capable, c’était un mur d’arbres renversés. Je suis passé par un autre chemin en motoneige, c’était un peu moins pire.»

    Depuis le 27 décembre, son équipe travaille du matin au soir afin de hacher et de débiter les arbres qui se sont renversés sur les lignes principales. «J’ai six gars avec des scies et des motoneiges, du matin au soir et on buche par corridor.»

    Il estime avoir environ 200 hectares à remettre en bon état. «Pendant ce temps-là, on n’entaille pas. Tout était prêt», résume-t-il. Des équipements de fibre optique et électriques ont aussi subi de lourds dommages. «Malgré la catastrophe, ce qu’il y a de beau, c’est qu’on a seulement un pied de neige à Biencourt. Il y a une croute qui nous porte un peu et la terre n’est pas gelée. S’il était tombé deux pieds de neige après les forts vents en plus, le printemps serait fini pour nous. Il n’y aurait pas eu de production.»

    M. Landry a entrepris des démarches auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs afin qu’une forme d’aide soit mise en place pour les producteurs touchés par cette tempête du 23 décembre.

    DES PLANTATIONS ATTEINTES

    Les peuplements résineux du Domaine Beaufor, à Biencourt également, ont aussi été lourdement endommagés. «Nous autres, on cultive la forêt comme un agriculteur cultive son champ. Ça chamboule un plan d’aménagement. Nos arbres en ont mangé tout un coup, nos plantations ont souffert de ça», évoque le propriétaire Jeannot Beaulieu.

    Plusieurs peuplements de résineux seront à reboiser, et cela pourrait prendre plus de 50 ans avant de ravoir des arbres de la même taille que ceux qui ont été cassés lors de la tempête. «Ça arrive très rarement, mais ce n’est pas anormal. Ce sont surtout des arbres matures qui ont été endommagés», explique-t-il. Jeannot Beaulieu prévoit qu’il passera l’été prochain à ramasser les dégâts sur sa trentaine de lots à bois cultivés.

    Le Domaine Beaufor compte aussi une érablière de 40 000 entailles. Là aussi, des arbres se sont reversés sur les lignes principales. Il a mis une semaine à faire le ménage avec son équipe et estime qu’il pourra recommencer à entailler autour du 9 janvier. «On a écourté notre congé des Fêtes et on a pris nos raquettes et nos scies mécaniques.»

    UN EFFET DOMINO

    Il n’y a pas qu’à Biencourt que des producteurs ont subi des dommages en raison des forts vents. Yves Roy de la Cabane à sucre Jocy de Saint-Modeste en sait quelque chose. «C’est le bordel, on y a gouté pas mal», résume-t-il. Son entreprise acéricole compte environ 3 500 entailles. Il prend une pause de nettoyage afin d’expliquer la situation.

    «Pour les érables, ce n’est pas si pire. Ce sont les autres essences compagnes autour comme le bouleau et le tremble qui sont couchés sur les lignes de transport d’air et d’eau. Dès qu’un arbre tombe, le problème, c’est que ça fait un effet domino», image Yves Roy. Les dommages sont pires sur le versant sud en raison du sens des forts vents qui ont soufflé sur la région. «Il y a beaucoup d’ouvrage à faire pour redécoller à 100 %, mais c’est certain qu’on sera là au printemps.»

    Les entailles débutent aussi au début du mois de janvier à la Cabane à sucre Jocy de Saint-Modeste, mais il reste énormément de travail à faire avant d’en arriver à cette étape. La période du temps des Fêtes a été mise sur pause et les travailleurs mettent toutes leurs énergies afin de sauver les lignes principales avant la prochaine bordée de neige. Malgré tout, Yves Roy reste positif. «On est optimiste, on va se relever. On s’en serait bien passé.»

    DES COMPENSATIONS?

    Le président des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent, Maurice Veilleux, affirme que son organisation analyse présentement l’étendue des dommages. «On invite les propriétaires à rapporter les dommages qu’ils ont subis pour avoir une meilleure idée de la situation au cours de la semaine prochaine […] Il faut se faire accompagner. C’est certain que ça pogne au cœur de voir des arbres de ses plantations qu’on a entretenues qui sont cassés, déracinés ou renversés». Un inventaire sera fait à l’aide de drones pour avoir une meilleure idée de l’ampleur des dégâts. «C’est un événement qui nous fait réfléchir. Il faut se mettre en tête qu’avec les changements climatiques, ça va arriver de plus en plus souvent. Il va falloir qu’on s’adapte.»

    La Fédération de L’UPA du Bas-Saint-Laurent confirme qu’il n’y a actuellement pas de mécanisme de compensation pour ce type de dommages. Les producteurs et productrices acéricoles du Bas-Saint-Laurent ont été informés de la situation. Des démarches sont faites pour évaluer l’ampleur des dommages sur le territoire et voir la possibilité d’obtenir une indemnisation, confirme la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent. 

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