Le PLQ en eaux troubles
«Mon cœur saigne un peu» -Jean D’Amour
Le Parti libéral du Québec n’a pas arrêté de faire parler de lui au cours des derniers jours depuis l’expulsion de la députée Marie-Claude Nichols du caucus libéral par la cheffe Dominique Anglade. Les répercussions se ressentent jusque dans la région, où le président actuel du conseil régional du Bas-Saint-Laurent du PLQ, Émilien Nadeau et l’ancien député et ministre, Jean D’Amour, estiment que Mme Anglade doit réfléchir à la suite pour le bien du parti.
«À ce moment-ci, c’est Mme Anglade elle-même qui doit faire une forme de réflexion, d’introspection et elle doit se poser une question : est-elle encore celle qui peut conduire les troupes libérales à la victoire aux prochaines élections?», avance Jean D’Amour, militant libéral depuis ses 24 ans. Une partie de la réponse, d’après lui, se trouve entre les mains de la cheffe et l’autre, du côté des militants du parti. Il mentionne que ce questionnement n’est pas nouveau, puisque lors de la formation d’un gouvernement minoritaire ou d’une défaite, le chef doit se soumettre à un vote de confiance au cours de l’année suivante.
M. D’Amour, qui a aussi été président du PLQ de 2008 à 2009, raconte que dans la présente situation, les débats internes sont exposés aux yeux du public. «Mon cœur saigne un peu», confie-t-il, un sentiment partagé par Émilien Nadeau qui explique que normalement, ces conflits se déroulent à huis clos. «À mon avis, c’est symptomatique d’un malaise présentement entre la cheffe et ses propres élus, donc son propre caucus. Ça c’est dommage… J’explique ça par une déception profonde à l’égard du résultat du scrutin du 3 octobre dernier», raconte l’ancien député M. D'Amour qui a siégé près de 10 ans à l’Assemblée nationale du Québec.
La perte de sièges combinée à la formation d’un cabinet fantôme, à la nouvelle opposition officielle affaiblie, puis à l’épisode Nichols n’aident en rien à rapatrier les troupes, selon M. D’Amour. «Tu ne peux pas te permettre, quand tu es l’opposition officielle, surtout pas avec un nombre de députés aussi restreint que 20, de vivre dans un climat de bisbille comme celui-là. Ce n’est pas sain, ce n’est pas acceptable et ce n’est pas constructif», affirme-t-il. Si le résultat de la dernière campagne électorale avait été équivalent à la dernière, avec une trentaine de sièges, il croit que le PLQ n’en serait pas là aujourd’hui.
LA CONFIANCE RÈGNE-T-ELLE TOUJOURS?
«Tant que Dominique Anglade va être cheffe, je vais être derrière elle», soutient Émilien Nadeau, indiquant qu’il est toujours moins douloureux de partir par soi-même que de se faire montrer la porte. Jean D’Amour observe que la fissure est profonde et qu’il n’est pas question d’un test de leadership : «En politique, quand tu te lèves le matin c’est un test de leadership. Tout est un test dans la vie en politique […] Moi-même j’ai dit à Mme Anglade en début de semaine : "Il faut que tu règles ça, là"». Malgré tout, l’ancien député et ministre croit que le PLQ passera à travers la crise dans les semaines à venir et que les élus seront prêts pour la reprise parlementaire.
M. Nadeau est d’avis que le parti doit se rebâtir, changer ses façons de faire. Pour y arriver : «Ça me fait de la peine, c’est cruel comme ça la politique, mais Mme Anglade a une réflexion à faire», répète M. D’Amour.
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