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Les cas d’ITSS ont presque doublé au Bas-Saint-Laurent

durée 20 octobre 2022 | 06h55
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    Dans la dernière décennie, le nombre d’infections transmises sexuellement ou par le sang (ITSS) a drastiquement augmenté au Bas-Saint-Laurent. Selon le plus récent rapport du Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent sur les maladies à déclaration obligatoire (MADO) dévoilé mardi le 18 octobre, le nombre de cas d'ITSS rapporté annuellement est passé de 244 en 2010 à 453 en 2019.

    Concrètement entre 2010 et 2021, le CISSS rapporte que 96 % des maladies à déclarations obligatoires, soit 7931 cas, sont d'origine infectieuses. Environ le deux tiers de celles-ci (60 %) représentent des ITSS, majoritairement déclarées entre 2010 et 2019 en raison de la pandémie qui a quelque peu freiné la propagation des infections transmises sexuellement ou par le sang.

    Même si la situation peut sembler alarmante, le directeur de la santé publique au CISSS du Bas-Saint-Laurent, Dr Sylvain Leduc, indique que la tendance suit celle observée présentement au Québec. «On n’a pas toutes les explications à ce stade-ci. On sait ce constat-là : que c’est une progression constante pour notre région», mentionne-t-il. 

    Les hypothèses avancées pour expliquer le phénomène seraient un mélange entre une diminution de protection lors de rapports sexuels, puis une augmentation des dépistages maintenant plus accessibles. Malgré les croyances populaires clamant que les jeunes sont plus actifs sexuellement, les enquêtes réalisées auprès de cette clientèle par le CISSS révèlent qu’ils n’ont pas plus de partenaires sexuels qu’avant. 

    Le groupe d’âge ayant le taux d’infection le plus élevé est celui des 18-24 ans. Toutefois, «il faut briser le tabou que c’est juste les jeunes qui attrapent des ITSS parce qu’on en observe à tous les âges», soutient Dr Leduc.

    Parmi tous les cas répertoriés, dans 91 % des cas, l’ITSS en cause est la chlamydia. Le directeur estime que la chlamydiose génitale est plus fréquente grâce à sa capacité à se transmettre. Lorsqu’une personne contracte l’infection, il y a une longue période où elle est asymptomatique, surtout chez les femmes. Les gens, allant consulter lors de l’apparition de symptômes, peuvent ainsi passer l’ITSS à de nombreux partenaires sexuels. Intraitée, cette dernière peut entrainer l’infertilité et augmenter le risque de contraction du VIH (sida).

    «Aller se faire dépister ça permet d’avoir des traitements le plus rapidement possible quand on est infecté. Alors ça diminue les conséquences, d’avoir des infections qui deviennent chroniques […] et d’infecter des partenaires sexuels», assure Dr Sylvain Leduc, surtout avec le retour de la syphilis depuis quelques années. Cette infection, difficilement décelable et traitable peut causer de graves conséquences dans plusieurs systèmes du corps humain.

    Pour tenter de contrôler l’évolution des ITSS, le CISSS du Bas-Saint-Laurent va continuer son travail de prévention, réactiver leur collaboration avec les milieux scolaires qui était en pause depuis la COVID-19 afin de parler de l’importance de se protéger lors de rapports sexuels, ainsi qu’accentuer la visibilité de leurs actions de dépistage.

    AUTRES POINTS ÉLOQUENTS DU RAPPORT

    Dans le rapport MADO du CISSS du Bas-Saint-Laurent, 2012 et 2017 ont été des années culminantes en cas de coqueluche. «Souvent, elle présente des éclosions avec plusieurs années de distance, autour de 5 à 6 ans», confie le directeur de la santé publique. Il ne serait pas surpris que, dans les prochains mois ou à l’hiver 2023, le nombre d’infections à la bactérie Bordetella pertussis prenne de l’ampleur. Il souhaite rappeler l’importance du vaccin contre cette maladie, surtout pour les femmes enceintes.

    Le CISSS a aussi remarqué que les zoonoses ont tendance à croître depuis 2014. Le réchauffement climatique serait à l’origine du phénomène : «Quand il fait plus chaud, les animaux qui sont porteurs de tiques ont tendance à se déplacer vers le nord», relate Dr Sylvain Leduc. Ainsi, les animaux porteurs de tiques infectées peuvent transmettre la maladie de Lyme aux humains. Pour le moment, le Bas-Saint-Laurent n’est pas la région la plus touchée au Québec, mais les animaux migrent de plus en plus vers le territoire, assure le directeur. Pour freiner cette progression, les gaz à effet de serre devraient être diminués et l'empreinte écologique des Bas-Laurentiens réduite. Dr Leduc conseille aussi aux gens se déplaçant en forêt de porter des vêtements longs couvrant entièrement la peau et, que si des tiques s’accrochent sur le tissu, de les retirer rapidement.

    Au cours des prochaines semaines, le personnel du CISSS surveillera de près les intoxications au monoxyde de carbone en raison de réparations de véhicules dans des garages résidentiels. 
     

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