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Une nouvelle année inquiétante pour les bélugas

durée 25 avril 2022 | 06h30
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    2021 ne fera pas exception. Cette année encore, la mortalité constatée des bélugas du Saint-Laurent inquiète chercheurs et spécialistes.

    Au cours de l’année 2021, ce sont ainsi 19 carcasses de bélugas qui ont été signalées et examinées sur les rives du Saint-Laurent, dans le cadre du programme de suivi des carcasses mené par le Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins  (RQUMM). « Malheureusement, on a encore cette année beaucoup de mortalité néo-natale. C’est une tendance observée cette dernière décennie et qui se poursuit », s’inquiète Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins et coordonnateur du RQUMM.

    Entre mars et décembre 2021, 19 carcasses de bélugas ont été retrouvées échouées et échantillonnées, sur les rives du Saint-Laurent, dont une à l’ile du Prince-Édouard, en dehors donc de l’aire de répartition habituelle. À titre de comparaison, on en avait dénombré 14 en 2020, 17 en 2019, 12 en 2018, 22 en 2017 et 14 en 2016.

    « En 2021, le nombre de carcasses retrouvées échouées est supérieur à la médiane des 39 dernières années, qui est de 14 carcasses », souligne Stéphane Lair, professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.

    11 des 19 carcasses se sont échouées dans le Bas-Saint-Laurent, quatre autres sur la Côte-Nord, deux en Gaspésie et une dans Charlevoix. Huit d’entre elles ont pu être transportées.

    Il est important de garder en tête qu’il ne s’agit pas de la mortalité totale sur la population, mais bien du nombre d’individus retrouvés morts qui ont pu être échantillonnés ou nécropsiés. Afin d’éviter les doublons notamment, les carcasses signalées à la dérive, non retrouvées et non échantillonnées ne sont pas comptabilisées. Mais les carcasses échantillonnées, elles, ont de nombreuses informations à apporter pour mieux comprendre les dangers qui menacent la fragile population des bélugas du Saint-Laurent.

    Parmi les individus retrouvés échoués en 2021, dix étaient des adultes. Si ce nombre est égal à la médiane des 39 dernières années de collecte, ce n’est pas le cas des veaux. « Le nombre de veaux de l’année (6) trouvés échoués est, cette année encore, plus élevé que la médiane (1) des 25 premières années de ce programme (1983 à 2007). Cependant, il est semblable à la moyenne (6,3) et la médiane (6) entre 2008 et 2020 », précise le vétérinaire Stéphane Lair. En clair, la surmortalité des veaux est un phénomène présent depuis une dizaine d’années déjà.

    À cela, il faut ajouter un autre problème : celui des cas de dystocie, c’est-à-dire un décès coïncidant avec le moment de la mise-bas. Dans un rapport analysant les mortalités de bélugas entre 1983 et 2012, l’équipe de Stéphane Lair avait conclu que, depuis 2008, la mise-bas difficile était devenue la cause la plus importante de mortalité des femelles adultes bélugas dans le Saint-Laurent. Cette tendance s’est poursuivie dans les années qui ont suivi. Et en 2021, deux des femelles retrouvées étaient des cas de dystocie.

    DES CAUSES ENCORE INCONNUES

    «Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer ces surmortalités, précise Robert Michaud. Il est par exemple possible que la condition physique des femelles béluga ne leur permette pas d’avoir la capacité énergétique à mettre bas, dans ce cas la surmortalité néo-natale serait liée à une diminution des ressources alimentaires disponibles. On pense aussi aux effets neurotoxiques de certains contaminants chimiques à base de brome, qui peuvent impacter la santé de la mère comme du nouveau-né.»

    Dans une revue scientifique consacrée au béluga du Saint-Laurent, Véronique Lesage, chercheuse pour Pêches et Océans Canada, énumérait les « hypothèses concurrentes, mais non exclusives, pour expliquer la forte mortalité observée chez les baleineaux et le changement démographique de la population » : « problèmes de santé ou altération des fonctions de reproduction dus aux effets toxiques de certains composés chimiques sur les fonctions endocriniennes et immunitaires ; perturbation d’activités essentielles (par exemple, la parturition et la recherche de nourriture) ; exposition chronique aux navires ou perturbations isolées ou répétées ; changements de la structure de l’écosystème liés à la pêche ou au climat, entraînant une diminution de la qualité de l’habitat ; qualité de l’habitat et disponibilité de la qualité des proies ; et événements stochastiques récurrents tels que les efflorescences algales nuisibles ». Les scientifiques ont donc encore du pain sur la planche pour cerner les dangers auxquels les bélugas sont exposés.

     

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