Deux jours après l’officialisation d’une entente entre un des actionnaires principaux de la Société d’économie mixte et d’énergie renouvelable (SÉMER) la Ville de Rivière-du-Loup et la Fédération canadienne des municipalités, le maire Mario Bastille a dévoilé lors d’une entrevue avec la station de radio CIEL-FM le 16 mars avoir subi une pression le poussant à remettre en question ses choix politiques.
«J’ai reçu une mise en garde que je considère hyper sérieuse pour la suite des choses. Je me suis même questionné en arrivant chez moi hier soir si j’étais fait pour faire cette job-là parce que j’ai une déception du monde politique en général assez extrême ce matin. Je suis confronté avec mes convictions et mes valeurs et une ‘’trail’’ qu’on veut tracer et ça me déçoit énormément», a-t-il exprimé, en entrevue avec l’animateur Daniel St-Pierre. Le maire de Rivière-du-Loup se disait encore ébranlé des évènements.
Il les a résumés ainsi : «Ferme ta boite pour tout de suite pour ne pas nuire à l’avancement de notre dossier. Ça ne peut pas être plus clair que ça. Peut-être des gens m’en voudront ce matin, mais ça sera dit. Pendant un bout, je vais faire ‘’low profile’’ pour la simple et bonne raison que je ne veux pas me mettre au-devant des citoyens. Je suis là pour la protection des actions des citoyens et de l’argent qui a été investi là-dedans.»
Mario Bastille a ajouté qu’il serait moins présent dans les médias pour commenter le dossier de la SÉMER, tout en ajoutant qu’il ne veut pas être un politicien ayant la langue de bois. Selon lui, la demande de garder le silence «peut venir de plus haut que de la SÉMER». Le directeur des communications de la Ville de Rivière-du-Loup, Pascal Tremblay, a indiqué que le maire n'accorderait pas d'autre entrevue à ce sujet aujourd'hui.
Appelé à commenter cette sortie publique, l’attaché de presse du député Denis Tardif, Nicolas Lessard-Dupont, confirme que son équipe n’a pas contacté le maire dans ce dossier. «Dans mon rôle d’attaché de presse, je ne conseille jamais de juste ‘’fermer sa boite’’. On ne connaît pas l’ensemble des enjeux dans le dossier qui est encore en traitement au ministère de l’Économie et de l’Innovation. On n’est pas au fait de tout ce qui se passe», a-t-il ajouté.
Le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup et président de la SÉMER, Michel Lagacé, a refusé de commenter. Selon nos informations, il serait «étonnant» que M. Lagacé ait fait des pressions, puisqu’il se trouverait dans une situation semblable à celle du maire de Rivière-du-Loup.
Depuis juillet 2021, la SÉMER est en attente de la réponse à sa demande d’aide financière soumise au ministère de l’Économie et de l’Innovation. La Société est détenue à 80 % par le public soit à 40 % par la Ville de Rivière-du-Loup et 40 % par la MRC de Rivière-du-Loup. C'est le promoteur privé Terix-Envirogaz qui détient les derniers 20%. Pour faire un virage vers la production de gaz liquéfié, la SÉMER prévoyait des investissements de l’ordre de 2,3 M$ à l’usine de biométhanisation, en 2019. À la même occasion, elle avait signé un contrat de vente de gaz naturel renouvelable avec l’entreprise Énergir d’une durée de 20 ans.
Le financement de la construction de l’usine de biométhanisation, située à Cacouna, a été attaché en juillet 2012. Québec a confirmé un investissement de 11,4 M$, complété par une contribution fédérale de 4 M$. Le cout total du projet, en 2012, s’élevait à 27,6 M$.
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