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Se débattre pour vivre et vieillir dans la dignité

durée 14 mars 2022 | 06h00
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    «Enlevez le signe de dollar et mettez les mots compassion, respect, humanité […] J’ai travaillé toute ma vie et j’aime mieux donner mes économies à une personne qui va être respectueuse et prendre soin de moi plutôt qu’à une compagnie qui ouvre résidence sur résidence parce que c’est payant.» Pour Pierrette S. Morin de Rivière-du-Loup, il est primordial de prendre la parole afin de dénoncer les travers du système censé être bâti pour venir en aide aux personnes âgées et vulnérables.

    Elle se dit révoltée de voir le sort réservé à ses proches et ses amis en perte d’autonomie. Mme Saindon Morin est restée perplexe après la lecture de l’article intitulé «Portrait des ressources intermédiaires et des résidences privées pour ainés» publié dans les pages d’Info Dimanche le 9 février dernier. Elle a fait parvenir une lettre au journal, dans laquelle elle déplore toute l’attention portée aux infrastructures et aux bâtiments, comparativement à celle réservée aux personnes qui y habitent. Son message laisse peu place à l’interprétation. «Oubliez la bâtisse et prenez soin des personnes», lance-t-elle. Par ses écrits, elle met en lumière les travers du système actuel et soulève plusieurs questionnements concernant les services aux personnes vulnérables. Mme S. Morin déplore à la fois la complexité du système de santé pour les ainés qui ont besoin de soutien à domicile et le sort qui attend les personnes devant quitter leur milieu, loin de leurs proches, afin d’obtenir des soins.

    «Comment se fait-il que Rivière-du-Loup ne soit pas capable de répondre aux besoins de sa population en ce sens ? Est-ce humain comme on l’a fait encore dernièrement de déraciner une personne de Rivière-du-Loup pour lui donner les soins dont elle a besoin loin de sa ville ? Est-ce humain de la déraciner loin de sa personne aidante qui doit parcourir plusieurs kilomètres pour lui apporter soutien et réconfort ?»

    Elle souligne aussi le stress et l’insécurité vécus quand ces personnes fragilisées, autant physiquement que mentalement, se retrouvent dans des lieux étrangers afin d’y recevoir des soins. Pierrette S. Morin souhaite susciter une réflexion et estime que le système est «complètement inhumain et ne tient pas compte de la personne». «Les gens n’ont pas le droit de parole quand ça les concerne.» En dénonçant la situation, elle soutient ainsi ses amies, dont les proches ont été transférés hors de leur ville d’appartenance pour résider dans des milieux de soins.

    PERTE D’AUTONOMIE

    Il y a deux ans, Pierrette S. Morin a dû faire des choix déchirants. Son conjoint en perte d’autonomie a chuté dans leur condo, un incident qui a nécessité son hospitalisation au Centre hospitalier régional du Grand-Portage. Il a été déplacé du 5e au 6e étage pour être évalué et il y est resté pendant deux ou trois semaines.

    «Je disais à qui voulait l’entendre que quand il partirait de l’hôpital, il irait au CHSLD de Chauffailles ou aux soins palliatifs. Ç’a insulté bien du monde. On m’a répondu que ça ne fonctionne pas comme ça. J’ai continué quand même.»

    Pierrette S. Morin ajoute que le personnel a bien pris soin de son conjoint au CHRGP. Agissant comme proche aidante, elle savait bien qu’elle n’avait plus la capacité de prendre soin de lui seule s’il retournait vivre à leur condo après son hospitalisation.

    «J’avais promis que je n’irais jamais le placer. Je lui ai écrit une carte de Noël. Je lui ai dit ‘’mon plus beau cadeau pour toi, c’est la promesse que je n’irai jamais te ‘’parker’’. Que je te garderai, tant et aussi longtemps que je serai capable.’’ Sa carte de Noël, il l’a gardée sur sa table à côté de son fauteuil et il la relisait souvent. Il me le disait souvent que c’était son plus beau cadeau.»

    Son conjoint Auguste Morin est décédé à 93 ans en 2020, après avoir été transféré à la Maison Desjardins de soins palliatifs du KRTB.

    L’accessibilité des soins à domicile doit aussi être revue, ajoute l'octogénaire louperivoise. «Pourquoi nous promettre mer et monde et nous faire une belle romance? Quand c’est le temps d’appliquer, il n’y a rien qui marche […] Si on avait écouté les ergothérapeutes, il aurait fallu mettre des barres à la grandeur de l’appartement. On serait devenus fous avec ça. On fait du curatif, mais pas vraiment du préventif. On met beaucoup d’attention sur le matériel, mais trop peu sur la personne.»

    Elle souligne que personne n’est à l’abri de se retrouver dans cette situation en raison d’une chute ou d’un problème de santé inattendu. Selon elle, chaque établissement de santé a son examen de conscience à faire. «C’est la même chose pour chacune et chacun de nous qui avons des personnes âgées dans nos familles. Sommes-nous attentifs à leurs besoins, en présence d’une personne aimante?»

    Cette réflexion occupe tellement son esprit qu’elle en perd le sommeil, c’est pourquoi elle veut passer à l’action et faire bouger les choses. Les années de réduction des couts et de centralisation dans le système de santé ne sont pas étrangères à la situation, estime-t-elle. Bien au fait du fonctionnement du réseau de la santé, Pierrette S. Morin a travaillé pendant une vingtaine d’années comme cheffe du département de nutrition comme diététiste au Centre hospitalier régional du Grand-Portage.

    «On ne sait pas comment on va finir, mais assurez-vous d’avoir des soins à la maison le plus tôt et le plus longtemps possible. J’invite les gens à calculer ce qu’ils auraient à payer pour qu’une personne vienne prendre soin d’eux à domicile, comparativement à une résidence où tout est à la carte».

    Le mot final revient à Mme Saindon Morin. «Afin de pouvoir ‘’Mourir dans la dignité’’, il est impérieux de vivre dans la dignité.»

    » À lire aussi : Se débattre pour vivre et vieillir dans la dignité

    commentairesCommentaires

    3

    • YS
      Yolaine Soucy
      temps Il y a 2 ans
      C est du BON personnel qui manque.Mais peu de gens repondent present.On a tellement deprecier ce travail.
    • SR
      S. Rouleau
      temps Il y a 2 ans
      Merci madame.
    • CT
      Chantal Therriault
      temps Il y a 2 ans
      Combien de temps encore pour que notre piteux systeme de sante boiteux puisse evoluer et comprenne que les gens n existent pas seulement pour payer sans avoir de service de soin de sante d aucune sorte . Ils ne font que gaspillage de resssource d argent et accablent le personnel de la sante en les epuisant sans arret .Il est plus que temps pour un changement , C est vrai Madame Morin .Mais ce que les annees et les promesses electorales ont demontrees c est que comme chantait notre poete national Felix Leclerc la veille des elections il t appelait son garcon et le lendemain comme de raison il avait oublie ton nom.Mais ca nous pouvons le dire sans nous tromper ,Loin de donner des soins a domicile et ainsi de laisser les gens agees de demeurer a la maison , la ou ils sont et ont leurs vies et leurs habitudes de manger a leur table et de se coucher dans leur lit sans endurer cette vie hospitaliere qui leur restera toujours etrangere parce
      faite d horaire et de contrainte difficile a accepter .une vie que meme les biens portants auraient peine a supporter ,tel devait etre la raison d exister des C.L.S.C. de permettre avec un minimum de soin donne a domicile de rester le plus longtemps possible dans leur lieu de vie naturel qu est leur maison . Prouvez le contraire des maintenant . .Parce que vous fonctionnaires bien a l abri dans vos maisons en teletravail , vous n aurez que les services de sante aux personnes agees que vous ne leur avez pas donnes,Livrez la marchandise .C est tout.
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