Temps supplémentaire obligatoire : la FIQ envoie une mise en demeure au CISSS du Bas-Saint-Laurent
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a envoyé une mise en demeure à la présidente-directrice générale du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Isabelle Malo, le 15 octobre, demandant la fin du recours au temps supplémentaire obligatoire comme «mode de gestion courant et régulier» d’ici le 15 novembre prochain.
«De nombreuses professionnelles en soins sont contraintes, voire menacées, d’effectuer du temps supplémentaire obligatoire de manière répétitive et abusive, ce qui a pour effet d’épuiser les professionnelles en soins qui ont à cœur de dispenser des soins sécuritaires et de qualité. Il va sans dire que d’obliger nos professionnelles en soins d’effectuer des heures supplémentaires obligatoires en les forçant souvent à travailler pendant 16 heures, et ce, de manière répétitive, régulière et dans des conditions inadéquates, constitue une situation totalement inacceptable tant pour elles que pour la sécurité des usagers qui reçoivent les soins de santé», peut-on lire dans la mise en demeure, signée par Cindie Soucy, présidente du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du Bas-Saint-Laurent, affilié à la FIQ. Il représente 2359 membres qui sont d’infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.
La lettre fait aussi état d’un climat de travail qualifié «d’angoissant et surtout caractérisé par une forte détresse psychologique» qui aggraverait la pénurie de personnel dans le réseau de la santé. «Cette détresse est d’une telle ampleur qu’il n’est pas rare de voir de nombreuses professionnelles en soins éclater en sanglots au cours de leur prestation de travail. Certaines tiennent même des propos suicidaires directement liés à l’utilisation excessive du temps supplémentaire obligatoire. La gravité de la situation est pour ainsi dire d’une ampleur incontestable.»
Le Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du Bas-Saint-Laurent ajoute que le CISSS devrait ajuste son offre de services plutôt que d’imposer une charge de travail supplémentaire aux équipes de travail. Il croit également qu’il y a urgence d’agir et déplore que ses interventions soient restées lettre morte.
Appelé à commenter cette sortie publique du syndicat, le porte-parole du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel, a fourni une réponse laconique. «Nous prenons acte de la mise en demeure, mais nous allons continuer d’œuvrer dans le meilleur intérêt de nos usagers tout en tenant compte du mieux-être possible de nos ressources humaines.» Cette mise en demeure a été envoyé dans le cadre de moyens de pression employés par de la FIQ partout au Québec.
CHANGEMENTS AU MODE DE GESTION
Rappelons que le 23 septembre dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé une série de mesures pour améliorer les conditions de travail des infirmières. La date butoir pour la vaccination obligatoire des intervenants de la santé et des services sociaux est repoussée au 15 novembre.
Des incitatifs favorisant l'embauche de personnel à temps complet seront mis en place pour les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, soit l'augmentation de la semaine régulière de travail à 37,5 heures par semaine, un montant forfaitaire pour le nouveau personnel de 12 000 à 15 000 $ en fonction de la région et un montant forfaitaire de 15 000 à 18 000 $ pour tout le personnel à temps complet déjà à l'emploi du RSSS. Le ministre Christian Dubé souhaite ainsi embaucher de nouvelles ressources afin d'éliminer le temps supplémentaire obligatoire.
De plus, les employés provenant des agences de placement privées se verront offrir principalement les plages horaires considérées comme défavorables (soirs, nuits, fins de semaine). Des agents administratifs seront embauchés en services cliniques dans les prochaines semaines afin de libérer les infirmières.
En mai dernier, une source faisant partie des équipes de soins du Centre hospitalier régional du Grand-Portage de Rivière-du-Loup a dévoilé un «risque imminent» de découverture au bloc opératoire en raison de la gestion des ressources humaines de la part de la direction du CISSS du Bas-Saint-Laurent à Rimouski. Elle décrivait une situation dangereuse puisque les équipes étaient épuisées. Article à lire en suivant ce lien : Le bloc opératoire du Centre hospitalier régional du Grand-Portage près du point de rupture
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