Le bloc opératoire du Centre hospitalier régional du Grand-Portage près du point de rupture
Une source faisant partie des équipes de soins du Centre hospitalier régional du Grand-Portage de Rivière-du-Loup dévoile ce qu’elle qualifie de «risque imminent» de découverture au bloc opératoire en raison de la gestion des ressources humaines de la part de la direction du CISSS du Bas-Saint-Laurent à Rimouski.
Elle craint que si la situation actuelle perdure, les équipes en place seront incapables de gérer les chirurgies urgentes comme les césariennes, les fractures ou les appendicites.
Selon les informations obtenues, les infirmières dans ce secteur assureraient une nuit de garde sur trois en alternance, en plus des quarts de travail réguliers de jour, de soir et les weekends de garde une semaine sur deux.
La présidente du Syndicat des professionnels en soins infirmiers et cardiorespiratoires du Bas-Saint-Laurent - SPSICR-FIQ, Cindie Soucy, confirme que le bloc opératoire du Centre hospitalier régional du Grand-Portage fonctionne présentement à deux salles ouvertes sur trois avec 14 infirmières (temps complet et temps partiel), alors qu’il en compte habituellement 21. Selon nos informations, neuf d’entre elles seraient disponibles pour remplir certains quarts de travail. Des médecins sont également approchés pour venir remplir les tâches des infirmières au bloc opératoire. Deux infirmières qui avaient été délestées ont été ramenées au bloc opératoire du CHRGP la semaine dernière.
Mme Soucy estime que cette diminution amène une surcharge de travail et plus de périodes de garde. «On m’a informée que l’orthopédie fonctionne à pleine capacité et à cela s’ajoutent les urgences», affirme Cindie Soucy. Certaines des employées ne figurent pas à l’horaire en raison d’une invalidité, pour des congés de maternité ou encore en raison de postes non comblés. Les retraits préventifs en cas de grossesse sont accélérés.
«On va poser des questions à l’employeur pour demander son plan de match, s’il pense diminuer le nombre de salles pour conserver seulement les urgences puisque plusieurs salariées se disent à bout de souffle», complète Mme Soucy. Elle appréhende également l’été, avec les remplacements lors des vacances et les éclosions de la COVID-19 qui sévissent présentement dans le secteur ouest du Bas-Saint-Laurent.
À l’hôpital de Rimouski, trois salles d’opération sont ouvertes sur sept et 17 infirmières sont à l’horaire du bloc opératoire. Douze infirmières ont été délestées et 9 ne sont pas au travail en raison d’une invalidité ou pour d’autres motifs, selon le SPSICR-FIQ.
Le contact à l’interne au CHRGP s’inquiète du manque de ressources humaines et de l’épuisement du personnel. «C’est une situation que je trouve extrêmement dangereuse. Près de la moitié de nos infirmières ne sont pas là pour diverses raisons et dans celles qui restent, 50 % d’entre elles pensent prendre un arrêt parce qu’elles sont épuisées ou au bord du burn-out. Nous avons un problème, mais il ne vient pas de la gestionnaire locale. Elle fait de son mieux et elle n’a pas le pouvoir d’engager plus de ressources. Le goulot d’étranglement est à Rimouski et nous n’avons pas d’aide».
Si la situation perdure, selon ce professionnel de la santé au CHRGP, les services de chirurgie devront être en arrêt de services, ce qui aurait un impact sur tout le pôle ouest du Bas-Saint-Laurent. Le personnel soignant ne sait plus à quelle porte cogner pour demander de l’aide et dénonce le manque d’écoute et l’attitude qualifiée de «méprisante» de la direction générale du CISSS envers les employés du Centre hospitalier régional du Grand-Portage. La situation ne fait qu’empirer et dure maintenant depuis plus d’un an.
RÉACTION DU CISSS DU BAS-SAINT-LAURENT
De son côté, le CISSS du Bas-Saint-Laurent ne nie pas qu’il fait face à des enjeux de main-d’œuvre actuellement au bloc opératoire du Centre hospitalier régional du Grand-Portage de Rivière-du-Loup. «On est au courant de la situation. Pour la plupart, ce sont des causes imprévisibles comme des maladies à long terme, des retraits préventifs du travail en raison de la COVID-19 ou des congés de maternité. Oui, ç’a des impacts sur les activités du bloc opératoire. On fait des efforts pour maintenir les activités le plus possible», indique le porte-parole du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel.
Il ajoute que le CISSS est présentement en recherche intensive de ressources, qu’il affiche régulièrement des postes et a recours à de la main-d’œuvre indépendante. Quant aux chiffres avancés par le syndicat concernant le nombre de travailleurs disponibles, le CISSS ne souhaite pas les confirmer, affirmant qu’il s’agit d’une question de régie interne.
Le CISSS du Bas-Saint-Laurent a annoncé une découverture du service en obstétrique de l’hôpital de Matane du 12 mai à 8 h au lundi 17 mai à 8 h.
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