Début de saison estivale en demi-teinte pour les restaurateurs de la région
Alors que les activités reprennent et que les mesures sanitaires sont assouplies, l’achalandage est au rendez-vous dans les restaurants de la région du KRTB. Les propriétaires sont toutefois confrontés à un manque d’employés, ce qui en force certains à fermer leurs portes une journée ou deux par semaine pendant la haute saison.
«C’est encourageant, mais c’est essoufflant», résume Lili Michaud, propriétaire du restaurant Au Boucaneux, situé dans le secteur de la Pointe à Rivière-du-Loup. Elle ressent de l’appréhension en voyant approcher les vacances de la construction à grands pas. «Je suis chanceuse, dans la cuisine j’ai tout mon monde depuis plusieurs années, ils reviennent ici pour l'été. Mais n’essaie pas de trouver quelqu’un d’autre. Je n’ai pas eu de CV après avoir participé au salon de l’emploi et fait trois ou quatre demandes. Idéalement, ça nous prendrait une personne de plus. C’est un gros défi, mais on est capable de s’organiser». Elle ajoute que ce sont maintenant les employés qui ont le gros bout du bâton afin de négocier leurs conditions de travail ou encore lorsqu’ils demandent des congés.
Au Casse-Croûte Mini-Putt de Rivière-du-Loup, les affaires sont bonnes également. Tant le restaurant que le parcours de miniputt sont populaires auprès des familles et des touristes depuis la mi-juin. La circulation est également plus dense qu’à l’habitude sur la rue Fraser, signe que la saison touristique est bel et bien débutée. Les employés à temps plein en poste depuis des années sont au rendez-vous, mais le recrutement est plus difficile du côté des jeunes, qui sont généralement appelés à travailler les fins de semaine et les soirs. Michel-André Malenfant, propriétaire du Casse-Croûte Mini-Putt, croit que tous les restaurateurs sont dans le même bateau. Les postes sont affichés, mais selon lui, «ce n’est pas la manne».
«On est fermé les lundis pour le moment. Ça nous prendrait une personne de plus sur le plancher. Je suis pas mal ici six jours par semaine et on est obligé d’en faire plus quand il y a des débordements. Je pense que beaucoup de propriétaires sont dans cette situation […] Au moins on ne fait pas ça pour rien, les ventes sont là, comparativement au printemps et à cet hiver. C’était plus difficile pour le chiffre d’affaires et le moral des employés il y a quelques semaines.» Le miniputt s’inscrit parmi les activités extérieures estivales à Rivière-du-Loup, Michel-André Malenfant se dit très content du début de saison puisque les familles sont au rendez-vous.
De son côté, le propriétaire-franchisé de cinq restaurants McDonald’s à Saint-Jean-Port-Joli, La Pocatière, Rivière-du-Loup (2) et Témiscouata-sur-le-Lac, Pierre Dubillard, souligne que l’enjeu de la main-d’oeuvre est discuté sur la place publique depuis au moins cinq ans. «C’est la pire année pour le recrutement. C’est probablement lié à plusieurs mesures gouvernementales d'aide financière. L’exode des jeunes pour les études supérieures n’aide pas à la rétention de main-d’oeuvre dans une région comme la nôtre».
Il ajoute que le calendrier du Cégep n’est pas adapté à la réalité touristique régionale, ce qui fait que plusieurs étudiants qui occupent des emplois d’été doivent retourner sur les bancs d’école avant la fin de la saison touristique. Cette situation met en péril les activités des entreprises, selon M. Dubillard. Les restaurants McDonald’s de la région offrent toujours les services de salle à manger, de livraison et au volant, mais ils ont toutefois dû réduire leurs heures d’ouverture.
«Il y a tellement une grosse demande. Tout le monde est en grand besoin d’employés. Ils sont sollicités de partout alors on essaie d’aller en chercher dans d’autres régions. Je suis privilégié, j’ai une bonne équipe en place et notre taux de roulement est parmi les plus faibles de la compagnie.» Le propriétaire-franchisé a remarqué une hausse de l’achalandage cet été comparativement à 2020, mais aussi à 2019. «Notre région est un bijou touristique. Cet effet se reflète autant au Kamouraska, au Témiscouata qu’à Rivière-du-Loup. La fermeture des frontières avec le Nouveau-Brunswick nous a fait extrêmement mal.»
Ce qui aide le franchisé à recruter, c’est avant tout l’immigration et l’embauche de travailleurs étrangers. Pierre Dubillard plaide pour un assouplissement des règles. Pour le moment, il peut accueillir dans ses restaurants seulement 10 % de travailleurs étrangers temporaires, alors qu’il réclame que ce pourcentage soit augmenté à au moins 20 %. Les délais de traitement des dossiers ont doublé, passant de 6 à 8 mois à 12 à 18 mois. De plus, les travailleurs doublement vaccinés qui n’ont pas reçu les vaccins reconnus au Canada ne sont pas exemptés de la quarantaine obligatoire. «On veut les mêmes privilèges que ceux du milieu agricole. On ne part pas sur la même ligne de départ et je sens que mon message n’est pas entendu.»
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