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Se défaire de sa dépendance

durée 20 mars 2021 | 06h59
  • Dominique Côté
    Par Dominique Côté

    Vidéojournaliste

    «C’est quand ma conjointe m’a mis au pied du mur et qu’elle m’a dit qu’elle partait avec les enfants si je n’arrêtais pas de faire de la coke que j’ai compris que j’avais un problème de consommation. Mon nom est Jonathan, j’ai 39 ans, et je suis fier de dire que je n’ai pas consommé de cocaïne depuis septembre 2017.»

    Tout a commencé à l’âge de 18 ans. Jonathan, un Kamouraskois ayant préféré ne pas révéler son nom complet, consommait à l’occasion avec ses amis lors de soirées. «Mais la coke, plus tu en prends, plus tu en veux. J’ai commencé à en prendre en dehors des partys, en cachette», a-t-il admis.

    Au plus creux de sa dépendance, il en consommait à tous les jours, habitude pouvant lui coûter jusqu’à 100$ quotidiennement. «C’est une drogue très dispendieuse. Dans les derniers mois où je consommais, quand j’étais à mon plus bas, je travaillais sept jours semaine et je faisais 70 à 80 heures. La poudre me permettait de rester réveillé. Plus je faisais d’argent, plus je consommais. C’est une roue qui tourne et qui n’arrête pas de tourner.»

    Sa conjointe, avec qui il partage sa vie depuis 11 ans, était consciente qu’il en prenait souvent mais ne connaissait pas l’ampleur de sa dépendance. Jonathan se souvient de ces soirées où il allait se cacher dans son garage pour en prendre. «Quand t’es dépendant, t’es menteur, manipulateur, crosseur. Tu finis même par te mentir à toi-même. Ma blonde le savait très bien que j’avais consommé quand je lui disais que non», a-t-il confié.

    Jonathan savait qu’il en prenait trop, mais ne voyait pas de porte de sortie. «T’as toujours espoir que ça va se régler tout seul. Et tu te dis que le lendemain tu n’en feras plus, mais c’est plus fort que toi et tu en refais.» Heureusement, la drogue ne lui a pas fait perdre de proches, mais il soutient avoir négligé la relation avec sa conjointe, sa famille et ses parents.

    BOUÉE DE SAUVETAGE

    Si Jonathan n’a pas consommé depuis 2017, c’est grâce à l’ultimatum que lui a donné sa conjointe quelques semaines avant qu’il entre en thérapie. «Si ce n’était pas de ma blonde et de mes enfants, je ne serais jamais allé chercher de l’aide. Je ne serais jamais allé à La Montée par moi-même. Jamais.» C’est sa conjointe qui a trouvé l’endroit situé non loin de leur lieu de résidence. Pour lui, thérapie signifiait être enfermé dans une pièce, attaché à un lit.

    À son arrivée au Centre La Montée, il est pris au dépourvu. Le lieu est calme et serein, les intervenants sont accueillants et les ateliers sont divertissants, contrairement à ce qu’il s’attendait. Il maintient que les trois semaines qu’il y a passé ont changé sa vie.

    Ce séjour aura surtout permis à Jonathan de découvrir chez lui un côté qu’il n’avait pas connu auparavant. «J’ai été honnête avec mes intervenants, j’ai été un livre ouvert. Je ne savais pas du tout que j’allais être comme ça. J’ai commencé à parler avec eux de mes problèmes et ils savaient exactement comment aller chercher mes cordes sensibles, des choses qui m’avaient peut-être poussé à consommer encore plus.»

    Jonathan explique que c’est la mentalité d’une personne qui détermine si elle réussit à vaincre sa dépendance en thérapie. «Si tu décides de t’apitoyer sur ton sort, tu ne t’en sortiras pas. Si tu arrives là et tu es renfermé sur toi-même, ça ne donne rien d’y aller. Il faut que tu répondes aux questions qu’ils te posent et le reste se fera tout seul», a-t-il révélé.

    Il évoque entre autres l’atelier qui l’a le plus marqué, celui de la carte humaine. Lors de cette activité, les participants sont appelés à dessiner leur parcours de vie. «Je l’ai encore à quelque part dans ma maison ce dessin-là. Les intervenants nous accompagnaient et nous aidaient à prendre conscience de certains incidents ou des périodes qui nous auraient incité à consommer», raconte-t-il.

    Pour ce qui est de la cocaïne, il soutient ne pas avoir vécu de sevrage lors de son séjour. Sa dépendance faisait partie de sa routine, mais si son corps ne lui en demandait pas, il y pensait fréquemment.  

    Jonathan se souvient de celui qui est entré à La Montée. «Quand je suis rentré là-bas, j’étais une personne qui n’avais plus de motivation pour rien. Tout était un fardeau. Je ne faisais plus rien à la maison, pas que j’en fait plus maintenant, mais quand même», a-t-il avoué en riant, alors qu’il regardait sa conjointe à l’autre bout de la pièce. «Au moins tu es plus heureux», lui a-t-elle répondu.

    GRANDS PROJETS

    Avant La Montée, il œuvrait dans le domaine de la construction et son salaire lui permettait d’alimenter sa dépendance. «Je suis sorti de La Montée et j’étais soulagé, enchanté, je me sentais léger et j’avais l’impression de planer. Ma blonde, la première fois qu’elle m’a vu en thérapie, elle m’a dit à quel point j’avais l’air de bien aller.» Son séjour à Rivière-Ouelle lui aura permis de suivre son rêve d’être camionneur, métier qu’il occupe depuis sa sortie. Il travaille maintenant quatre jours par semaine et passe le reste de son temps en famille.

    Sa plus grande fierté, c’est de pouvoir être le père qu’il a toujours voulu être pour ses deux enfants. «J’ai beaucoup plus d’argent dans les poches aussi», a-t-il ajouté. Jonathan a fièrement souligné qu’il a construit une patinoire dans sa cour cet hiver pour les enfants. Ce dernier raconte également avoir bâti une piscine et une terrasse dans les dernières années afin d’y accueillir leurs amis et leurs proches. «J’organise plein de barbecues avec nos amis l’été depuis que je suis sorti de thérapie. J’ai enfin le goût de vivre!»  

    Certains de ses amis consomment toujours. Il admet d’ailleurs que c’est en voyant les comportements des gens qui en prennent qu’il reste motivé à ne plus en faire. «Je n’ai pas eu envie d’en reprendre depuis que je suis sorti en 2017. J’évite les situations où je pourrais avoir le goût d’en prendre. Je ne vais plus dans mon garage par exemple.»

    S’il tire une leçon de cette expérience, c’est qu’une jeunesse, on en a tous une à vivre. «On essaie des choses, on fait des erreurs, c’est normal. Mais cette jeunesse-là, elle ne peut pas durer 20 ans. Moi, c’est ça qui est arrivé, puis j’ai atteint un point où je n’étais plus capable d’arrêter.»  

    Jonathan accumule depuis 2017 ses porte-clés d’abstinence remis dans le cadre des rencontres de Narcotiques anonymes. Il encourage ceux qui doutent des thérapies comme celle au Centre La Montée à tenter leur chance.

     

    commentairesCommentaires

    1

    • MN
      Moisan Nicole
      temps Il y a 3 ans
      J ai apprécié d avoir eu le courage d aller se faire aider.
      Sa conjointe dois être fière de son mari et avoir plein d amour pour son mari.
      Bravo et merci Jonathan d avoir partagé tout se long chemin.
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