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Pénurie de places en services de garde : des parents lancent un cri du coeur

durée 19 mars 2021 | 13h30
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    La mobilisation s’organise en réaction à la pénurie de places en services de garde partout au Québec avec un mouvement de parents intitulé Ma place au travail. Cette initiative d’une citoyenne de Cacouna, Myriam Lapointe-Gagnon, regroupe déjà plus de 900 membres qui partagent leurs expériences de recherche de services de garde infructueuse. «Ce mouvement, c’est un cri du cœur. Je veux rassembler les parents afin que les choses changent», résume-t-elle.

    La situation est semblable pour beaucoup de familles : l’un des deux parents doit prendre un congé sans solde pour rester à la maison prendre soin de son enfant, faute de place. Recrutée pour travailler au CISSS du Bas-Saint-Laurent en tant que psychologue en pédiatrie en raison de la pénurie de main-d’oeuvre, Myriam Lapointe-Gagnon s’est installée il y a moins deux ans à Cacouna. Le 13 mars 2020, elle a appris qu’elle était enceinte et a constaté l’ampleur du problème.

    «Je me suis fait dire que si j’inscrivais mon enfant pour une place en CPE, je ne serais pas rappelée avant qu’il sache attacher ses souliers. Les services de garde en milieu familial, si tu ne viens pas de la région et que tu n’a pas de contacts, tu pars avec un moins. Enceinte de 12 semaines, j’ai inscrit mon enfant à la Place 0-5 ans et même si j’ai été proactive, je n’en ai pas trouvé. C’était vraiment un stress pendant ma grossesse», explique Mme Lapointe-Gagnon.

    Son stress s'est intensifié dernièrement puisqu’elle doit terminer ses études et son internat au CISSS du Bas-Saint-Laurent en respectant un certain délai pour obtenir son diplôme. Il lui est impossible de retourner au travail sans service de garde, même si son corps de métier est fortement en demande dans la région. Elle s’insurge puisqu’elle a l’impression de faire un retour dans les années 1950, alors que les femmes devaient rester au foyer pour s’occuper de leurs enfants. Dans le but de se libérer de son sentiment d’impuissance, Myriam Lapointe-Gagnon a décidé de canaliser son énergie en mettant en place un mouvement de mobilisation collectif pour regrouper tous les parents dans une situation précaire. Elle ne pouvait pas rester les bras croisés.

    «Quand un des deux parents doit prendre un congé sans solde, ça crée un stress financier pour la famille, les places qui se libèrent ne conviennent pas nécessairement avec la réalité familiale de chaque personne. Ce n’est pas mieux si les enfants sont ‘’barouettés’’ d’un milieu à un autre. Je suis bien placée pour en connaitre les effets psychologiques […] Il y a une pénurie d’éducatrices, tout est relié et c’est tout le monde qui paie. Des infirmières, des enseignantes, des préposées aux bénéficiaires, des personnes à la base du tissu social de notre société ne peuvent pas retourner au travail en raison du manque de places en services de garde», complète-t-elle.

    Lundi prochain, elle invite tous les parents à la recherche d’une place en service de garde à publier une photo d’eux sur les réseaux sociaux accompagnée du #Maplaceautravail avec leur profession, le nom et l’âge de leur enfant et depuis quand ils sont à la recherche d’un service de garde pour montrer l’ampleur de la problématique. 

    FERMETURE DE MILIEUX FAMILIAUX

    La présidente de l’Alliance des intervenantes en milieu familial du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, Kathy Gagnon, explique que depuis le mois d’octobre à Rivière-du-Loup seulement, cinq responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) ont fermé leurs portes, avec un minimum de six places chacun. Depuis mars dernier, elle en dénombre une vingtaine au KRTB.

    «Ce que j’ai le plus entendu, c’est que les filles sont tannées qu’il y ait autant de paperasse. Elles sont très déçues de l’entente collective qui a été signée et de voir à quel point elles ne sont pas reconnues pour leur travail», explique-t-elle.

    La pandémie a ajouté une pression sur les éducatrices, qui voient les règles sanitaires et les mesures changer à presque toutes les semaines. «C’est un super beau métier, je l’ai fait pendant des années avant d’être au syndicat, mais c’est mal reconnu. Le ministère de la Famille donne des places, mais il n’y a pas plus d’éducatrices disponibles […] C’est une roue qui tourne. La solution passe par de meilleures conditions de travail. Si vous réglez ça, on va en avoir de la relève !», conclut Kathy Côté. Selon elle, les contraintes de gestion et les demandes futiles, comme l’obligation d’avoir un téléphone fixe dans un milieu familial, agissent comme des freins pour les nouvelles éducatrices qui voudraient se lancer et ouvrir leur propre service. 

    Lors de grèves tournantes tenues en septembre 2020, les responsables de services éducatifs affiliées avec la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) demandaient l’équivalent d’un taux horaire de 16,75 $ de l’heure, alors qu’il se chiffrait à 12,42 $ de l’heure. L’entente de principe intervenue avec le ministère de la Famille a fait passer leur rémunération à un taux horaire de 13,14 $, en-deçà des demandes syndicales. D’après la FIPEQ-CSQ, la liste de parents en attente d'une place subventionnée compte plus de 55 000 enfants.

    Dans la MRC de Rivière-du-Loup, plus de 500 enfants se trouvent sur la liste d'attente de Place 0-5 ans. 

    » À lire aussi : 

    • Fermeture de services de garde au Témiscouata : une pétition pour demander de l'aide

    • Pénurie de places en service de garde dans la MRC de Rivière-du-Loup

    commentairesCommentaires

    1

    • DBDG
      denis blais directeur général d'un cpe-bc
      temps Il y a 3 ans
      Effectivement on a besoin rapidement de valoriser le rôle de nos RSG car en région ça nous prend absolument un réseau de rsg en santé pour se sortir de cette impasse. Les solutions sont là il faut maintenant une volonté politique pour régler. Au témiscouata nous sommes passé d'une soixantaine rsg à bientôt 36 pour une perte de près de 150 places. Retrouvons ces 150 places au témiscouata et la situation est gérée.

      Vous voulez des idées de solutions rapides et simples:

      - Rémunérer les rsg pour les places prises par leurs enfants de 0-5 ans
      - Cesser d'inclure dans les ratios des rsg les enfants de 5-9 ans qui vont à l'école.
      - Ne considérer plus les RSG comme des entreprises ce qui augmente considérablement leurs cotisations à la RRQ
      - Permettre aux municipalité le désirant d'offrir des baisses ou des congés de taxes
      - Monter les ratios à 12 pour les RSG avec une assitante et en fonction des espaces permettre d'aller jusqu'à 18 pour 3 éducatrices.
      - Permettre l'ouverture de RSG dans des locaux autres que leur propre maison dans des locaux fournis par une commission scolaire ou une municipalité dans les milieux ruraux.
      - Offrir du support pour les exigences administratives.
      - Diminuer la lourdeur administrative les RSG.
      - Augmenter les ratios des déductions admissibles pour les RSG

      Voilà
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