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Transport collectif : des délais de versements qui nuisent au développement

durée 25 janvier 2021 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    La lourdeur des demandes d’aide financière auprès du ministère des Transports, des délais de versement et un processus complexe freinent le développement de nouveaux projets de transport collectif dans la région. Ce point de vue est partagé par Transport Vas-y de Rivière-du-Loup, Transport Roulami au Témiscouata et le transport adapté et collectif des Basques et de Saint-Cyprien.

    Les retards de paiement et les difficultés à prévoir la date des versements alloués par le ministère des Transports du Québec (MTQ) sont monnaie courante, selon le président de l’Union des services de transport adapté et collectif au Québec, Marc-André Avoine. «Malheureusement, c’est récurrent comme problématique, même si ça s’est un peu amélioré au cours des dernières années. Les organismes ont besoin de payer leurs fournisseurs, l’essence, les salaires de leurs chauffeurs. Le ministère des Transports est pour nous un partenaire essentiel qui nous permet de payer une bonne partie de nos factures […] À mon avis, cette situation a freiné le développement d’ajout de services dans plusieurs régions puisque c’est difficile d’avoir une vision à long terme sans versements réguliers», ajoute M. Avoine. D’un autre côté, il comprend que le MTQ doit procéder à certaines vérifications d’usage avant d’accorder le financement.

    Des solutions, dont permettre aux organismes de pouvoir bénéficier d’une marge de manœuvre financière avec un minimum d’argent accumulé dans leur fonds de roulement, pourraient pallier à cette situation. «L’idéal, ce serait de faire plus vite», complète M. Avoine. Le volet de transport collectif comprend deux versements, le deuxième étant effectué lorsque la vérification du rapport d’exploitation de la dernière année est complétée. Les versements du transport adapté, en mars et en aout, sont plus prévisibles pour le budget des organismes.

    À titre d’exemple, l’organisme de transport collectif et adapté Roulami, qui dessert la MRC de Témiscouata, recevra en janvier 2021 le dernier versement de son financement du ministère des Transports du Québec, soit environ 62 000 $ pour son année d’activités 2019. Selon la directrice de Roulami au Témiscouata, Nathalie Dubé, la pandémie a causé des délais pour la production de son rapport d’exploitation. Une première version avait été produite à la fin de l’été 2020. De son côté, le MTQ affirme avoir reçu ce document le 25 octobre 2020. La demande de subvention de l’organisme avait quant à elle été reçue par le ministère des Transports le 5 aout 2019. Les organismes de transport collectif demeurent toutefois prudents, puisqu’ils ne veulent pas mordre la main qui les finance en majorité.

    «C’était particulier, j’étais rendue à retenir des factures entre les volets de transport collectif et de transport adapté de Roulami pour arriver [...] Je n’avais pas assez d’argent dans le compte et je voulais être certaine de pouvoir payer les fournisseurs», explique Mme Dubé. Cette dernière souligne qu’elle a reçu deux versements d’aide d’urgence du MTQ dans le cadre de la pandémie, une initiative appréciée qui ne remplace toutefois pas les subventions. Elle ajoute qu’il était difficile de rejoindre des personnes responsables de son dossier au MTQ.

    «On a été chanceux parce qu’on avait des surplus, sinon on serait sur des marges de crédit et ça pourrait aller jusqu’à compromettre nos opérations», complète Mme Dubé. Elle comprend qu’un certain montant soit retenu en attendant la réception des documents justificatifs, un processus complexe qui doit être recommencé chaque année. «Ça fait 15 ans qu’on vit la même chose, ça ne me surprend pas parce que ç’a toujours été comme ça […] Il va falloir penser, au cours de la prochaine année, que les gens vont avoir besoin de ce genre de service puisque ce n’est pas tout le monde qui a eu un bon salaire au cours des derniers mois», prévoit-elle.

    RIVIÈRE-DU-LOUP

    Transport Vas-Y de Rivière-du-Loup n’est pas épargné par ces délais de paiement. Les dernières sommes dues pour l’année 2019 ont été versées en octobre 2020. «Ce n’est pas nouveau et ça fait 11 ans que je travaille pour cet organisme. Nous n’avons pas eu besoin de mettre cela sur notre marge de crédit ni de demander un prêt. C’est courant, et ce n’est pas seulement au KRTB», explique le directeur de Transport Vas-Y, Mario Bastille.

    À titre indicatif, Transport Vas-Y attend un versement d’environ 100 000 $ pour le volet collectif de ses activités qui sera versé en 2021 par le MTQ. «Je ne suis pas inquiet, normalement la première partie entre au printemps, après avoir analysé nos états financiers […] Quand on regarde les milliards de dollars qui sont débloqués pour les transports collectifs dans les grands centres, c’est certain que ça amène des frustrations. En région, il faut toujours courir après notre 50 000$ ou 100 000 $ année après année», ajoute M. Bastille.

    L’aide d’urgence fournie par le MTQ en lien avec la COVID-19 a permis aux différents organismes de bénéficier d’un coussin en attendant la reprise en 2021. «Pour cela, je leur lève mon chapeau, ils se sont revirés de bord rapidement et nous avons eu de l’aide», complète-t-il.

    TROIS-PISTOLES

    La situation n’est pas non plus étrangère pour la directrice du transport adapté et collectif des Basques et de Saint-Cyprien, rattaché à l’Éveil des Basques, Brigitte Charron. «Chaque année, c’est toujours comme cela. Ce n’est pas évident à organiser puisqu’on est dépendant de nos budgets. On est payé quand même, mais il y a toujours des délais et ce, depuis les cinq dernières années environ [...] L’argent peut arriver n’importe quand, mais on tombe toujours sur notre marge de crédit. On paie des intérêts sur de l’argent qui nous est dû par le ministère des Transports, ce n’est pas logique. La MRC des Basques nous soutient en nous versant de l’argent mensuellement», ajoute Mme Charron. Selon elle, cette manière de procéder compromet le développement des services puisque la planification est difficile, voire impossible sans versements fixes. «Des changements ont été apportés aux demandes de financement, donc c’est plus difficile d’évaluer combien on va recevoir et c’est tellement rendu compliqué qu’on se dit qu’automatiquement, il va y avoir des retards dans les versements, se résigne-t-elle. On nous demande de réduire nos frais au maximum et de faire des bilans prévisionnels en coupant, mais on nous demande aussi de développer nos services. Ce n’est pas évident.»

    L’Éveil des Basques compte sur une flotte de trois véhicules, dont l’un est dédié au transport du CRDI à Saint-Cyprien, un autre fait la navette entre Saint-Cyprien et Trois-Pistoles pour transporter les élèves vers l’école Notre-Dame (adultes) et le troisième est basé à Trois-Pistoles, assurant les services de transport collectif et adapté. L’enveloppe globale à recevoir du MTQ pour cet organisme se chiffre à environ 80 000 $ cette année.

    «Le but premier est de briser l’isolement des gens. Beaucoup de personnes qui ont recours à nos services le font parce qu’elles n’étaient pas capables de se rendre par elles-mêmes à leurs rendez-vous médicaux, par exemple. De plus en plus de tabous tombent, le transport collectif, c’est pour tout le monde.»

    REPRÉSENTATIONS AUPRÈS DU MTQ

    Le député de Rivière-du-Loup-Témiscouata, Denis Tardif, souligne qu’il a fait des démarches en mars dernier afin d’accélérer le versement des sommes pour 2019 et le premier versement pour 2020 à la demande des trois organismes de transport collectif dans la circonscription. «Nous sommes conscients que le retard dans les versements de la part du MTQ peut entrainer des difficultés financières auprès de ces organismes, c’est pourquoi nous les invitons à entrer en contact avec notre bureau pour que nous puissions refaire des démarches actives dans ce dossier auprès du MTQ. Je crois que le transport collectif en région est tout aussi important que celui des grandes villes. C’est pourquoi nous offrons notre aide aux organismes de transport collectif pour les représenter encore une fois cette année auprès du MTQ.»

    Le porte-parole du ministère des Transports du Québec, Nicolas Vigneault a affirmé que le 10 décembre 2020, le versement final de 62 500$ a été transféré à la MRC de Témiscouata pour l’organisme Roulami. Il a également souligné que le programme d’aide au développement de transports collectifs 2019-2020 a été bonifié en mars 2020. Le montant admissible est passé de 75 000$ à 100 000$. Questionné à savoir si ces délais de paiement sont habituels pour le MTQ, il a dit ne pas avoir cette information en main. «Il faudrait analyser chacun des 73 dossiers de demande d’aide financière qui nous sont adressés.» M. Vigneault a aussi rappelé qu’il est nécessaire que le MTQ reçoive le rapport d’exploitation du service avant de transmettre l‘ensemble de l’aide réclamée.  

    DÉVELOPPEMENT DES SERVICES

    Un montant de 258 000 $ a été alloué en septembre dernier au Conseil régional de l'environnement du Bas-Saint-Laurent par le gouvernement du Québec pour «accompagner les MRC du Bas-Saint-Laurent dans le développement du transport collectif, de l'électrification des transports et de l'autopartage». Selon les informations transmises par le gouvernement du Québec, l’optimisation des trajets et des horaires du transport collectif était ciblée pour favoriser la mobilité durable.

     

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