Assurance-emploi: au nom d'Émilie Sansfaçon
La Louperivoise Marie-Hélène Dubé se bat depuis 2009 pour obtenir une modification à l'assurance-emploi. Elle mène ce combat depuis onze ans afin que les prestations d'assurance-emploi soient étendues de 15 à 50 semaines pour les congés de maladie.
La mort, cette semaine, d'Émilie Sansfaçon, mère de famille et militante de la cause, elle-même atteinte d'un cancer colorectal, a confronté les partis à Ottawa face à l'immobilisme du dossier.
Pourtant, en décembre dernier, Émilie Sansfaçon accompagnait Marie-Hélène Dubé et le chef bloquiste Yves-François Blanchet lors d’une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau. L'espoir était permis.
«Nous reconnaissons qu’il y a énormément de familles qui souffrent à cause de cela et nous allons travailler pour augmenter, comme nous l’avions promis, les prestations de maladie dans l’assurance-emploi», avait répondu le premier ministre. Rappelons qu'en campagne électorale, les Libéraux avaient promis de faire passer la couverture de 15 à 26 semaines.
Deux mois plus tard, en février cette fois, à l'initiative du Bloc québécois tous les partis d'opposition ont fait front commun afin de forcer la main au gouvernement Trudeau à rehausser à 50 semaines les prestations d'assurance-emploi. Et pourtant, toujours rien.
Combien d'autres Émilie Sansfaçon ont perdu leur combat comme le cancer ou toute autre maladie ? Combien ont perdu leur maison, leur qualité de vie ? «Les libéraux cherchent à gagner du temps sous prétexte qu'ils veulent l'inclure dans la réforme totale de l'assurance-emploi. Je n'y crois pas. Les malades n'auront rien ou si peu...», s'indigne Marie-Hélène Dubé.
Même son de cloche chez le député conservateur Bernard Généreux. «Les libéraux ont changé la loi sur le chômage pour la subvention salariale, ils auraient pu le faire à ce moment, c'est une simple question de volonté politique!»
C’est donc en ce sens, encore une fois, que vendredi tous les partis d’opposition ont fait front commun afin d’adopter unanimement une motion visant à rappeler au gouvernement son engagement à prolonger les prestations d’assurance- emploi.
Une motion déposée par le chef du Bloc, Yves-François Blanchet en l'honneur d'Émilie Sansfaçon.
ENGAGEMENT DES CONSERVATEURS
Si le Parti conservateur du Canada propose un prolongement de la loi jusqu'à 50 semaines, le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique optent plutôt pour 52 semaines. «On ne va pas s'astiner longtemps pour deux semaines de différence, lance le député de Montmagny - L'Islet - Kamouraska - Rivière-du-Loup, Bernard Généreux. Il y a un consensus et le débat est nécessaire. Même les libéraux ont voté en ce sens.»
Le député déplore que rien n'ait bougé depuis décembre 2019. «Les libéraux ont promis d'augmenter l'assurance-emploi à 26 semaines, qu'ils le fassent, ça serait déjà ça. Mais non, ça traine comme tout le reste. C'est typique, c'est comme les deux milliards d'arbres qu'ils avaient promis de planter alors qu'il n'y en a pas encore un», fulmine le politicien.
M. Généreux assure que le PCC, depuis Andrew Scheer et maintenant avec Erin O’Toole, est sensible à cet enjeu. Sous Stephen Harper, le gouvernement conservateur avait refusé de modifier la loi.
ASSURANCE-EMPLOI
Depuis 1971, une personne atteinte d'une maladie grave comme le cancer n'a droit qu'à un maximum de 15 semaines de prestations de l'assurance-emploi. La motion propose de relever cette période de 35 semaines pour la porter à un total admissible de 50 semaines. Lors des dernières élections, le Parti libéral du Canada proposait plutôt timidement d'augmenter le nombre de semaines accessibles à 26, trop peu selon l'opposition.
Rappelons que depuis 2009, le prolongement des prestations au-delà de ces 15 semaines a fait l’objet de sept différents projets de loi dont certains se sont rendus jusqu’en deuxième lecture, mais jamais plus loin.
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