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Pénurie d’enseignants : appel aux retraités pour regarnir les banques de suppléance

durée 2 octobre 2020 | 06h59
  • Andréanne Lebel
    Par Andréanne Lebel

    journaliste

    Afin de remplir les banques de suppléants à sec en ce début d’année scolaire, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a annoncé que les enseignants retraités après le 1er juillet 2015 seront rémunérés selon l’échelle salariale qui prévalait à leur départ dès le premier jour de suppléance, jusqu’à un maximum 412 $ par jour, soit le double de la rémunération maximale habituelle de 212,15$, sans pénalité sur les prestations de retraite. Cette nouvelle a de quoi réjouir les deux centres de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs et Kamouraska-Rivière-du-Loup, qui sont aux prises avec des listes de remplaçants quasi épuisées.

    Auparavant, la rémunération complète ne s'appliquait qu'après vingt jours de suppléance au sein du réseau scolaire. «Ça amène une piste de solution pour remplir les banques de suppléance. C’est certain que ça pourrait encourager des retraités à revenir dans le réseau, avec un revenu qui va presque doubler», explique Natacha Blanchet, présidente du Syndicat des enseignants du Grand-Portage (SEGP).

    Elle émet toutefois des doutes quant à l’impact que cette mesure aura chez les enseignants nouvellement retraités, ceux qui ont fait le choix de quitter le réseau de l’éducation à la fin de l’année scolaire marquée par la pandémie de la COVID-19. «Est-ce que la rémunération sera assez attractive pour qu’ils reviennent travailler dans le même contexte? Je ne sais pas», ajoute-t-elle. Mme Blanchet déplore une iniquité dans l’application de l’incitatif financier du gouvernement, qui concerne seulement les enseignants ayant pris leur retraite après le 1er juillet 2015.

    La présidente du SEGP qualifie aussi «d’inquiétant» l’état actuel des banques de suppléance. La possibilité que du personnel attrape la COVID-19 s’ajoute aux congés maladie ou de congés de maternité nécessitant qu’un enseignant s’absente temporairement.

    MAIGRES BANQUES DE REMPLAÇANTS

    En raison du manque d’enseignants sur ses listes de rappel, le Centre de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs a recours à des remplaçants non légalement qualifiés pour assurer une présence auprès des élèves lors d’absences ponctuelles.

    «Présentement, tous les postes de titulaires sont comblés. Il y a une problématique concernant la suppléance occasionnelle ou à moyen et long terme. Quand ça allait bien, on avait environ 30 à 40 noms actifs sur notre liste, qui étaient prêts et disponibles pour remplacer. Maintenant, nous en avons une dizaine pour nos 42 écoles», explique le directeur du Centre de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs, Bernard D’Amours.

    Un travail de recensement des retraités a été effectué par le Centre de services scolaire et une lettre leur a été envoyée expliquant l’incitatif financier mis en place par le ministère de l’Éducation. «Les retraités qui reviennent, c’est un plus, ils ont des connaissances sur la façon de fonctionner dans nos écoles, ça nous sécurise parce qu’on n’a pas besoin de repartir à zéro», complète M. D’Amours.

    Depuis plusieurs années, le Centre de services scolaire Kamouraska-Rivière-du-Loup fait lui aussi appel aux services des enseignants retraités afin de combler des absences ponctuelles ou prolongées. Tout le personnel nécessaire a été trouvé dans les écoles avant la rentrée scolaire. «C’est clair que nos banques de remplaçants sont plutôt vides. S’ils n’ont pas de pénalité sur leur retraite, certains vont revenir dans le réseau. Plusieurs d’entre eux ont gardé des ponts pour faire de la suppléance dans l’école où ils travaillaient. On voit d’un bon œil l’annonce du ministre de l’Éducation, ça nous permettra d’avoir un peu d’air», ajoute la porte-parole du Centre de services scolaire de Kamouraska-Rivière-du-Loup, Geneviève Soucy.

    Entre 20 et 30 personnes figurent présentement sur ses listes de rappel de ce centre de services scolaire. Parmi ces volontaires, on compte une douzaine de retraités ouverts à faire de la suppléance ou de petits contrats dans les écoles. À pareille date l’an dernier, cette banque contenait le double de suppléants. «Ils ne sont pas disponibles en tout temps, certains sont encore à l’université et peuvent seulement nous donner une journée par semaine, par exemple. Des champs d’enseignement sont plus fragiles, comme au secondaire. Au primaire, c’est moins problématique», complète Mme Soucy.

    Elle qualifie la situation de «très fragile», puisqu’il est difficile de prévoir les congés de maternité ou encore de maladie qui surviendront en cours d’année. «Pour le moment, on a tout notre monde. Au cas où on perd des gens en cours de route, tant mieux si on peut faire revenir certains retraités», conclut Geneviève Soucy.

    De son côté, la présidente du Syndicat des enseignants du Grand-Portage, Natacha Blanchet, croit qu’il est urgent d’agir afin d’améliorer les conditions de travail des enseignants, tant au primaire qu’au secondaire, afin de rendre la profession plus attractive. «On a laissé tomber les services publics depuis plusieurs années. On a réalisé qu’il y avait un grand manque dans les CHSLD et dans les hôpitaux avec la pandémie. Maintenant, on en vit aussi les soubresauts dans le milieu de l’éducation», souligne Mme Blanchet.

    Cette dernière souhaiterait que le gouvernement planche sur une refonte générale de l’éducation avec une vision à long terme, favorisant la réussite des élèves et encourageant les jeunes à choisir cette profession, plutôt que d’adopter des mesures à la pièce selon chaque situation qui se présente.

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