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La Bouffée d’Air du KRTB : gérer une crise pendant la crise

durée 21 septembre 2020 | 06h54
  • Mario Pelletier
    Par Mario Pelletier

    Journaliste

    La Bouffée d’Air du KRTB offre de l’hébergement à court terme pour toute personne en détresse qui a besoin de se retirer de son milieu. En fait, ses intervenants gèrent des crises chez des individus, des situations rendues encore plus difficiles pendant la crise humanitaire COVID-19.

    «Parfois ce n’est pas requis d’aller en psychiatrie, il est cependant nécessaire de reprendre un pouvoir sur sa vie. Nous aidons la personne à reprendre ce pouvoir sur la situation de crise qui prévaut. Il y a des gens qui arrivent ici en danger», a mentionné Hélène Chabot, directrice de la Bouffée d’Air du KRTB.

    L’organisme accueille des gens délirants, d’autres personnes très anxieuses qui arrivent en panique, certaines sont à risque suicidaire très élevé, en phase de dépression ou en situation de violence conjugale. L’établissement offre de l’hébergement de quelques jours à trois mois, avec une moyenne de trois semaines. On peut accueillir neuf personnes à la fois en temps normal, c’est six actuellement afin de respecter la distanciation physique liée à la pandémie.

    «Ces personnes viennent ici pour réfléchir sur leur situation et être accompagnées dans leur réflexion. On fait des arrimages avec le CISSS et des organismes communautaires. Quelqu’un quitte et est encore fragile, il n’est pas laissé à lui-même», a expliqué Mme Chabot. Cependant il a fallu s’ajuster avec la pandémie, ce qui a occasionné des refus d’hébergement. «Des personnes que l’on a référées à d’autres organismes ou il fallait qu’elles se débrouillent un peu plus par elles-mêmes», a-t-elle souligné.

    DES EFFETS DÉVASTATEURS

    La directrice a constaté que la pandémie a eu des effets encore plus dévastateurs chez certaines personnes. «Le message était tellement de rester chez soi que des personnes ont tardé à demander de l’aide. Des gens sont arrivés ici dans un état lamentable, ils ont beaucoup trop attendu. J’espère que s’il y a une deuxième vague de la COVID-19, les gens vont consulter», a-t-elle souligné.

    Elle a vu pendant cette période des situations exceptionnelles : «Un couple est arrivé dans la cour et ils ont poussé un vieux monsieur dans la maison et ont jeté ses médicaments dans l’entrée. On a aussi eu une famille en quarantaine qui ne pouvait pas retourner chez elle.»

    «On a été capable de fonctionner ce printemps, le centre n’a jamais complètement fermé. On demandait aux personnes que l’on accueillait si elles avaient un plan B, un autre lieu, si l’organisme devait fermer ses portes», a expliqué la directrice. La pandémie a également modifié la vie à l’intérieur de la maison. «On aimait faire des soupers communautaires. Maintenant, le repas se prend à deux ou trois à la fois», a-t-elle ajouté.

    GÉRER LE PERSONNEL

    La Bouffée d’Air du KRTB peut compter sur une équipe de 13 employés pour assurer une présence constante. Au début de la pandémie, la gestion du personnel fut plus difficile en raison d’absences pour des motifs de santé et de garderie non disponible. «Quand le centre a été considéré comme service essentiel, cela a aidé. Des personnes à temps partiel et qui étaient devenues plus disponibles nous ont aussi donné du temps. On ne peut pas s’en aller en télétravail, les gens ont besoin de nous. D’un commun accord, tout le monde voulait continuer», a mentionné Hélène Chabot qui a précisé que certains centres de crise ailleurs ont fermé leurs portes.

    À un certain moment le personnel était épuisé. «On a réussi à traverser ça, notre monde a pu prendre des vacances», a noté la directrice. Un coup de pouce est venu de trois personnes, deux nouveaux employés qui restent avec l’équipe à temps partiel et une étudiante qui s’est jointe en période estivale. «Les étudiants ne se bousculaient pas à la porte», a noté la gestionnaire. Celle-ci a également indiqué que l’organisme a dû se débrouiller sans masques fournis au début.

    La Bouffée d’Air du KRTB fait partie du Regroupement des Services d’Intervention de Crise du Québec (RESICQ), qui compte 21 centres de crise à travers la province. Ses services de première ligne sont offerts 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Pour des informations, communiquez au 418 867-8580.

    ESCOUADE 24/7

    La Bouffée d’Air du KRTB s’est associée à d’autres centres de crise du Bas-Saint-Laurent et au CISSS pour mettre en place depuis deux ans une Escouade 24/7. Trois intervenants sont de garde dans chaque secteur, le Bas-Saint-Laurent est divisé en quatre, pour effectuer des interventions d’urgence.

    Quand un centre de crise ne parvient pas à sécuriser une situation dans un endroit précis avec ses interventions habituelles, c’est à ce moment qu’il demande l’appui d’une personne formée pour se rendre et intervenir sur place. «Ce sont des travailleurs autonomes, qui ont un profil correspondant aux exigences et qui reçoivent des formations de pointe. Il peut s’agir d’un ambulancier, d’un travailleur humanitaire, des personnes qui veulent sortir pour gérer une crise», a noté  Hélène Chabot. Ces situations de crise se règlent dans la plupart des cas chez la personne, avec l’aide de membres de la famille ou de voisins. Souvent, la personne accepte de consulter volontairement. Mais dans de cas très rares, ça se termine en hospitalisation avec l’appui de policiers.

    Les membres de l’Escouade 24/7 sont également appelés à intervenir lors de situations plus difficiles pour des proches. «Cet été, on a fait beaucoup d’annonces de suicide», a noté Mme Chabot. «Ce sont des pompiers psychologiques, on éteint le feu et on apaise la crise», a conclu la directrice de la Bouffée d’Air du KRTB.

     

     

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