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Les résilients de la Ferme Lizière

durée 4 juillet 2020 | 06h58
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste

    À L’Isle-Verte, sur le chemin du Coteau des Érables, une famille se tient encore debout dans l’adversité. Amélie St-Jean et Alain Lemieux, propriétaires de la Ferme Lizière, refusent de plier l’échine devant les écueils financiers et c’est ensemble qu’ils buchent pour se construire un avenir meilleur.

    Le couple continue de se lever pour travailler, chaque matin, et de se battre avec acharnement pour enfin commencer à être rentable et vivre de sa passion. Même à bout de souffle à toujours tricoter dans l’urgence, ils se tiennent la tête haute, rayonnants et débordants de vie, prêts à affronter tous les défis. Ils foncent au nom de ce qu’ils aiment : leurs quatre jeunes garçons, leur relève tout autant mordue d'agriculture.

    Amélie et Alain s’illuminent lorsqu’ils évoquent leurs enfants, les animaux, leur étable toute récente. Au fil des ans, avec le nombre incalculable de problèmes auxquels ils ont eu à faire face, malgré les difficultés financières, l’ancienne bâtisse de 200 ans en fin de vie, des équipements usés à la corde, les sautes d’humeur de dame nature et d’autres mésaventures, rien ne les rend plus fiers que de montrer le fruit de leurs efforts : leur nouvelle ferme.

    Pour atteindre le seuil de la rentabilité, ils ont choisi de convertir la ferme à stabulation entravée vers une étable biologique. Cette transformation nécessite la construction d’un bâtiment neuf. L’agriculture biologique oblige, les vaches doivent être libres de se déplacer. Déjà endettés, la recherche de financement n’a pas été de tout repos. C’était sans compter que de nouvelles normes dans le domaine du bienêtre animal ont fait grimper le cout des travaux.

    Dans l’incapacité de payer des fournisseurs, le couple a été contraint de mettre le chantier sur pause.  Pire encore, Amélie a été aux prises avec des blessures, dont plusieurs fractures et même une dépression. Résilients, les propriétaires de la Ferme Lizière ont enfin pu installer leurs vaches dans la ferme le 17 octobre 2019.

    Malgré l’accomplissement de ce projet qui leur a donné du fil à retordre, rien n’est encore gagné pour la grande famille. Le couple a déposé son dossier le 25 juin dernier. Les financiers leur ont demandé un budget de trésorerie pour les 12 prochains mois. Il y a deux semaines, ils ont appris qu’ils seraient prolongés d’un an pour prouver leur rentabilité, mais pour se faire accorder ce sursis, ils devraient payer les intérêts en retard qui se chiffrent à 62 000 $. «Nous ne savons pas où nous allons prendre cet argent-là, la seule solution est de vendre un actif pour rembourser ce montant et, ainsi, enlever de la pression sur notre dossier. Si nous n’y arrivons pas, ça sera la fin pour nous», laisse tomber Amélie.

    LEUR HISTOIRE

    L’histoire du couple commence en 2001. Amélie et Alain se rencontrent à l’Institut de Technologie Agroalimentaire (ITA) de La Pocatière. Tous deux nés dans une ferme, leur voie est toute tracée.

    Après leurs études en 2003, les diplômés choisissent de s’établir sur l'étable laitière, ovine et acéricole de la famille d’Alain. C’est finalement en 2007 qu’ils réussissent à acheter l'entreprise qui est déjà en faillite. Les financiers approuvent la vente à cause de la bonne relève et de la solidité du couple persévérant, ambitieux et passionné. Une seule condition leur est fixée : être uniques propriétaires de la ferme. «Nous avons accepté et, à ce moment, nous nous sommes embarqués dans un dossier très complexe. À 22-23 ans nous avons plongé dans plusieurs millions d'endettements et de gestion, explique Amélie. En y repensant, nous nous sommes dit que commencer à zéro aurait été moins dur, un moins gros défi, que d’acheter de la dette. Mais, nous étions convaincus que nous allions être fiers d’avoir réussi. C’était l’ambition de vouloir reprendre l’entreprise.»

    Le défi était de taille, mais, pour le couple, il était important de continuer la lignée de la ferme. «Nous étions jeunes aussi, trop jeunes pour avoir un si gros fardeau sur les épaules. Avec le temps nous devenons plus matures, nous prenons des décisions plus éclairées. À cet âge-là, nous avions seulement envie de foncer, d’en prendre beaucoup et de relever des défis», se remémore Alain.

    Avec le recul, aujourd’hui, Amélie et Alain réalisent qu’ils auraient pu commencer ailleurs, mais ça n’aurait pas été pareil. «Le voisinage sur le rang est tellement génial. Je ne crois pas que c’est partout comme ça. Il y a une réelle entraide, collaboration et coopération entre les agriculteurs qui sont nos amis. J’ai été élevé à côté d’eux aussi», confie Alain. Le couple ne regarde pas en arrière, il ne regrette pas la voie qu’ils ont choisie, malgré les embuches.

    GOFUNDME

    Julie Dagenais et son conjoint, un couple d’amis, ont débuté une campagne de sociofinancement sur la plateforme GoFundMe pour leur venir en aide. «Ils ne l’ont jamais eu facile. Ils ont le droit d’avoir un peu de répit et de qualité de vie, implore l’amie des agriculteurs de l'Isle-Verte. Amélie et Alain nous ont raconté qu’ils pourraient perdre l'étable, juste après sa construction. Nous nous sommes dit qu’il n’en était pas question.» Pour les créateurs de la collecte de fonds, il était inconcevable que tous les efforts de leurs amis aient été faits en vain. «Ce sont de bonnes personnes pétillantes avec le cœur sur la main toujours prêtes à aider les autres sans jamais demander quelque chose en retour. Ils sont innovants, ouverts d’esprits, attachants et passionnés et méritent d’avoir la chance de continuer en recevant toute l’aide possible.»

    La page GoFundMe qui a été créée le 15 mai dernier a déjà permis d’amasser 45 234 $ sur un objectif de 100 000 $. L’argent recueilli a servi à terminer la laiterie qui a été mise en marche le 8 juin dernier. Jusqu’alors, la traite, exécutée deux fois par jour, se faisait dans l’ancienne étable. Pendant des mois, à travers la boue, la neige, la pluie et la glace, les vaches ont marché pour se faire traire. Cette technique rallongeait la traite de près de trois heures. Des fournisseurs ont aussi crédité des états de compte, et le couple a obtenu des dons matériels totalisant environ 10 000 $.

    Amélie et Alain sont extrêmement reconnaissants de toute l’aide apportée. Ainsi, sur les restes de bois de la nouvelle étable, ils fabriquent des briques sur lesquelles ils inscrivent le nom des donateurs. «Les gens n’ont pas donné dans le vide. Ils ne doivent pas avoir l’impression que, parce qu’ils donnent un montant moins gros, que ça ne compte pas, car les briques coupées sont toutes de la même grosseur. Que quelqu’un ait donné 1 000 $ou 10 $, toute l’aide est généreuse et importante. Si une personne a pris le temps de nous donner quelque chose, elle vaut la peine d’être sur notre façade, confie Amélie. À chaque brique, on construit davantage le mur.»

     

    commentairesCommentaires

    1

    • C
      claudedionne
      temps Il y a 3 ans
      demandez a notre député pour aider de qu il a offrir aux producteurs laitiers
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