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Il y a 70 ans, Cabano brûlait 

durée 9 mai 2020 | 06h52
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Le 9 mai 1950, la ville de Cabano subissait la pire catastrophe de son histoire, alors qu’un incendie d’une force sans précédent détruit une grande partie de la municipalité. Les flammes ravagent plus de 120 édifices et réduit en cendres 80 % des établissements commerciaux et industriels de la communauté. Un drame qui célèbre aujourd’hui tristement ses 70 ans. 

    Le quotidien La Presse de Montréal titrait à l’époque «Cabano ravagée par un incendie», mais la réalité était bien plus violente. Sur le terrain, la situation était catastrophique, alors que des centaines de personnes ont perdu leur toit. Une grande partie du patrimoine local est aussi partie en fumée. 

    On rapporte que l’incendie aurait été allumé par une étincelle de l’incinérateur de la scierie d’Ernest Pelletier, située en plein cœur du village. Le feu s’est déclaré vers 10 h en avant-midi dans un hangar à proximité, puis il s’est propagé à un boisé, à l’Hôtel Chesnaye et aux maisons voisines. À peine cinq heures plus tard, nourri par les forts vents, il avait détruit une centaine de bâtiments. À travers les décombres, seules les cheminées étaient toujours debout, vestiges d’une triste journée. 

    «Le feu détruit 112 résidences, 10 magasins, un bâtiment de 10 logements, 4 restaurants, 2 hôtels, une fabrique de meubles et la cour à bois de la compagnie Fraser. Au total, 1 800 personnes se retrouvent sur le pavé», écrit l’ancien journaliste Richard Saindon dans l’ouvrage «Chronique du Bas-Saint-Laurent 1535-2017». 

    Devant la force du brasier, une centaine de pompiers de huit municipalités du Québec, du Nouveau-Brunswick et du Maine sont venus se joindre aux citoyens de la petite communauté pour le combat. Des membres de l’Armée canadienne et de la Croix-Rouge, déjà au Bas-Saint-Laurent en raison de la «Nuit rouge» de Rimouski, ont aussi été déployés.  

    «Les gens se retrouvaient avec absolument rien. L’Armée et la Croix-Rouge ont installé des tentes et ils ont apporté du soutien à la population. À ce moment-là, la première chose à faire, c’était d’aider et il y a eu beaucoup d’aide de partout», raconte Jean-Martin Leclerc, un résident de Témiscouata-sur-le-Lac. 

    M. Leclerc avait trois ans et demi, le 9 mai 1950. Ses souvenirs sont donc limités, mais l’histoire lui a été rapportée plusieurs fois par ses parents, ainsi que ses frères et sœurs.  La maison familiale, qui abritait également la caisse populaire, a été l’une des premières à prendre feu. 

    «Mon père, J. Camille Leclerc, était gérant de la caisse. Quand il a réalisé le danger, il est allé conduire ses enfants, sa femme et la grand-mère à l’extérieur du village pour les protéger.

    Quand il est revenu, il a seulement réussi à sortir quelques vêtements. La maison était en feu. La caisse a elle aussi brulé», souligne-t-il, précisant que la voute de la caisse n’a pas être ouverte que quelques jours après l’incendie. 

    «Nous étions 5-6 enfants éparpillés à Edmundston, Dégelis et Cabano pour pouvoir passer cette période chez des oncles et tantes […] Mon père a ensuite agrandi un vieux chalet qu’il avait sur une terre pour que la famille puisse s’héberger toute l’été pendant que la construction de la [nouvelle] maison s’effectuait», poursuit-il. 

    SOLIDARITÉ ET RÉSILIENCE

    Il faut dire que la relocalisation des sinistrés et la reconstruction des maisons se sont amorcées rapidement. Grâce à plusieurs gestes de solidarité, dont celui de la Fabrique qui a loué certains de ses terrains pour quelques dollars par année, la plupart des familles ont pu habiter de nouvelles résidences au cours de l’automne suivant. Dans les circonstances, c’était très rapide et nécessaire à l’approche de l’hiver. 

    «Un nouveau plan cadastral a été fait pour rediviser les terrains et les gens ont été invités à se reconstruire. Les rues de la Fabrique, Saint-Laurent et Arthur ont été entièrement aménagées au moment du feu de Cabano.»

    Les habitants des communautés voisines ont été très présents. Quand la construction des maisons s’est amorcée, un grand nombre de menuisiers et d’autres travailleurs de tous les milieux sont venus prêter main-forte. «Les prêts à taux avantageux offerts par la caisse, les terrains loués pour une valeur symbolique, la solidarité… tout cela a permis aux gens de se remettre rapidement», constate Jean-Martin Leclerc. 

    Nul doute, les résidents de Cabano, au printemps 1950, ont fait preuve de beaucoup de résilience. 

     

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