Identifier les porteurs de la COVID-19 en quelques secondes : un Louperivois y travaille !
Alors que la rareté des tests permettant d’identifier les personnes atteintes de la COVID-19 est toujours d’actualité, le Louperivois Frédéric Leblond, chercheur et professeur en génie physique à Polytechnique Montréal, travaille pour mettre sur pied un test qui identifierait un porteur en seulement quelques secondes.
Le pari est gros et le temps n’est pas un luxe que peut se permettre la science. «C’est un projet à haut risque, mais en même temps, à haut potentiel», souligne le scientifique. L’outil serait portable et tiendrait même dans une valise et une vingtaine de secondes suffiraient pour identifier la présence du nouveau coronavirus dans la salive.
En 2015, le chercheur a conçu, avec une équipe de chercheurs canadiens, une sonde préopératoire afin de détecter les cellules tumorales. Parmi les technologies utilisées, la sonde fait appel à la spectrographie Raman. C’est cette même technologie qui est mise à contribution dans ses nouveaux travaux.
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La sonde de Frédéric Leblond découverte de l'année
«C’est la même méthode réadaptée à un contexte qui est compatible à la salive. Nous sommes actuellement en tests préliminaires et l’idée est d’aller chercher la signature moléculaire de la salive qui elle va nous donner des indications quant à la présence et à la quantité des différentes molécules.»
Un laser est projeté sur un échantillon de salive et c’est le spectre obtenu (composé de pics et de vallées) qui permet d’établir la signature. Une fois cette signature moléculaire établie, l’hypothèse de M. Leblond et de ses collègues est que la présence du virus SARS-CoV-2 aura un impact sur les courbes. Différentes études ont démontré que des changements dans l’organisme, comme les changements dans le métabolisme qui découlent de la présence d’un virus, ont un impact sur la salive. Cette technique pourrait permettre de les détecter.
«Ça va donner une signature assez complexe et nous allons tenter de la comprendre au niveau biochimique. Ultimement, on veut que ce soit un algorithme, une intelligence artificielle que nous allons développer et qui va reconnaitre un patient infecté versus non infecté», explique Frédéric Leblond.
Évidemment, si les attentes sont grandes, le développement et la production de cette technologie s’expriment en mois et non en jours. L’équipe de chercheurs vise un horizon de six mois pour une preuve de concept détaillé. «Idéalement, la distribution devrait se faire à temps pour une deuxième vague, une troisième, mais aussi dans le futur pour aider dans des crises infectieuses à venir.»
Actuellement, l’équipe évalue deux avenues pour cette technologie. L’une d’elles pourrait prendre la forme d’une sonde avec laquelle l’opérateur regardera un échantillon de salive. Mais avant d’en arriver là, prévient le professeur Leblond, des études devront être menées sur un grand nombre de patients.
«La participation de volontaires infectés ou pas va nous permettre de concevoir notre algorithme. Toutefois, cette étape pourrait se réaliser rapidement avec la participation des cliniques de dépistage.»
L’équipe du professeur Leblond a donc acquis des virus désactivés. «On va donc tester la signature des virus, on va aussi prendre des mesures de salive chez une centaine de patients qui ne sont pas infectés. Qu’est-ce qui varie dans ces échantillons de salive, car il y a des facteurs confondants qui pourraient mêler notre algorithme, comme la prise de café juste avant le test. Il faudra ensuite développer un protocole qui permettra d’éliminer ces facteurs-là.»
Si le succès s'avère au rendez-vous une étude de phase II débutera au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Cette fois des échantillons provenant de patients testés positifs ou non à la COVID-19 seront utilisés.
Malgré que le projet n’ait que trois semaines, il faut comprendre qu’il bénéficie de la somme de recherches précédentes, notamment dans la spectroscopie Raman. Le projet s’en trouve d’autant accéléré.
Frédéric Leblond dirige une équipe composée de 14 personnes (l’excluant) et qui inclue sa co-investigatrice, la Dre Dominique Trudel, pathologiste au CHUM et chercheuse au CRCHUM.
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